Êtes-vous comme moi, qui n'ai jamais le temps de faire tout ce que j'aimerais faire? Oui, je n'en doute pas une seconde. Pis encore, faites-vous partie de ceux qui n'ont jamais le temps de faire tout ce qu'ils devraient faire? Ça se peut bien : un récent sondage a mis en évidence le fait que 1 Américain sur 2 reconnaissait être littéralement débordé par ses tâches professionnelles. Vous avez bien lu : 1 sur 2.
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter
Et mon livre : Le Cheval et l'Âne au bureau
D'où l'urgence de reprendre le contrôle du temps, de ne plus le laisser filer entre nos doigts comme autant de grains de sable insaisissables. Et d'où ma jubilation à la découverte d'une étude intitulée Pressed for time? Goal conflict shapes how time is perceived, spent, and valued. Une étude passionnante signée par deux professeures de marketing – Jordan Etkin, de l'École de commerce Fuqua à Durham (États-Unis), et Jennifer Aaker, de Stanford (États-Unis) –, assistées de l'étudiant en marketing Ioannis Evangelidis, de l'École de management de Rotterdam (Pays-Bas).
Les trois chercheurs ont effectué cinq expériences visant à voir comment nous réagissons lorsque nous avons deux objectifs à mener de front, et en particulier comment nous percevons dès lors le temps dont on dispose pour les atteindre tous deux. Je vais vous décrire la première de ces expériences, cela vous permettra de bien saisir l'objet de l'étude…
Il a été demandé à 123 volontaires de réfléchir à ce qu'ils avaient à faire d'important ces temps-ci et d'indiquer leurs deux objectifs prioritaires. Cela étant, les instructions n'étaient pas exactement les mêmes pour tous :
– Temps. Certains devaient indiquer deux objectifs prioritaires qui étaient en conflit l'un avec l'autre par manque de temps.
– Argent. D'autres devaient indiquer deux objectifs prioritaires qui étaient en conflit l'un avec l'autre pour une question d'argent.
– Conflit quelconque. D'autres devaient indiquer deux objectifs prioritaires qui étaient en conflit l'un avec l'autre, peu importe la raison de celui-ci.
– Absence de conflit. Les derniers, enfin, devaient indiquer deux objectifs prioritaires. C'était tout.
Puis, les participants devaient évaluer la pression du temps qu'ils ressentaient, ces temps-ci, en général. Se sentaient-ils toujours à la course? Trouvaient-ils qu'il leur fallait toujours aller d'un bon train, sans pour autant ressentir d'essoufflement? Ou encore, s'estimaient-ils totalement relax? Et pour finir, ils devaient indiquer l'intensité du conflit entre leurs deux objectifs prioritaires.
Résultat? Le voici :
> Qui dit objectifs conflictuels dit pression du temps. Plus on pense que nos deux objectifs prioritaires sont conflictuels, plus on ressent la pression du temps. Et ce, même si l'objet du conflit ne concerne pas le temps lui-même.
Par conséquent, à partir du moment où l'on considère qu'il nous faut mener de front deux tâches importantes et qu'il y a une embûche – majeure à nos yeux – sur notre chemin (manque de ressources, manque de temps, etc.), on se sent aussitôt écrasé par le temps. On se dit qu'on n'y arrivera jamais, à moins d'appuyer d'un coup brutal sur l'accélérateur… alors même que cela n'arrangera rien du tout! Un exemple : ce n'est pas parce qu'on manque de ressources qu'il nous faut réagir en accélérant notre rythme de travail; et pourtant, c'est ce que chacun de nous a tendance à faire.
Les quatre autres expériences ont permis aux trois chercheurs d'aller plus loin dans leur découverte :
> Stress & anxiété. Lorsque nous poursuivons deux objectifs conflictuels, nous ressentons du stress, voire de l'anxiété. Et plus le conflit est intense, plus le stress et l'anxiété qui l'accompagnent sont vifs. Par suite, ce stress et cette anxiété nous font voir le temps qui passe comme une souffrance. Une grande souffrance. Ainsi, la courroie de transmission entre les objectifs conflictuels et la pression du temps est double : stress & anxiété.
Fascinant, n'est-ce pas? Et ce n'est pas tout. Les trois chercheurs ont tenté de voir s'il y avait moyen de jouer sur la courroie de transmission pour atténuer la pression du temps. Eh bien, vous savez quoi? Ils ont trouvé. Oui, ils ont trouvé deux trucs pratiques :
1. Prenez une grande respiration. Quand nous sommes stressés, voire carrément anxieux, il convient de se mettre à respirer lentement et profondément. Pourquoi? Parce qu'en ralentissant exprès nous aidons notre corps et notre esprit à relativiser l'importance du temps qui passe. Et parce qu'en prenant le temps de nous arrêter un instant nous ne percevons plus le temps comme une rareté qui file sous nos yeux à toute vitesse, mais plutôt comme quelque chose de durable et même d'éternel.
2. Positivez. Quand nous sommes stressés, voire carrément anxieux, nous ne voyons que le mauvais côté des choses. D'où l'utilité de porter notre attention non pas sur le noir, mais sur le blanc. C'est-à-dire sur le côté positif des buts que nous tentons d'atteindre. Prenons un exemple concret…
Votre banque est disposée à vous accorder un prêt, mais du coup vous ne savez pas s'il vaut mieux acheter une voiture neuve ou bien rénover votre condo. Cela vous stresse, au point de souvent vous réveiller en pleine nuit. Et vous n'avez plus qu'une idée en tête : «Vite, il faut que je me décide vite», même si, quelque part dans votre inconscient, une petite voix judicieuse vous susurre sans cesse, sans se faire entendre, «Mais pourquoi donc te précipiter? Ça risquerait de te faire faire le mauvais choix…». Le truc pour s'en sortir? Il vous suffit de positiver, de considérer ce que chaque choix vous apporterait de positif, de vous réjouir du simple fait que votre banque soit disposée à vous accorder un tel prêt en cette période de crise économique planétaire, bref de relever que la vie vous sourit, et donc que vous êtes sacrément chanceux! Rien que ces pensées vous permettront d'y voir plus clair, de moins sentir la pression du temps, et par suite de faire le bon choix.
Voilà. C'est aussi bête que ça. Vous vous plaignez des tâches innombrables qui vous pourrissent la vie au travail? Eh bien, apprenez à respirer amplement ainsi qu'à positiver, et vous verrez le temps s'évaporer de lui-même. D'un coup. Comme par magie.
En passant, Miguel de Cervantès a dit dans Don Quichotte : «Il faut donner du temps au temps».
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter
Et mon livre : Le Cheval et l'Âne au bureau