Au bureau, il y a des collègues et des bosses qu'on aime, et d'autres pas. Spontanément. Comme ça. Sans qu'on sache trop pourquoi. Mais justement, comment se fait-il que certains attirent tant de sympathie à leur égard? Quel est leur truc? Est-ce parce qu'ils sont séduisants? Intelligents? Les deux à la fois? Ou encore autre chose?
Découvrez mes précédents billets
Mon groupe Facebook
Mon compte Twitter
Voulez-vous la réponse? Ou, à tout le moins, une réponse valable? Parfait, je vais tâcher d'exaucer votre voeu, grâce à une étude intitulée Why do managers act fairly in the first place? A daily investigation of "hot" and "cold" motives and discretion. Celle-ci est le fruit du travail de trois professeurs de management : Brent Scott et Donald Conlon, de l'Université d'État du Michigan à East Lansing (États-Unis), assistés de leur étudiante Adela Garza ; et You Jin Kim, de l'Université d'État de Californie à Long Beach (États-Unis).
Ainsi, les quatre chercheurs ont eu la curiosité de regarder si , en général, les managers se comportaient de manière "juste" dans leur quotidien au travail. Et par "juste", ils entendaient «en faisant preuve de justice dans chacune de leurs décisions».
La justice? On peut considérer qu'elle repose sur quatre piliers, en particulier dans le cadre du travail :
> Équité. C'est-à-dire le fait de respecter en tout temps les droits de chacun.
> Éthique. C'est-à-dire le fait d'user de sens moral à chaque prise de décision.
> Égalité. C'est-à-dire le fait de considérer chacun tout autant que les autres.
> Gravité. C'est-à-dire le fait de traiter chacun avec circonspection.
Et c'est en s'appuyant sur ces quatre piliers-là que les chercheurs ont établi un questionnaire permettant d'évaluer avec précision l'usage de la justice fait par un manager dans son quotidien au bureau. Celui-ci a été soumis à 90 managers, qui ont accepté de le remplir en ligne à la fin de chacune de leurs journées de travail, trois semaines durant. Il s'agissait de répondre à chaque fois aux mêmes questions, du genre «Avez-vous communiqué une information importante aux membres de votre équipe, aujourd'hui? Si oui, l'avez-vous partagé avec une partie d'entre eux seulement? Et si oui, en fonction de quels critères avez-vous déterminé ces personnes-là? Etc.»
L'ensemble des réponses ainsi fournies permettaient, jour après jour, de voir si le manager en question s'était montré plus ou moins juste envers les autres ; et mieux, d'analyser ce qui amène, en général, un manager à faire preuve, ou pas, de justice au travail.
Résultats? Ils sont carrément fascinants, à mon avis :
> Une justice raisonnée. Les managers font preuve de justice dans leurs décisions parce que cela leur semble logique d'agir de la sorte. Ils considèrent que cela favorise, entre autres, le bon fonctionnement de l'équipe, la création d'un véritable esprit d'équipe et l'établissement d'un modèle de comportement pour ceux qui ont tendance à ne pas se montrer vraiment justes au travail.
> Une justice tout aussi émotionnelle. Les managers font également preuve de justice dans leurs décisions parce que cela leur semble humain d'agir de la sorte. Ils estiment que cela favorise, entre autres, le bien-être de chacun au sein de l'équipe, l'établissement de rapports sains entre les uns et les autres ainsi que le renforcement de la cohésion du groupe.
> Une justice hyper efficace lorsqu'elle s'appuie franchement sur la gravité. Les quatre piliers de la justice n'ont pas tous la même importance dans le quotidien des managers qui savent se montrer justes. En effet, l'un d'eux leur offre davantage de marge de manoeuvre que les autres, celui de la gravité. Parce que les occasions sont toujours nombreuses de se montrer respectueux envers les autres, d'être vraiment à leur écoute, ou encore de les encourager avec sincérité dans leurs initiatives. Et parce que, d'après les auteurs de l'étude, ce pilier-là présente deux avantages qui lui sont propres :
- Discrétion. Il permet au manager de se faire discret, en ce sens qu'il ne cherche pas à se mettre en avant et à décider à la place des autres, mais plutôt à agir en soutien pour chacun des membres de son équipe. Le manager devient, du coup, un leader facilitateur.
- Productivité. Il lui permet aussi d'avoir, l'air de rien, un vrai impact sur la productivité de chacun, et donc, de l'ensemble de l'équipe, puisque le manager veille ainsi à ce que les talents des uns et des autres puissent librement s'exprimer, et même s'épanouir.
Autrement dit, faire preuve de justice au bureau offre une occasion en or de dynamiser l'écosystème dans lequel on évolue. Car cela permet à chacun de ses éléments d'user de ses dons particuliers, en harmonie avec les autres. Car cela permet surtout à chacun de grandir, toujours en harmonie avec les autres.
Ce n'est pas tout. La cerise sur le sundae, c'est que celui qui sait se montrer juste au travail, inévitablement, s'attire la sympathie de tous. Pour ne pas dire leur amour. N'ayons pas peur du mot.
Que retenir de tout cela? Ceci :
> Qui entend se faire aimer de tous au bureau se doit de faire preuve de justice à tout instant. Plus précisément, il lui faut user de gravité, c'est-à-dire savoir se mettre à l'écoute des autres avant de leur prêter main forte, au besoin. Oui, il lui faut savoir s'effacer pour laisser toute la place nécessaire aux autres pour pouvoir exprimer leurs précieux talents, en harmonie avec les autres. Bref, il lui faut agir en jardinier de l'écosystème dans lequel il évolue. Ni plus ni moins.
En passant, l'écrivain français Sully Prudhomme a dit dans La Justice : «La justice est l'amour guidé par la lumière».
Découvrez mes précédents billets
Mon groupe Facebook
Mon compte Twitter