BLOGUE. Parfois, il nous arrive de prendre des risques inconsidérés. On passe à l'orange, on court pour traverser la rue juste avant que ce ne soit plus à nous, ou encore on roule à vélo sans casque. Pourquoi? On ne sait pas trop, on se dit que c'est comme ça, peut-être un peu trop d'adrénaline à ce moment-là. Et un jour ou l'autre, on finit par le regretter amèrement…
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Et si vous saviez ce qui vous amène à prendre de tels risques? Cela changerait-il votre comportement? Cela vous ferait-il prendre de meilleures décisions, le moment venu? Eh bien, essayons, pour voir.
Trois professeurs de l'École de commerce Érasme de Rotterdam (Pays-Bas) se sont justement penchés sur la question : Guido Baltussen, finance; Martijn van den Assem, finance aussi; et Dennie van Dolder, économie comportementale. Leur étude intitulée Risky choice in the limelight apporte une réponse intéressante, me semble-t-il.
Ainsi, 80 personnes ont été invitées à jouer à un jeu bien connu, celui du Banquier (la version québécoise du jeu télévisé néerlandais Miljoenenjacht ( À prendre ou à laisser pour la version française et Deal or No Deal pour la version internationale). La règle du jeu est simple… Le joueur doit choisir un certain nombre de valises qui contiennent différentes sommes d'argent (6 lors du premier tour, 5 durant le suivant, etc.). À chaque fin de tour, une voix (le banquier) fait une offre au joueur, qui a le choix entre accepter l'offre ("Deal") ou la décliner ("No Deal") et continuer de jouer. Le jeu se termine lorsque le joueur finit par accepter une offre du banquier ou bien par partir avec le montant de la dernière valise ouverte.
Le Banquier est clairement un jeu basé sur la prise de risques. Le joueur doit sans cesse prendre des décisions irréversibles, car il lui faut décider si la somme qu'il a sous les yeux lui convient ou s'il préfère tenter le diable, sachant que la prochaine somme pourrait être plus considérable (le gain peut aller jusqu'à 500 000 dollars).
Les 80 participants ont été répartis en deux groupes. Dans le premier, chacun jouait dans un cubicule, à l'aide d'un ordinateur. Dans le second, chacun jouait dans les mêmes conditions que dans la réalité : dans un studio, avec un décor similaire au vrai, un animateur, des caméras, des projecteurs et du public chargé de mettre une ambiance du tonnerre.
Puis, les trois chercheurs ont regardé si le fait de jouer tout seul dans son coin ou en public changeait le comportement des joueurs, du moins dans leur prise de risques. Résultat? Fort instructif…
> Ceux qui jouaient en public prenaient nettement moins de risques que les autres.
Pourquoi cela? MM. Baltussen, Van den Assem et Van Dolder ont davantage analysé leurs données, pour découvrir deux choses :
> Ceux qui jouaient en public se montraient plus timorés surtout parce qu'ils avaient plus peur que les autres d'échouer, en l'occurrence d'empocher une somme dérisoire.
> Ceux qui jouaient en public prenaient un peu plus de temps que les autres à prendre une décision.
Par conséquent, si l'on veut à l'avenir prendre des décisions plus sages, ou si vous voulez plus réfléchies, il convient de réunir deux conditions :
1. Prenez la décision en compagnie d'autres personnes, pas tout seul dans votre bureau. Car le regard des autres va vous inciter à être plus prudent qu'à l'habitude.
2. Prenez tout votre temps avant de trancher. Car ce temps-là vous permettra de mieux peser le pour et le contre.
En passant, l'auteur belge Amélie Nothomb a dit dans Cosmétique de l'ennemi : «Le risque, c'est la vie même. On ne peut risquer que sa vie. Et si on ne la risque pas, on ne vit pas».
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