BLOGUE. Le stress est souvent présenté comme l'un des fléaux du 21e siècle. Les enfants qui hurlent toute la matinée, les embouteillages du matin, les collègues insupportables durant toute la matinée, le boss hypernerveux à midi, les clients insupportables toute l'après-midi, et enfin, le soir, le conjoint qui lance une pique sur notre mine fatiguée. Le stress occupe chaque minute de notre journée, et semble nous miner dangereusement et sournoisement.
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Pourtant, le stress a du bon. Si, si… Pour le comprendre, il convient de saisir ce que c'est au juste et comment il fonctionne. Ce que j'ai appris dans un article du tout dernier numéro du magazine Psychology Today.
Ainsi, le stress est une vive réaction face à ce qui nous paraît une agression externe, ou plus simplement à ce qui nous semble être une situation périlleuse. Nous réagissons par réflexe, sous le coup de l'émotion : une réaction en chaîne est aussitôt déclenchée dans notre corps, en commençant par le cerveau.
L'événement stressant est perçu comme tel par le cerveau, qui donne l'ordre aux glandes surrénales de produire une grosse dose d'hormones:
> L'epinéphrine (plus connue sous le nom d'adrénaline) entraîne une accélération du rythme cardiaque ainsi qu'une augmentation de la vitesse des contractions du cœur, si bien que l'on assiste à un bond de la pression artérielle, une dilatation des bronches et des pupilles. L'objectif : répondre à un besoin urgent d'énergie, histoire d'être en mesure de faire face au danger perçu.
> La noradrénaline agit comme neurotransmetteur au niveau des organes nous permettant de bouger. Le but : nous permettre de parer au plus pressé, le cas échéant.
> Le cortisol permet de réguler au mieux le métabolisme des graisses, des protéines et des glucides. Il permet, en cas de situation stressante, de libérer d'un coup l'énergie nécessaire pour réagir vite et bien à la situation, et ce, en la puisant dans différentes cellules du corps.
Le cortisol joue, en fait, un autre rôle, primordial. Il active aussi en retour deux zones du cerveau : le cortex cérébral, pour qu'il se mette à «carburer» plus fort que jamais, et l'hippocampe, qui, inversement, à pour fonction de «calmer le jeu» dans notre esprit. Contradictoire? Non, complémentaire. Car sinon nous exploserions d'un coup à chaque événement stressant.
Le hic? Si le stress est fort et prolongé, l'hippocampe finit par être saturé de cortisol, et ne peut plus jouer son rôle de régulateur. Le cortisol se met dès lors à envahir littéralement notre cerveau, ce qui provoque en nous une «dépression». Une dépression? Oui, en ce sens qu'il s'agit ici d'un déséquilibre : nous nous mettons à transpirer, à nous angoisser, bref à nous sentir vraiment mal à l'aise. Et nous ne réagissons plus normalement, voire «perdons carrément les pédales»…
D'après Janos Selye, l'un des pionniers des études sur le stress et le fondateur de l'Institut de médecine et chirurgie expérimentale de l'Université de Montréal, le stress évolue en trois étapes successives:
1. Alarme. Nous avons une réaction de défense face au danger perçu.
2. Adaptation. Nous nous adaptons à la situation donnée.
3. Épuisement. Si le stress et fort et prolongé, il l'emporte sur nous et gruge notre santé.
On le voit bien, les étapes 1 et 2 sont bonnes pour nous, car elles nous permettent de bien réagir face à l'imprévu. Mais, pas la 3. L'idéal est donc de ne jamais en arriver à ce stade-là.
Comment savoir si l'on est en train de tutoyer l'étape 3? Plusieurs indices peuvent permettre de le deviner. Par exemple :
– Vous devenez irritable;
– Vous avez du mal à vous concentrer;
– Vous commencez à perdre votre sens de l'humour;
– Vous tombez malade plus souvent que d'habitude;
– Vous accordez moins d'importance à votre travail;
– Vous êtes souvent impliqué dans des disputes;
– Vous avez du mal à vous lever le matin;
– Etc.
Un autre indicateur intéressant est ce qu'on appelle l'Échelle de Holmes et Rahe, qui a été établie dans les années 1960. Celle-ci indique, de 0 à 100, les événements de la vie quotidienne qui sont les plus stressants, en général:
• Mort du conjoint : 100
• Divorce : 73
• Décès d’un proche parent : 63
• Blessure ou maladie physique : 53
• Perte d’emploi : 47
• Retraite : 45
• Maladie du conjoint : 44
• Grossesse : 40
• Modification de la situation financière : 38
• Changement de travail : 36
• Modification de responsabilités professionnelles : 29
• Arrêt de travail du conjoint : 26
• Conflit avec employeur : 23
Reste par conséquent à s'arranger pour user du bon stress et éviter le mauvais stress. Comment y parvenir? Maintenant que l'on sait ce qu'est et comment fonctionne le stress, il est plus aisé de trouver la réponse à cette interrogation. Ce qui fait la différence entre le bon et le mauvais stress, c'est finalement une seule chose : notre stress est bon lorsque nous savons, au fond de nous-mêmes, que nous contrôlons la situation ; et il est mauvais lorsque nous pensons que nous ne contrôlons plus grand-chose. Tout cela se résume à une question de contrôle…
«Le but à viser est de ne surtout pas viser une vie sans stress. C'est plutôt de vivre avec la bonne dose de stress», indique Robert Sapolsky, professeur de neurobiologie à Stanford. Par exemple, se sentir stressé – ou plutôt surexcité – au moment de se lancer dans une pente vertigineuse en VTT, c'est bien ; mais sentir ses jambes flageoler quand on est au bord du tremplin de 10 mètres, là, c'est nettement moins bon.
Y voyez-vous maintenant un peu plus clair en matière de stress? Je l'espère du fond du cœur, car cela pourrait vous permettre de vivre un peu mieux les situations stressantes, à l'avenir.
En passant, Jean Dion a dit dans Le Devoir du 23 août 1997 : «Le cricket a été inventé par les Dieux lorsqu'ils en ont eu marre d'être perclus de stress par le rythme endiablé du base-ball»…
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