BLOGUE. J'ai aujourd'hui une petite question à vous poser : vous arrive-t-il, à l'occasion, de vous ennuyer au travail? Et une question subsidiaire : de vous ennuyer, au point de vous demander, parfois, si vous êtes à la bonne place au sein de l'organisation dans laquelle vous évoluez?
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Difficile de répondre à ces interrogations existentielles, me direz-vous. Difficile? Vraiment? En fait, c'est parce que vous ne disposez pas d'une méthode rigoureuse pour aborder ce sujet complexe. C'est parce que vous n'avez pas encore entendu parler des 5 leviers pour trouver votre vraie place au travail, comme l'explique la psychologue française Brigitte Carnelle dans son livre Mieux avec mon travail (Payot, 2013). Voici ce qu'elle en dit…
«Les cinq leviers pour trouver votre vraie place au travail sont : le sens du travail, la reconnaissance, la réalisation de soi, le niveau d'implication et la communauté d'appartenance.
(Re)trouvez du sens à votre travail
«La signification, la valeur de notre travail s'articule avec les sentiments intimes de ce qui nous porte dans la vie, ce qui nous enthousiasme, nous fait vibrer et avancer. Le sens est le plus souvent fondé sur un idéal de soi ou du monde. C'est d'ailleurs la perte du sens du travail qui apparaît en premier dans les plaintes des salariés en souffrance du travail. (…)
«Quand ce sur quoi est fondé le lien au travail est atteint, les effets sont délétères, voire destructeurs sur le plan personnel. La découverte d'actes de corruption au sein de l'entreprise, par exemple, dévaste ceux qui ont mis temps et énergie au service de la cause prétendument portée par les dirigeants.
«Ce lien intime entretenu avec son travail est le ressort de la motivation : il nous renvoie à nos raisons de vivre.
«Comment retrouver ces raisons de travailler? En s'assurant de la symbolique du sens que nous donnons à nos engagements.
«Un exemple concret… Un employé qui se dirait : "J'ai compris que je n'ai pas à attendre de ma boîte des garanties concernant mes clients et je sais que c'est à mon niveau, en fonction de mes moyens, que je défends une qualité de service et c'est cela qui me permet de travailler correctement. D'ailleurs, la reconnaissance me vient d'eux et non pas de ma hiérarchie".»
Obtenez de la reconnaissance
«Il y a deux choses à examiner dans la reconnaissance : ce qui a valeur de signes pour vous et les messages que vous envoyez pour faire savoir ce qui, dans votre travail, mérite reconnaissance.
«Les signes, ce sont les paroles, les gestes, et autres manifestations de confiance ou d'acquiescement qui découlent de vos actions. Ils proviennent des pairs, des dirigeants, des clients, des partenaires, des proches. Ce sont eux qui vous confortent dans le sentiment que vous êtes à votre juste place.
«De votre côté, quels signaux envoyez-vous, ou pas, pour vous faire reconnaître et apprécier? La présence, la participation, l'implication, ou encore la communication sont autant de signes qui permettent de vous faire reconnaître.
«Maintenant, posez-vous la question suivante : "Quels sont ceux que j'utilise le mieux, ou le plus facilement?". Et encore : "Lesquels devrais-je envoyer plus souvent pour être mieux perçu des autres?".»
Réalisez-vous
«La pleine réalisation, c'est quand vous savez au fond de vous-même que vous allez pouvoir donner le meilleur, et recevoir en retour la gratification, réelle ou symbolique, que vous attendez. C'est cette satisfaction, par moments ce bonheur, que l'on ressent lorsqu'on atteint, par exemple, un objectif visé depuis longtemps.
«Thérèse, passionnée e tourisme, est devenue organisatrice de voyages au bout de 15 années d'expérience en agence : "J'ai commencé comme forfaitiste, puis accompagnatrice sur des circuits classiques. Puis, comme je parlais russe et que j'avais fait mes preuves, j'ai pu organiser moi-même des voyages à la demande pour des clients spécifiques, en effectuant le repérage et en choisissant les étapes et les lieux à visiter. Je n'aurais jamais pensé y parvenir, tant ces postes-là sont "réservés" à une élite d'anciens routards. Je suis vraiment heureuse de cette vie-là".»
Décidez de votre implication
«Jusqu'où êtes-vous prêt à vous engager dans votre travail? Pour le savoir, commencez par déterminer vos priorités, puis les points sur lesquels vous ne reculerez jamais. Au besoin, discutez-en avec des proches de confiance. Et ce faisant, préservez-vous de la culpabilité qui peut surgir à déclarer refuser faire des "sacrifices" ou des "compromissions".
Un exemple… "Par lâcheté, j'ai accepté de renoncer à prendre la direction du projet sur lequel j'avais travaillé depuis deux ans. Je me suis retrouvé dans l'équipe menée par un collègue aux dents longues. Je lui en ai fait tellement baver qu'il a jeté l'éponge, et pourtant, il était coriace. Au bout du compte, j'aurais dû forcer le passage même si cela m'obligeait à m'engager plus et à travailler comme un damné pendant encore une année. J'aurais évité beaucoup de souffrances à tout le monde".»
Bâtissez la coopération
«Quelle place accordez-vous aux autres dans le travail? La confrontation est un enrichissement quand elle permet d'affirmer la différence. Un groupe est réellement vivant et performant s'il est composé de personnalités différentes, et pas seulement complémentaires. Seuls la confrontation et son dépassement construisent le lien nécessaire pour coopérer, et ensuite enraciner le sentiment d'appartenance.
«C'est que les autres nous aident à nous construire, tant sur le plan professionnel que personnel.»
Voilà. Si vous souhaitez identifier votre vraie place au sein de votre organisation, il suffit de procéder avec méthode, en suivant les XX étapes suivantes :
1. Répondez honnêtement à ces cinq questions :
– Qu'est-ce qui donne aujourd'hui du sens à votre travail?
– Quels signes envoyez-vous pour vous faire reconnaître des autres?
– Qu'est-ce qui vous rend heureux aujourd'hui au travail?
– Dans quelle mesure êtes-vous impliqué dans votre travail?
– Dans quelle mesure votre réseau immédiat de contacts professionnels est-il étoffé?
2. Identifiez les forces et les faiblesses de votre position actuelle, à l'aide des réponses données à l'étape 1 :
– Qu'est-ce qui fait que votre travail actuel est intéressant?
– Qu'est-ce qui fait que votre travail actuel ne vous comble pas?
3. Agissez. Une fois forces et faiblesses identifiées, il ne vous reste plus qu'à passer à l'action, c'est-à-dire à cultiver les premières et renforcer les secondes. Le cas échéant, en faisant appel aux services d'une personne en mesure de vous épauler (mentor, coach, etc.).
L'important? Prendre votre temps, comme le souligne Mme Carnelle…
«Un changement de travail, une promotion, ou encore un changement de rythme ou de leu de travail s'anticipe, se prépare et s'organise. Sachez vous ménager un temps d'analyse, de compréhension des enjeux, de toutes les données inhérentes à la situation rencontrée : ce précieux espace de pensée vous est nécessaire.
«Accepter les changements, et les intégrer, demande de l'énergie : méfiez-vous des pressions intempestives et de vos propres inquiétudes, qui vous poussent à prendre des décisions trop vite dans le seul but de sortir de l'incertitude.
«Un exemple… "Je voulais partir le plus vite possible, car je ne supportais plus la situation. Heureusement, j'ai été obligée d'attendre, car j'étais enceinte. Cela m'a calmée, et aujourd'hui, en préparant mon retour de congé de maternité, je réfléchis plus tranquillement, car je suis éloignée du contexte et ai plus de recul. Il s'en est fallu de peu que j'envoie une lettre de démission. J'ai maintenant compris que les bonnes solutions ne viennent pas des décisions brutales".»
En passant, le rhétoricien grec Isocrate aimait à dire : «Réfléchis avec lenteur, mais exécute rapidement tes décisions».
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