L'optimisme. Ce mot ne laisse jamais indifférent : certains y voient un synonyme de naïveté et de crédulité; d'autres, d'espoir et de bravoure. Et on se dit, sans trop réfléchir, que chacun a un peu raison de voir les choses ainsi. Pas vrai?
Eh bien, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer, si telle est votre croyance! Une très grande nouvelle. C'est que ceux qui croient que l'optimisme revient à agir en gentil benêt se trompent lourdement. L'optimisme n'a rien à voir avec ça. Rien du tout.
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L'optimisme, c'est notre planche de salut à tous. C'est ce qui nous permet de surmonter n'importe quelle difficulté, y compris - je le souligne - celles qui nous paraissent a priori insurmontables. C'est la vitalité qui palpite en nous, à chaque instant, à chaque seconde qui s'écoule. Oui, l'optimisme, c'est la possibilité d'une vie, et donc, la source-même du succès, en particulier dans ce qu'on entreprend au travail.
Ça, je l'ai saisi à la lecture d'un livre formidable, Un autre monde est possible (Flammarion, 2015), de Yanis Varoufakis. Yanis Varoufakis? Oui, ce nom vous dit quelque chose, et c'est normal parce qu'il a fait les manchettes l'an dernier en tant que ministre des Finances du gouvernement d'Alexis Tsiparis, de janvier à juillet 2015. C'est bien lui qui a osé défier les créanciers de la dette grecque, en les menaçant d'un Grexit, à savoir d'une sortie de la Grèce de la zone euro. Vous vous souvenez, maintenant?
Voici, pour vous, le passage de ce livre qui m'a fait voir l'optimisme sous un tout nouveau jour...
Le cerf, les lièvres et la force de l'optimisme
«Je vais maintenant raconter une histoire que le philosophe français Jean-Jacques Rousseau a écrite il y a trois siècles.
«Imaginez-vous un groupe de chasseurs dans la jungle amazonienne ou en Afrique. Équipés simplement de filets, d'arcs et de flèches, ils traquent un grand cerf qu'ils espèrent rapporter à leur campement pour nourrir leur famille. Ils le repèrent dans une clairière et décident de le cerner, tout doucement, pour ne pas l'effrayer. Leur tactique est de former un cercle autour de lui, de le capturer avec leurs filets et de le tuer, ainsi piégé, avec leurs flèches - qui ne suffiraient pas à abattre de loin un animal aussi fier et puissant.
«Le problème est que la manoeuvre leur prendra toute la journée et que, s'ils n'arrivent pas à abattre le cerf avant la tombée de la nuit, ils auront faim, eux et leur famille. Ils savent aussi qu'ils échoueront si l'un d'entre eux n'est pas à la hauteur - s'il est distrait et laisse le cerf s'échapper par son côté du cercle -, qu'un maillon faible dans la chaîne suffira à anéantir le travail du groupe et à le condamner au jeûne jusqu'au lendemain.
«Par ailleurs, il y a beaucoup de lièvres dans les environs, qui courent de-ci de-là. Les lièvres, les chasseurs peuvent les tuer avec leurs flèches sans trop de difficulté. mais il suffit qu'un seul chasseur quitte son poste et se mette à chasser le lièvre pour que la manoeuvre d'encerclement du cerf échoue. Et dans ce cas, personne dans le groupe ne mangera à sa faim parce qu'un lièvre, c'est trop peu pour nourrir tout le monde.
«Voilà donc le dilemme des chasseurs : ils voudraient bien prendre le cerf tous ensemble et faire un bon dîner accompagné de chansons et de rires, avant de s'endormir heureux et rassasiés ; ils se concentreront sur sur la chasse au cerf s'ils sont sûrs que personne dans le groupe ne leur fera défaut.
«En revanche, s'ils craignent que certains d'entre eux ne gardent pas fidèlement leur poste, ils se laisseront gagner par le pessimisme (concernant leurs chances de prendre le cerf) et finiront par chasser des lièvres, chacun pour son compte - uniquement pour ne pas rentrer bredouilles au campement. Mais le groupe n'aura dès lors aucune chance d'attraper le cerf, qui aurait pourtant mis tout le monde à l'abri de la faim.
«Ce qu'il est important de retenir ici, c'est que :
> Tous les chasseurs préfèrent participer à la chasse au cerf, plutôt que de chasser des lièvres, chacun de son côté;
> Tous les chasseurs se concentreront sur le cerf s'ils sont sûrs que les autres en feront autant (autrement dit, aucun d'eux ne s'occupera des lièvres s'il est certain que le groupe est soudé et déterminé à chasser le cerf);
> La manoeuvre ne réussira en fin de compte que si les chasseurs sont optimistes, confiants dans leur succès!
«Ce dernier point illustre la force de l'optimisme, autant que celle, diabolique, du pessimisme. Si les chasseurs sont optimistes et sûrs de pouvoir attraper le cerf, ils n'imagineront pas que les autres puissent lâcher le cerf pour chasser des lièvres ; et aucun d'entre eux ne le fera en effet, de sorte qu'ils réussiront à prendre le cerf.
«Mais le pessimisme peut instiller dans l'esprit des chasseurs l'idée que les autres ne sont pas forcément aussi confiants, que certains d'entre eux pensent même impossible d'attraper le cerf et risquent de se rabattre sur la chasse au lièvre pour ne pas rester totalement à jeun. Alors la manoeuvre d'encerclement échouera, et le cerf... s'échappera.
«Voilà la signification de l'allégorie de Rousseau : la réussite de nos efforts collectifs dépend souvent du degré d'optimisme du groupe, de la société. Lorsqu'on croit au résultat, on fait ce qu'il faut pour l'obtenir. Et on l'obtient.
«Inversement, lorsqu'on pense que le résultat est difficile à atteindre, on ne fait pas vraiment ce qu'il faut, et les prévisions pessimistes se confirment.»
Quelle leçon, n'est-ce pas? Vous comprenez mieux, à présent, la toute puissance de l'optimisme? C'est bel et bien lui le socle du succès, mieux encore, son essence. Sans optimisme, pas de réussite possible, pas même de vie possible. Ni plus ni moins.
Que retenir de tout ça? Ceci, tout simplement :
> Qui entend surmonter ses doutes et autres appréhensions au travail se doit de songer à l'allégorie du cerf, des lièvres et des chasseurs de Rousseau. Il lui faut se remémorer l'histoire narrée par Yanis Varoufakis, puis retrouver le sourire, en notant qu'insuffler un tant soit peu de vitalité à l'écosystème dans lequel il évolue peut suffire à mener à un succès collectif. Bref, il lui suffit d'arrêter d'être obnubilé par les difficultés rencontrés pour considérer plutôt le défi à surmonter comme une occasion en or d'éprouver les forces de son équipe; et le tour sera joué (ou presque)!
En passant, le philosophe français André Comte-Sponville a dit dans Le Goût de vivre : «Pessimisme et optimisme ne sont que deux pôles, comme dans un champs magnétique, entre lesquels chacun fluctue au gré de son tempérament ou de sa chance, mais qui ne sont vraiment utiles qu’ensemble, ce qui suppose qu’on ne reste prisonnier d’aucun des deux».
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