Deadline. Un mot qui a le chic de hérisser le poil de tout le monde. Un mot qu'on déteste. Un mot qu'on craint, pour dire la vérité. Car on sait fort bien que si l'on ne se plie pas à ses diktats, ça ira mal pour nous. Très mal.
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La bonne nouvelle du jour, c'est qu'il y a moyen de l'amadouer. Oui, cette terrible divinité de nos temps modernes peut se laisser charmer. À condition de bien s'y prendre.
C'est ce que je découvert dans une étude intitulée Present-bias, procrastination and deadlines in a field experiment. Celle-ci est signée par deux professeurs d'économie : Alberto Bisin, de l'Université de New York (États-Unis); et Kyle Hyndman, de l'École de management Naveen-Jindal à Dallas (États-Unis). Elle indique en effet trois astuces pour mieux arriver à respecter un deadline.
Ainsi, les deux chercheurs ont demandé à quelque 300 étudiants d'une université de se prêter à une petite expérience, en échange d'un peu d'argent de poche. Il s'agissait d'accomplir une tâche simple, mais franchement ennuyeuse : ranger par ordre alphabétique des mots distribués au hasard, liste après liste, sachant que chaque liste comportait entre 150 et 200 mots. Ils pouvaient se mettre au travail quand bon leur plaisait, aussi bien en journée (entre deux cours) qu'en soirée (sur leurs temps libres).
Pour les besoins de l'expérience, les participants ont été placés dans des conditions de travail différentes :
> 1 liste en 1 semaine. Certains n'avaient qu'une liste à faire et disposaient d'une semaine pour accomplir le travail demandé.
> 1 liste avec un deadline auto-imposé. D'autres n'avaient qu'une liste à faire et devaient eux-mêmes s'imposer un deadline.
> 3 listes en 2 semaines. D'autres avaient trois listes à faire et disposaient de deux semaines pour mener le tout à bien.
> 3 listes avec un deadline auto-imposé. D'autres avaient trois listes à faire et devaient eux-mêmes s'imposer un deadline.
> 3 listes sans deadline. Les derniers, enfin, avaient trois listes à faire et n'avaient aucun deadline imposé ou à s'imposer.
Les résultats sont, comme vous allez le voir, fascinants :
> 40%. Quelque 40% des participants ont procrastiné, c'est-à-dire ont repoussé le plus possible le moment où ils se sont attelé à la tâche. Un chiffre révélateur de l'ampleur du phénomène de la procrastination.
> À trop tarder... Plus un participant s'est mis au travail à un moment proche du deadline, moins il réussissait à respecter le deadline.
> Désorganisation. Plus un participant reconnaissait être en général désorganisé dans sa façon de travailler, moins il réussissait à respecter le deadline.
> Imprévus. Plus un participant a été victime d'imprévus (devoirs surprises à rendre à court terme, etc.) durant la période d'expérience, moins il réussissait à respecter le deadline.
> Occupations. Plus un participant était occupé (beaucoup de cours, etc.) durant la période d'expérience, plus il avait tendance à procrastiner.
> Über-confiance. Plus un participant était über-confiant (excès de confiance en soi), plus il avait tendance à procrastiner.
> Manque de persévérance. Plus un participant manquait de persévérance, plus il avait tendance à procrastiner.
Voilà. Tous ces points peuvent être présentés de manière fort simple, en reprenant une fable de Jean de La Fontaine, Le lièvre et la tortue :
> Envie de mieux respecter vos deadlines à l'avenir? Alors agissez en tortue, et non plus en lièvre. Pourquoi? Parce que le lièvre est trop imbu de lui-même (über-confiance), trop distrait (imprévus & occupations), trop brouillon (désorganisation), si bien qu'il tarde toujours trop à se mettre à courir. Et du coup, il se fait devancer par la tortue qui, elle, est humble, concentrée sur ce qu'elle fait et persévérante.
En bref, il convient de faire preuve de trois vertus : humilité, focus et persévérance.
Pour mémoire, je terminerai avec la morale de la fable de La Fontaine : «Rien ne sert de courir; il faut partir à point».
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