Vous venez de décrocher le job de vos rêves, et allez intégrer par le fait même une toute nouvelle équipe. Ou bien, vous voyez arriver au sein de votre équipe une ou plusieurs nouvelles recrues dont vous ne savez pas grand chose. Ou encore, votre équipe se doit de fusionner temporairement avec une autre, afin de mener à bien un projet d’importance. Autrement dit, il va vous falloir nouer de nouveaux liens avec une ou plusieurs personnes qui vous sont étrangères.
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Bien entendu, vous vous dîtes que c’est là une occasion en or de rencontrer des gens extraordinaires, des gens qui – qui sait – pourraient devenir des amis. Oui, des collègues sur qui vous pourrez compter à l’avenir. En toute confiance. Et en toute réciprocité.
Mais voilà, comment vous y prendre pour arriver à en faire de tels amis ? Eh bien, la bonne nouvelle du jour, c’est que c’est beaucoup plus simple que vous ne l’imaginez. Si, si… C’est ce que j’ai compris à la lecture d’une étude intitulée Playing with strangers : Which shared traits attract us most to new people ? Celle-ci est signée par Robin Dunbar, professeur de psychologie à l’Université d’Oxford (Grande-Bretagne), assisté de son étudiant Jacques Launay, et met en évidence le fait qu’il existe des astuces ultrasimples pour y parvenir.
Les deux chercheurs se sont penché sur les réactions que nous avons lorsque nous croisons des inconnus, et en particulier sur ce qui faisait que, parfois, ils deviennent des amis en un clin d’œil et que, la plupart du temps, ils demeurent des étrangers à nos yeux. Pour s’en faire une idée, ils ont procédé à deux expériences complémentaires : il a été demandé à un total de 489 volontaires d’entrer en contact en ligne avec des inconnus et d’indiquer, par la suite, s’ils se sentaient prêts à nouer des liens d’amitié avec eux, ou pas. À noter que tous les participants n’ont pas été logés à la même enseigne :
> 9 sur 14. Certains ont été mis en contact avec des personnes avec lesquelles ils partageaient, sans le savoir, 9 points commun sur les 14 considérés par les deux chercheurs ;
> 5 sur 14. D’autres, avec des personnes avec lesquelles ils partageaient, sans le savoir, 5 points en commun ;
> 0 sur 14. D’autres, avec des personnes avec lesquelles ils ne partageaient, sans le savoir, aucun point en commun.
De quels points en commun était-il question ? Il y en avait de deux sortes :
> Des points en commun innés. Comme l’âge, le sexe, l’origine ethnique et le lieu de naissance.
> Des points en commun acquis. Comme le niveau d’éducation, la profession, les loisirs et les goûts musicaux.
Bon. Qu’est-ce que ces expériences ont donné ? Des résultats assez surprenants, comme vous allez le voir :
> La quantité, certes. Plus les deux personnes ont de points communs, plus il y a de chances qu’elles aient envie de nouer des liens d’amitié. Ce qui, on s’entend, ne surprendra personne.
> Mais surtout, la qualité. Il existe, en vérité, trois points communs fondamentaux, en ce sens que si vous partagez au moins l’un d’eux avec l’autre personne, il y a toutes les chances que vous ayez tous les deux envie de devenir des amis. Lesquels ? Les voici, par ordre d’importance :
– Les goûts musicaux. Si vous capotez pour le même style musical, ou mieux, pour le même groupe ou la même star, vous vous sentirez aussitôt à l’aise avec l’autre. Très à l’aise, même. Au point d’avoir vraiment envie de vous rapprocher d’elle.
Pourquoi ? «Des études ont déjà montré que lorsqu’on partage les mêmes goûts musicaux avec autrui, on partage, par la même occasion, une même identité sociale. Ce qui nous indique inconsciemment que nous avons plusieurs traits de personnalité en commun, voire plusieurs expériences de vie similaires. Et tout cela nous incite naturellement à cultiver la relation entamée avec cette personne-là», indiquent les deux chercheurs de l’Université d’Oxford.
– La couleur politique. Si vous avez globalement les mêmes idées politiques que la personne rencontrée, vous vous sentirez proche d’elle. Spontanément. Car vous sentirez que vous êtes sur la même longueur d’ondes qu’elle sur nombre de sujets importants à vos yeux.
– L’éthique. Si vous partagez les mêmes valeurs dans la vie que la personne rencontrée, il y a de fortes chances qu’elle vous semble d’emblée sympathique. Et réciproquement. «Avoir une éthique semblable à celle d’autrui nous met en confiance en sa présence. Ce qui est déterminant lorsqu’on rencontre une personne pour la première fois. Tout danger est alors écarté, et la place est libre pour une entente fructueuse, pour ne pas dire pour l’amitié», expliquent en substance MM. Dunbar et Launay dans leur étude.
Voilà. Il y a bel et bien trois points en commun plus cruciaux que d’autres pour devenir ami avec des inconnus, et donc avec de nouveaux collègues. Les goûts musicaux, surtout. Ainsi que la couleur politique et l’éthique. Bien sûr, ce n’est pas parce que vous partagez l’un de ces points communs avec autrui que vous allez automatiquement devenir de grands amis. Loin s’en faut. D’autres facteurs interviennent à ce moment-là, comme vous l’imaginez bien. Néanmoins, à l’instant où vous réalisez que vous adorez tous les deux, disons, Kanye West, ou bien que vous admirez Barack Obama, eh bien, sautez sur l’occasion pour discuter plus en profondeur avec cette personne-là. Car il se pourrait bien que naisse une grande amitié…
Que retenir de tout cela ? Ceci, à mon avis :
> Qui entend se faire de vrais amis au bureau se doit de s’intéresser subtilement à leurs goûts musicaux. Et aussi, à leur couleur politique et aux valeurs qui priment à leurs yeux. Car c’est ainsi qu’il saura faire vibrer les cordes sensibles de l’amitié qui sont les leurs. L’idée étant, bien entendu, que toute amitié se bâtit nécessairement sur des fondements communs et solides.
En passant, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche a dit dans Le Crépuscule des idoles : «Sans la musique, la vie serait une erreur».
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