BLOGUE. La voilà, LA question. Oui, la voilà enfin posée. Bien entendu, vous vous dîtes sûrement que ce n'est pas aujourd'hui que quelqu'un y apportera une réponse limpide. Et pourtant… Oui, et pourtant, je vous invite vraiment à lire ce billet de blogue, car je pense qu'il pourra en éclairer plus d'un.
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Quatre éminents chercheurs ont eu l'audace de se poser la question, et surtout de tenter d'identifier un moyen d'y répondre. Il s'agit de : Roy Baumeister, professeur de psychologie à l'Université d'État de la Floride ; Kathleen Vohs, professeure de marketing à l'École de management Carlson de l'Université du Minnesota ; Jennifer Aaker, professeure de marketing à Stanford ; et Emily Garbinsky, doctorante en psychologie à Stanford. Le fruit de leur travail se trouve dans une étude intitulée Some key differences between a happy life and a meaningful life.
Ainsi, ils ont eu l'idée de chercher les différences qu'il pouvait y avoir entre le fait d'être heureux dans la vie et le fait de chercher un sens à son existence. Pour ce faire, ils ont utilisé une méthode ultrasimple, tellement simple même qu'elle frôle le génie.
Tout d'abord, ils ont tenu à définir ce que sont le bonheur et la quête de sens à sa vie. Ils ont considéré que :
> Le bonheur est un sentiment de bien-être, qui peut être conceptualisé comme le fait de ressentir plus d'émotions positives que négatives. Il est lié à l'immédiateté, et donc à la satisfaction de nos besoins les plus profonds.
> La quête de sens à sa vie, elle, n'est pas liée à notre nature, mais à notre culture. Une personne trouve que sa vie a un sens lorsqu'elle estime que celle-ci a un but et une valeur.
Puis, ils ont procédé à trois sondages auprès d'un échantillon de 397 adultes (68% étaient des femmes ; leurs âges allaient de 18 à 78 ans ; la moyenne des âges était de 35 ans et demi ; 48% étaient parents). Ces trois sondages étaient échelonnés sur trois semaines. Ils consistaient en une série détaillée d'affirmations liées directement au bonheur (ex.: «En général, je me considère comme quelqu'un d'heureux») ou à la quête de sens à sa vie (ex.: «Comparé à la plupart des personnes que je connais, ma vie, elle, a un sens»), auxquelles il fallait attribuer une note de 1 («pas du tout d'accord») à 7 («tout à fait d'accord»).
Ils ont alors regardé s'il existait, ou non, une corrélation entre le bonheur et la quête de sens à son existence. Leur but : identifier des points de corrélation contraires, c'est-à-dire qui, lorsque l'un monte, l'autre diminue automatiquement.
Résultats? Passionnants, comme vous allez vous en rendre compte…
> En premier lieu, le bonheur et la quête du sens de sa vie sont positivement corrélés, c'est-à-dire qu'ils ont bel et bien des points communs.
> Les principaux points communs sont :
– Un sentiment d'être connecté aux autres;
– Un sentiment d'être productif;
– Le fait de ne pas être seul;
– Le fait de ne pas s'ennuyer.
> Les personnes heureuses sont :
– Celles qui ont ce qu'elles veulent et ce dont elles ont besoin. Et ce, que ce soit par autrui ou par acquisition à l'aide d'argent.
> Les personnes pour qui la vie a un sens sont :
– Celles qui font des choses qui permettent d'exprimer et de refléter leur personnalité – leur "soi", si vous préférez –, et en particulier en faisant des choses positives pour autrui.
– Des gens qui connaissent, en général, des niveaux élevés de stress, d'inquiétudes, voire d'anxiété. Car elles cherchent sans cesse à faire plus et mieux, pour soi comme pour les autres. Jamais complètement satisfaites, elles nuisent ainsi à leur bonheur dans la vie. Un exemple : dépenser de l'argent peut rendre immédiatement heureux, tandis que gérer son argent peut, certes, permettre de donner un sens à sa vie, mais susciter nombre d'angoisses (demandez ce qu'en pense le premier boursicoteur que vous rencontrerez…).
«Le bonheur découle du fait de prendre, et non de donner. La quête de sens à sa vie, en revanche, revient plus à donner qu'à prendre», résument les quatre chercheurs américains. Et d'ajouter : «Le bonheur est aussi lié au présent, tandis que la quête de sens à sa vie va autant avec le passé que le présent et le futur, ce qui est toujours plus préoccupant».
Ce n'est pas tout! M. Baumeister et Mmes Vohs, Aaker et Garbinsky sont allés plus loin dans leurs recherches. Ils ont pu déterminer ce qu'il fallait faire, au juste, pour donner un sens à sa vie. Soit :
> S'impliquer dans des projets difficiles. Car cela procure un but à atteindre et permet d'exprimer tout son potentiel. Bien entendu, cela ne vas pas sans une certaine dose de stress et d'anxiété.
> Avoir conscience de son passé et avoir une vision de son futur. On sait dès lors d'où l'on est parti et où l'on compte s'en aller. On dispose d'un sens de la progression – on en revient, une fois de plus, aux notions de but et de valeur.
> Être prêt à traverser des tempêtes. Ceux qui trouvent que leur vie a un sens considèrent souvent qu'ils sont devenus ce qu'ils sont grâce aux écueils qu'ils ont su éviter par le passé. Ils pensent que les difficultés rencontrées les ont fortifiés, même s'ils en gardent toujours des séquelles. Celles-ci ont forgé leur identité. Et ils se sentent prêts à affronter, au besoin, de nouveaux vents contraires.
> Se vouer à autrui. Ils aiment, par exemple, s'occuper des enfants, ou encore faire des cadeaux aux autres. Ils estiment que c'est par de menus "sacrifices" qu'ils donnent un sens à leur existence.
Voilà. C'est tout. Donner un sens à sa vie, ça correspond à développer quatre traits de sa personnalité. C'est aussi simple que ça. C'est, finalement, à la portée de tout un chacun. Qu'en pensez-vous?
En passant, Albert Einstein aimait à dire : «En apparence, la vie n'a aucun sens, et pourtant, il est impossible qu'il n'y en ait pas un!»
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