La beauté. Est-ce une chose primordiale pour un leader ? Ou au contraire, quelque chose de superflu ? D’autant plus – on s’entend – que la beauté est une notion on ne peut plus relative : ce que, vous, vous trouvez beau, moi, je peux le trouver quelconque, voire moche ; idem, les canons de beauté de nos ancêtres étaient loin de ceux que nous avons de nos jours, il suffit de regarder les nus de Rembrandt et autres Rubens pour s’en rendre compte.
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Cette interrogation existentielle de la relativité de la beauté m’a toujours taraudé, d’où ma joie à la découverte d’une étude intitulée Beauty is in the in-group of the beholded : Intergroup differences in the perceived attractiveness of leaders. Celle-ci est signée par quatre sommités du milieu américain de la recherche scientifique : Kevin Kniffin, professeur de management et de leadership à l’Université Cornell (Etats-Unis); Brian Wansink, professeur de science du comportement à l’Université Cornell; Vladas Griskevicius, professeur de marketing à l’École de management Carlson à Minneapolis (Etats-Unis) ; et David Sloan Wilson, professeur de biologie et d’anthropologie à l’Université d’État de New York à Binghamton (Etats-Unis). Et elle parvient à apporter un éclairage original, et donc fort instructif, sur le sujet.
Ainsi, les quatre chercheurs se sont penché sur un point particulier des facteurs déterminants de la beauté, à savoir celui de la familiarité. En effet, on peut légitimement se demander si la familiarité que l’on peut avoir avec autrui – disons l’être aimé – joue en sa faveur, ou au contraire en sa défaveur : par exemple, quand un homme craque pour une femme croisée à une soirée, il est logique de se dire qu’il la trouve belle, peut-être même la plus belle du monde, mais voilà, s’ils finissent par vivre ensemble, il est tout aussi logique de se dire qu’au fur et à mesure que le temps va passer, il ne va peut-être plus la trouver aussi belle que lors de leur premier échange de regard, et ce, en raison de cette satanée familiarité qui ne fait plus voir que les défauts, et non pas les qualités. Pas vrai ?
Pour creuser cette idée, ils ont procédé à deux expériences très simples. Dans un premier temps, ils ont demandé à 49 assistants d’élus du Wisconsin d’attribuer des notes à la beauté de différentes personnalités politiques. Lesquelles ? D’une part, l’élu pour lequel ils travaillaient ainsi que des élus du même État (de leur bord comme celui du bord adverse, c’est-à-dire tant des Démocrates que des Républicains). D’autre part, des élus d’un autre État, lointain, en l’occurrence celui de New York.
Dans un second temps, ils ont demandé exactement la même chose à, cette fois-ci, 63 électeurs du Minnesota dont la particularité était qu’ils ne cachaient à personne leur appartenance politique. Autrement dit, à des personnes qui, à la différence du premier groupe, n’avaient aucun lien professionnel avec les personnes à noter, mais étaient tout de même familières avec la politique et son actualité.
Qu’est-ce que ces expériences leur ont permis de mettre au jour ? Ceci :
➢ Une question de proximité. Plus on est proche d’un leader – en l’occurrence, une personnalité politique –, plus on a tendance à le trouver beau. Dans le cas présent, chaque élu était jugé beau surtout par ses proches collaborateurs, ainsi que, dans une moindre mesure, par ceux qui travaillaient pour d’autres élus du même bord politique que lui et dans le même État que lui. En revanche, leur beauté n’était pas évidente aux yeux de ceux qui ne les connaissaient pas vraiment, ou bien qui étaient de l’autre bord politique.
Qu’est-ce que cela signifie ? Que la beauté n’est pas qu’une question de charme, d’élégance, ou encore de joliesse des traits et de la silhouette. Non, la beauté dépend aussi, et même surtout, de la proximité que l’on a avec la personne concernée. On la trouve belle parce qu’on la connaît bien et – c’est là un point crucial – parce qu’elle nous connaît bien elle aussi. Bref, parce qu’on lui est familière.
Par conséquent, il existe un truc ultrasimple pour qu’un leader soit beau aux yeux des membres de son équipe. Le suivant :
➢ Qui entend être beau aux yeux de ses employés se doit de leur être familier. C’est-à-dire qu’il lui faut veiller à s’intéresser profondément à chacun d’eux, à leurs aspirations professionnelles, à leurs difficultés passagères, à tout ce qui fait les hauts et les bas de leur quotidien au travail. Car c’est comme cela que leurs yeux se mettront à briller à son passage, et par suite qu’ils se plieront en quatre pour l’aider collectivement à atteindre les objectifs visés.
Voilà. Vous disposez maintenant d’un moyen efficace pour grandir en tant que leader, le plus naturellement du monde. À vous d’en faire maintenant bon usage.
En passant, le philosophe grec Aristote disait : «La beauté est un appui préférable à toutes les lettres de recommandation».
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