Soyons francs, la malhonnêteté est partout autour de nous. C'est le caissier qui ne rend pas la monnaie qu'il devrait. C'est le candidat qui gonfle son CV dans l'espoir d'être embauché. C'est encore le PDG qui détourne l'argent de son entreprise pour s'en mettre plein les poches.
Découvrez mes précédents billets
Ma toute nouvelle page Facebook
Mon compte Twitter
Et mon livre : Le Cheval et l'Âne au bureau
Mais ce n'est pas tout. La malhonnêteté peut même survenir… à notre insu! Si, si… Un exemple : le comptable d'une PME qui, n'ayant pas pris connaissance d'un récent changement d'une réglementation, commet une erreur, laquelle devient une fraude sans qu'il le réalise. On peut donc bel et bien se montrer malhonnête par inadvertance.
La question saute aux yeux : comment éviter la malhonnêteté? Ou plutôt, comment éviter de se montrer soi-même malhonnête, y compris par inadvertance? Mission : Impossible, me direz-vous. Eh bien, pas vraiment.
Car une étude en atteste. Intitulée Morality rebooted: Exploring simple fixes to our moral bugs, elle est signée par deux professeurs de gestion des affaires à Harvard (États-Unis), Francesca Gino et Max Bazerman, assistés de leur étudiante Ting Zhang. Elle met au jour deux trucs ultrasimples pour éviter qu'un employé ne franchisse la ligne jaune, y compris lorsqu'il n'en a même pas conscience.
Les trois chercheurs de Harvard ont considéré qu'il y avait essentiellement deux manières de prévenir la malhonnêteté en entreprise :
> L'approche par la culture. C'est par ses valeurs que l'entreprise peut dissuader les employés de se montrer malhonnêtes, de manière consciente ou inconsciente. Elle dispose de plusieurs façons de diffuser ces valeurs-là auprès des employés : faire signer un code d'éthique, inciter chacun à enrichir le code d'éthique en vigueur, etc.
> L'approche par la structure. C'est par l'instauration de garde-fous que l'entreprise peut dissuader les employés de se montrer malhonnêtes, de manière consciente ou inconsciente. Elle peut, entre autres, renforcer les sanctions en cas d'enfreinte au code d'éthique, ou accroître les mesures de contrôle des décisions les plus importantes des hauts-dirigeants.
Puis, ils ont scruté à la loupe nombre d'études récentes sur l'éthique, histoire de regarder si l'une des deux approches était plus efficace que l'autre, ou pas. Ce que cela leur a permis de découvrir est, somme toute, très simple, mais lumineux :
> Deux plutôt qu'une. Le meilleur moyen de prévenir la malhonnêteté en entreprise, c'est de combiner les deux approches. Il convient non seulement d'adopter une culture d'entreprise solide en matière d'éthique, mais aussi de prendre les mesures nécessaires pour contrer toute velléité d'agir malhonnêtement. Car plus l'importance fondamentale de l'éthique est comprise des employés, moins on enregistre de manquements à celle-ci à l'interne. Y compris par inadvertance.
L'explication est simple… Si l'on mise beaucoup sur la culture et peu sur la structure, la tentation peut être grande pour certains de franchir la ligne jaune : c'est que les sanctions sont rares et portent peu à conséquence. De surcroît, nombre d'employés n'ont pas dès lors conscience de l'importance de l'éthique, et ne prennent pas garde au respect de l'éthique dans chacun de leurs faites et gestes. Le risque est ainsi grand de malhonnêtetés inconscientes.
À l'inverse, si l'on mise peu sur la culture et beaucoup sur la structure, la tentation peut être grande pour certains de chercher à contourner les règles en vigueur, ou même de chercher les failles de celles-ci pour en tirer partie en toute impunité. De surcroît, la situation est propice aux malhonnêtetés inconscientes, les employés n'étant pas bien informés de ce qu'il est correct, ou pas, de faire.
Voilà pourquoi l'idéal est de combiner les deux. Quelle est la meilleure combinaison? Elle dépend de votre propre cas de figure, bien entendu. À vous de voir si vous pêchez actuellement par une faible culture, ou bien par une faible culture, en matière d'éthique. Et de corriger le tir en conséquence.
En passant, l'écrivain italien Luigi Pirandello a dit dans La Volupté de l'honneur : «Il est plus facile d'être héros qu'honnête homme. Héros, nous pouvons l'être une fois par hasard; honnête homme, il faut l'être toujours».
Découvrez mes précédents billets
Ma toute nouvelle page Facebook
Mon compte Twitter
Et mon livre : Le Cheval et l'Âne au bureau