Vous avez trébuché. Sur un écueil que vous n'aviez pas aperçu : le coup bas d'un concurrent, le désaveu de votre boss, ou tout bonnement le sort qui vous a joué un mauvais tour. Et en conséquence, vous avez vacillé, puis chuté.
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La question est désormais de savoir comment vous allez vous relever de ce coup dur. Vous faudra-t-il désormais assumer moins de responsabilités? Changer d'équipe? Voire carrément d'entreprise? Bref, allez-vous être dès lors aspiré dans une spirale infernale?
La bonne nouvelle du jour, c'est qu'il y a moyen de se relever d'un échec professionnel, c'est-à-dire de regagner sa dignité et de renouer avec la performance. Ce moyen, je l'ai déniché dans une étude passionnante, intitulée Falling from great (and not-so-great) heights: How initial status position influences performance after status loss. Celle-ci est signée par deux professeurs de comportement organisationnel : Jennifer Carson Marr, de Georgia Tech (États-Unis); et Stefan Thau, de l'Insead (France). Elle indique en effet deux astuces pour y faire face avec brio…
Les deux chercheurs ont commencé par regarder des données particulières de la Ligue majeure de baseball, à savoir celles liées à l'arbitrage salarial. De quoi s'agit-il? C'est très simple, il arrive des moments où un joueur professionnel de baseball estime qu'il vaut plus que ce qu'il est payé par son club, et exige donc une augmentation de salaire. Si les dirigeants du club trouvent son exigence démesurée, alors le dossier est remis entre les mains d'un arbitre.
Que se passe-t-il alors? Après analyse, l'arbitre tranche. Il doit donner raison soit au joueur, soit aux dirigeants du club. Il ne peut en aucun cas proposer une solution intermédiaire. Du coup, tout arbitrage salarial se conclut au baseball par un gagnant et un perdant.
Les deux chercheurs ont scruté à la loupe 186 cas d'arbitrage survenus entre 1974 et 2011, des cas qui ont été à chaque fois défavorables au joueur. Leur objectif? Découvrir si la performance des ces joueurs-là en avaient accusé le coup, la saison suivante.
Résultat? Le voici :
> Quand l'ego est égratigné, la performance l'est aussi. Le simple fait de ne pas avoir décroché l'augmentation salariale demandée – et donc de ne pas être considéré à la hauteur de ce qu'on estime valoir – nuit directement à la performance du joueur de baseball. Du moins, pour les joueurs perçus comme des stars. Car cela ne se vérifie pas vraiment pour les joueurs certes de haut-niveau, mais qui ne bénéficient pas du statut de star.
Histoire d'avoir des éclaircissements quant à cette trouvaille, les deux chercheurs ont procédé à deux expériences en laboratoire. En résumé, voici de quoi il s'agissait :
> Leaders & subalternes. Les participants ont été répartis aléatoirement en deux catégories : d'un côté, les leaders, de l'autre, les subalternes.
> Deux comédiens. Des équipes de quatre personnes ont été formées, composées à chaque fois d'un leader, d'un subalterne ainsi que de deux "faux" participants. Ces derniers étaient, en réalité, des comédiens dont les interventions visaient à conditionner à leur insu les participants à agir vraiment en leader ou en subalterne.
> Un feedback truqué. Chaque équipe a dû accomplir certaines tâches, lesquelles ont ensuite fait l'objet d'un feedback individuel de la part des organisateurs de l'expérience. En fait, le feedback était truqué : les deux vrais participants ont été descendus en flèche, afin de leur saper le moral. En gros, si l'équipe avait échoué, c'était surtout de leur faute, leur avait-il été martelé.
> Un test de performance. Chaque participant a dû, par la suite, effectuer tout seul un test visant à évaluer sa performance.
Résultat? Ceci :
> Les leaders plus atteints que les subalternes. Ceux qui avaient été placés dans la peau d'un leader ont commis davantage d'erreurs que les autres, lors du tout dernier test de performance. Et ce, alors qu'il n'y avait aucune raison particulière pour que cela survienne, si ce n'était que leur ego avait été plus meurtri que celui des autres.
«C'est donc avant tout une question d'estime de soi. Plus l'estime de soi est élevée, plus l'échec est cuisant, et plus la chute de la performance est rude», disent les deux chercheurs dans leur étude.
Alors? Faut-il se résoudre à vivre très mal un revers professionnel, si l'on occupe un poste important? Et mal, si l'on est – par chance – un simple employé? Non, bien sûr. Mme Marr et M. Thau suggèrent plutôt de recourir à deux astuces :
> Se remonter soi-même le moral. Quand notre ego est écorché, notre moral tombe à zéro. Il convient par conséquent de se remonter soi-même le moral. Comment? Par exemple, en se remémorant des bons coups passés, ce qui nous gonflera aussitôt à bloc et nous permettra de briller dans l'immédiat. Ou encore, en nous consacrant davantage, dans les temps à venir, à notre passion extra-professionnelle; car cela nous permettra de redorer notre blason à nos yeux, de regagner en confiance, et, par la suite, de trouver le courage nécessaire pour nous réinvestir dans notre travail.
> Briller aux yeux d'autrui. Nous pouvons aussi retrouver notre estime de nous-mêmes grâce aux autres. Nous pouvons, par exemple, chercher à briller aux yeux d'autrui, en accomplissant quelque chose d'admirable que l'on sait faire à merveille (aider bénévolement une autre équipe sur un dossier précis, etc.). Du coup, nous regagnerons en confiance, et retrouverons le cran de nous réinvestir dans notre travail.
Voilà. C'est aussi simple que ça. Il suffit d'amadouer son ego, avant de le panser et de l'aider à guérir. Comme une petite bête sauvage blessée.
En passant, la première dame américaine Eleanor Roosevelt disait : «Personne ne peut vous diminuer sans que vous y consentiez».
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