L’efficacité. Nous aimerions tous en faire preuve dans notre quotidien au travail. Ne serait-ce que parce que travailler nous paraîtrait dès lors beaucoup plus simple ; nous enregistrerions même de bons résultats sans avoir la sensation de forcer notre talent. Mais voilà, nous nous demandons bien quelle est la recette secrète de l’efficacité (si jamais il en existe une). Et du coup, il nous arrive malheureusement d’arrêter d’en rêver.
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La bonne nouvelle du jour, c’est que j’ai mis la main sur une étude qui permet d’y voir nettement plus clair à ce sujet. Mieux, d’enregistrer des progrès spectaculaires en matière d’efficacité au travail. Si, si, vous pouvez me croire.
Cette étude est intitulée The collective benefits of feeling good and letting go : Positive emotion and (dis)inhibition interact to predict coperative behavior. Elle est signée par : David Rand, professeur de psychologie, d’économie et de management à l’Université Yale à New Haven (Etats-Unis), assisté de son étudiant Gordon Kraft-Todd ; et June Gruber, professeure de psychologie à l’Université du Colorado à Boulder (Etats-Unis). Voici ce qu’elle a permis de mettre au jour…
Les trois chercheurs ont procédé à deux expériences visant à analyser le comportement des quelque 4500 participants au moment de jouer à un jeu de coopération. Le principe du jeu était simple : on attribuait la même somme d’argent à chaque participant ; on formait des groupes de quatre participants ; et on demandait à chacun de prendre une décision : soit garder son argent, soit le mettre – en tout ou en partie – dans le pot commun, sachant que le montant du pot commun serait multiplié par deux, puis équitablement réparti entre les quatre joueurs (qu’ils aient contribué au pot commun, ou pas).
Bien entendu, le but de chacun était de ressortir du jeu le plus riche possible. Restait à savoir quelle était la meilleure stratégie pour ça : fallait-il se montrer égoïste, en ne contribuant pas au pot commun et en espérant que les autres le fasse largement ? Ou fallait-il plutôt se montrer collaboratif, en contribuant généreusement au pot commun, dans l’espoir que tous les autres agissent de la même façon ? Ou bien, trouver un entre-deux ?
En vérité, l’important n’était pas là. Les expérimentateurs s’intéressaient à tout autre chose que la stratégie adoptée par chacun des participants. Ils avaient en effet demandé à chacun de rédiger par écrit ce qu’ils pensaient de leur propre attitude ainsi que de celle des autres. Dans le cas de la première expérience, cela leur a été demandé après la partie jouée ; et dans la seconde, au moment-même de prendre leur décision. Pourquoi ça ? Je vais vous l’expliquer…
Quand il leur a été demandé de donner ces explications après la partie, cela visait juste à savoir s’ils étaient globalement positifs ou négatifs. L’intérêt de ça, c’était que les trois chercheurs seraient dès lors en mesure de voir si le fait de ressentir des émotions positives (ou négatives) avait, ou pas, une influence sur l’envie de faire preuve de collaboration.
Et quand cette demande leur a été faite au moment-même de prendre leur décision, le but de l’opération consistait à voir si le fait d’avoir l’esprit occupé par quelque chose au moment de faire un choix avait, ou pas, une incidence sur l’envie de se montrer collaboratif.
Résultats ? Les voici :
➢ Plus on ressent d’émotions positives, plus on a tendance à se montrer collaboratif. C’est-à-dire que plus on est optimiste, plus il nous semble naturel de collaborer avec les autres. (Logique, me direz-vous, et vous aurez raison ; cela étant, s’il vous fallait avoir une preuve scientifique pour vous en assurer, vous l’avez désormais.)
➢ Plus on ressent d’émotions négatives, moins on a tendance à se montrer collaboratif. C’est là le corollaire du premier résultat.
➢ Plus on a l’esprit occupé par quelque chose, moins on a tendance à se montrer collaboratif. C’est-à-dire que si notre cerveau se doit d’effectuer une réflexion poussée au moment de trancher, il nous pousse à nous montrer moins collaboratif qu’en temps normal. Pourquoi ? «Réfléchir sape notre envie de collaborer vraisemblablement en raison du fait que cela nous amène à prendre une distance mentale avec autrui, et donc à ressentir moins d’empathie pour lui», indiquent Mme Gruber et MM. Rand et Kraft-Todd dans leur étude.
➢ Le plus haut niveau de collaboration est atteint lorsque nous avons l’esprit libre et ressentons en même temps des émotions positives. C’est-à-dire que l’idéal pour que nous nous montrions collaboratif est que nous nous sentions léger et heureux. Pourquoi, une fois de plus ? Tout bonnement parce que ces deux mécanismes – d’une part, l’optimisme, d’autre part, le lâcher-prise – facilitent grandement l’ouverture que nous pouvons avoir pour autrui, d’après les trois chercheurs : lorsque nous sommes optimistes, nous faisons confiance aux autres ; et lorsque nous avons l’esprit léger, nous sommes moins centrés sur nous-mêmes.
Que retenir de tout cela ? Ceci, à mon avis :
> Qui entend redoubler d’efficacité au travail se doit non seulement de se montrer plus optimiste qu’à l’habitude, mais aussi de lâcher-prise plus souvent. C’est-à-dire qu’il lui faut faire l’effort de regarder le côté positif inhérent à tout événement qui peut survenir dans son quotidien au bureau. Et qu’il lui faut en même temps apprendre à moins calculer au moment de prendre une décision importante, et donc à davantage se reposer sur son instinct, puisque ce dernier nous amène naturellement à œuvrer en équipe. (À noter que cela peut paraître de véritables efforts lorsqu’on n’y est pas habitué, mais que cela devient, à force, une seconde nature, pour qui que ce soit, je tiens à le souligner.) Pourquoi agir sur ces deux leviers-là ? Parce que – faut-il le rappeler ? – qui dit véritable collaboration, dit nécessairement efficacité individuelle accrue.
En passant, l’écrivain français Léon Daudet a dit dans ses Souvenirs : «Autant l’optimisme béat, c’est-à-dire inactif, est une sottise, autant l’optimisme, compagnon de l’effort, est légitime».
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