BLOGUE. L'organisation du travail, c'est le B.a.-ba du management, n'est-ce pas? On pourrait même dire que c'en est le point de départ. Et depuis, que de chemin fait... Mais voilà, qui a songé deux secondes revenir au point de départ et osé y réfléchir de nouveau? Personne, croyez-vous peut-être. Erreur.
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Un homme a eu cette audace : Patrick Schmitz, un professeur d'économie de l'Université de Cologne (Allemagne). Le fruit de son travail est présenté dans une étude intitulée Job design with conflicting tasks reconsidered. Celle-ci montre qu'il y a bel et bien moyen d'optimiser de nos jours la répartition des tâches au travail…
Ainsi, M. Schmitz s'est livré à un exercice d'économétrie en apparence très simple. Il s'est demandé quelle était la meilleure manière de faire faire un travail composé de deux tâches successives : par une seule et même personne, ou bien par deux personnes. Bien entendu, il est parti du principe qu'il n'y avait guère de différence entre les deux personnes considérées, du moins du point de vue de l'efficacité et de la performance.
Le chercheur allemand a concocté un modèle de calcul tenant compte de différentes variables, en particulier l'impact de la première tâche sur la seconde. Soit :
> Impact majeur. Prenons un exemple concret : imaginons qu'il s'agisse de bâtir une maison et que la première tâche soit de faire les fondations et la seconde, dresser les murs et le toit. Si les fondations sont mal faites, inévitablement, le reste du travail sera moins bien fait qu'il n'aurait pu l'être. Et ce, même si le responsable de la seconde tâche donne son 110%.
> Impact mineur. Imaginons cette fois-ci qu'il n'y a pas vraiment d'inquiétude quant au résultat final des fondations, mais plutôt une inconnue par rapport au délai de livraison. Par exemple, les fondations sont réalisées en moins de temps que prévu, si bien que le responsable de l'étape suivante a la possibilité de travailler sans pression de temps, et d'être donc plus efficace, puisque moins stressé.
M. Schmitz a peaufiné son modèle de calcul – notamment en considérant qu'une prime à la performance était versée aux responsables des deux tâches –, puis l'a inséré dans un ordinateur pour voir ce que cela donnerait. Résultats? Forts intéressants…
> Impact majeur. Quand le succès de la seconde tâche dépend de celui de la première, mieux vaut confier les deux tâches à une seule et même personne. Pourquoi? Parce que si l'on attribuait le travail à deux personnes, le second ne serait guère motivé à travailler, sachant d'avance que, peu importe sa performance, le résultat final serait mauvais.
> Impact mineur. Là, en revanche, mieux vaut confier le travail à deux personnes. De fait, si l'on attribuait le travail à une seule personne dans un tel cas, elle ne serait pas si motivée que ça à briller à chacune des étapes, ne voyant le travail confié que comme un tout. Elle n'aurait pas le réflexe de faire mieux que prévu à la première étape, dans l'idée de se faciliter le travail par la suite, se disant que l'effort n'en vaudrait probablement pas la peine, puisque que l'impact – positif comme négatif – ne serait de toute façon que "mineur".
Lumineux, vous ne trouvez pas? Il vous suffit, en tant que leader, de déceler le lien entre les deux tâches à accomplir – lien majeur ou lien mineur –, et vous saurez automatiquement la meilleure façon de répartir le travail. C'est aussi simple que ça. Maintenant, essayez-le, et vous m'en direz des nouvelles.
En passant, le poète latin Virgile a dit dans ses Géorgiques : «Le travail constant vient à bout de tout».
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