Aujourd’hui, j’ai une belle histoire à vous raconter, tirée de l’événement Engagez et mobilisez vos employés organisé la semaine dernière par le Groupe Les affaires. Une histoire, j’en suis sûr, qui va vous passionner. Car elle va vous permettre - tenez-vous bien ! - de réussir à atteindre les objectifs les plus fous qui puissent vous passer par la tête, comme celui de réussir une ‘Mission vers Mars’.
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L’un des conférenciers était Christopher Thierry, le président fondateur d’Etelesolv, une firme technologique montréalaise dont le produit phare est le logiciel Cimpl, qui vise à simplifier la gestion des dépenses en TI pour les entreprises. Un dirigeant qui a eu le cran de raconter comment il a frappé un mur et comment il s’en est remis, et mieux, comment il s’y est pris pour prendre par la suite une meilleure direction. Voici son histoire…
En 2010, Etelsolv, son petit bébé, avait une dizaine d’années d’existence. M. Thierry, à l’aube de la trentaine, avait pris conscience qu’il fallait trouver le moyen de traverser la crise économique que connaissaient alors toutes les start-ups, voire d’en profiter pour se démarquer de la concurrence. Et il avait eu l’humilité de se dire qu’il n’était peut-être pas l’homme de la situation ; l’idée lui était venue de recruter un PDG, un dirigeant aguerri qui propulserait l’entreprise haut et loin.
La perle rare a été trouvée. Tout allait bien. Mais voilà que le soir-même avant l’annonce officielle de l’arrivée du ‘Sauveur’, celui-ci l’a appelé pour lui dire qu’il venait de signer à la dernière minute pour une autre entreprise. Catastrophe!Qu’a-t-il fait? Eh bien, il s’est dit qu’il fallait qu’il fasse de lui un tout nouvel homme. Qu’il change radicalement pour s’adapter à la situation. Qu’il mute, littéralement. Il s’est ainsi plongé dans la lecture de livres de référence sur le management, il s’est inscrit à des cours à l’université (John-Molson School of Business, MIT, LBS, etc.) et il s’est accordé le temps de mûrir tout cela.
Résultat? Un test l’a marqué au fer rouge, celui proposé par le gourou du management Verne Harnish dans son livre Mastering the Rockfeller Habits. «Il s’agit d’une checklist intitulée ‘Les 30 choses que font toutes les entreprises couronnées de succès’. Très simple. Le hic? C’est qu’en la remplissant, j’ai réalisé que nous n’en avions que trois sur les trente. Et surtout, que je ne voyais pas trop comment faire pour arriver à en acquérir d’autres à court ou moyen terme», a-t-il dit.
Une voie à explorer lui est fort heureusement apparue à la suite de la lecture des écrits de Cameron Herold, un coach établi à Vancouver. Celui-ci considère en effet que tout part de la culture de l’entreprise. Car elle est l’ADN du lien de chaque connexion existant au sein de l’écosystème qu’est l’entreprise. Car elle est la source de la vie de l’entreprise. Ni plus ni moins.
Et de quoi est composée la culture d’une entreprise? «De valeurs fondatrices, a indiqué M. Thierry, des étincelles dans les yeux. Cette découverte a eu l’effet d’un tsunami en lui : au fond, ce qui manquait cruellement à Etelsolv, c’était des valeurs fondatrices. C’était aussi bête que ça.
Pour les déterminer sans se tromper, le président fondateur a réuni les principaux dirigeants d’Etelsolv pour leur faire une annonce. En deux temps. Pour commencer, il leur a dit qu’ils allaient tous faire une retraite pour réfléchir ensemble sur un nouveau projet. Ensuite, il a enchaîné en leur disant que, non, ce ne serait pas à Las Vegas ou à Hawaï, mais à Buffalo, en plein mois de janvier. Pourquoi là? Pour que tous soient bien concentrés sur la précieuse tâche à accomplir.
Une fois là-bas, l’opération s’est déroulée en sept étapes :1. Se réunir deux ou trois heures dans une même salle.
2. Chacun doit dresser, tout seul dans son coin, une liste de 5 à 7 employés qui représentent le mieux l’entreprise, à ses yeux.
3. À côté de chacun des noms de sa liste, chacun doit indiquer les mots qui lui viennent lorsqu’il pense à cet employé-là.
4. On partage tous ensemble les listes des uns et des autres. On en profite pour repérer les noms d’employés qui reviennent le plus souvent ainsi que les mots qui reviennent le plus souvent.
5. On regarde tous ensemble comment on peut regrouper les mots les plus souvent utilisés dans de mêmes familles. Par exemple, on rassemble tous ceux qui sont des synonymes, ou presque. L’idée est alors de tenter d’avoir le moins de familles possible, en se demandant systématiquement «Ce mot est-il si différent que ça de tel autre? Peut-on les associer l’un à l’autre?»
6. On finit de la sorte par obtenir une petite liste des mots qui sont revenus le plus souvent. Convertissez tous ensemble chacun des mots de cette petite liste en autant de valeurs clairement distinctes.
7. On trouve tous ensemble une définition simple et claire pour chacune des valeurs de la petite liste. Et le tour est joué!
«Un truc pour savoir si toutes les valeurs que vous avez identifiées sont les bonnes, c’est de répondre, pour chacune d’elles, à la question suivante : ‘Est-ce que, si j’adopte cette valeur-là, cela va avoir un ‘coût’ pour l’entreprise? Un ‘coût’ en ce sens que cela va entraîner des changements conséquents. Pourquoi une telle interrogation? Parce que l’adoption d’une valeur, comme toute autre chose, si elle ne représente pas de ‘coût’ pour l’entreprise, c’est qu’elle ne vaut rien», a dit M. Thierry. Et d’illustrer : «Un exemple, l’adoption de nos valeurs fondatrices a au pour conséquence immédiate le départ d’un de nos vice-présidents. Parce qu’il ne s’identifiait pas à elles. Mais ce qu’il faut avoir en tête à ce moment-là, c’est que ce coup dur n’est rien en comparaison avec les ‘coûts’ que cela aurait occasionné d’avoir un vp qui aurait ramé en sens inverse des autres des mois durant».Quelles ont été les valeurs ainsi mises au jour par l’équipe de direction d’Etelsolv? Les voici :
> Croissance.
> Exécuter.
> Respect & humilité.
> Proximité avec la clientèle.
> Fun & famille.
Des valeurs qui portent fruit. Deux indicateurs l’illustrent à merveille : ses effectifs ont triplé, tout comme ses revenus, au cours des trois dernières années. Une performance digne - quand on sait d'où partait Etelseolv - d'un atterrissage sur Mars! Mais plus que tout, les valeurs sont aujourd’hui au coeur des décisions prises au quotidien par chaque employé : «Elles sont si fortement ancrées en chacun que je pourrais me faire frapper demain par un camion sans que cela nuise à la culture d’entreprise. Les valeurs me survivront, j’en suis sûr à 100%».
Voilà. Vous disposez maintenant d’une méthode simple, en sept étapes, pour déterminer - ou rénover - les valeurs fondamentales de votre entreprise, ou même, si vous le souhaitez, de votre équipe. Et donc, d’un moyen efficace de raviver son ADN et tout ce qui en découle (esprit d’équipe, performance globale, etc.). Avec, à la clé, la possibilité de vraiment viser une ‘Mission vers Mars’. Si, si...
En passant, l’écrivain polonais Kazimiers Brandys a dit dans ses Carnets : «La tradition, c’est la somme des valeurs vieillies».
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