J'ai aujourd'hui une belle histoire à partager avec vous. Une histoire racontée lors d'une conférence donnée par Guylaine Carle, psychologue organisationnelle, et Marie-Maxime Bastien, directrice, santé en milieu de travail, de Capsana, une organisation à vocation sociale, lors du Rassemblement pour la santé et le mieux-être en entreprise qui s'est tenu la semaine dernière au Palais des Congrès de Montréal. Une histoire bouleversante…
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Le 13 février dernier, une vingtaine de cadres dirigeants de la Caisse Desjardins de Drummondville assistaient à un atelier d'une durée de trois heures sur la meilleure façon d'allier bien-être et performance au travail. Cette formation, assurée par Mme Carle, visait notamment à alerter ces dirigeants aux signes – souvent imperceptibles – de mal-être des employés, à l'image de ces petits changements de comportement qui en disent long pourvu qu'on y prête attention.
Soudain, l'un des participants s'est mis à fondre en larmes et s'est enfui de la salle, pour ne plus y revenir. Et une poignée d'autres se sont mis à blêmir. Que s'était-il produit? La personne en pleurs venait de réaliser qu'elle présentait elle-même plusieurs signes annonciateurs d'un prochain burn-out (tremblements incontrôlés, fatigue chronique, etc.). Tout comme un autre participant, qui lui a pu rester jusqu'à la fin de l'atelier.
Les deux ont aussitôt consulté un médecin, qui les a mis en arrêt de travail. Quant aux deux autres participants qui avaient blêmi, ils avaient compris qu'ils étaient passé totalement à côté de deux cas critiques d'employés mal en point, mais qui n'en donnaient pas l'impression. Oui, ils venaient de comprendre qu'ils avaient failli à leur mission de manager, à leur insu, faute de connaissances sur ce qu'était au juste le burn-out. Et ils s'en voulaient. Énormément.«Deux cadres en arrêt maladie et deux autres qui s'en voulaient de ne pas avoir agi comme ils auraient dû le faire : était-ce là un triste bilan pour un atelier sur le management? Pas du tout! Car depuis ce jour, nos pratiques managériales ont changé du tout au tout. Pour le meilleur», a affirmé devant tout le monde Hélène Tremblay, directrice, ressources humaines, de la Caisse Desjardins de Drummondville.
De fait, deux mois plus tard, la haute-direction a intégré aux objectifs des managers l'impératif de se soucier de la motivation intrinsèque de chaque employé. C'est-à-dire de veiller à ce que chacun puisse développer à la fois son bien-être et sa performance. «L'idée était d'instaurer de saines habitudes de management au sein de nos équipes. L'idée était que cela ne changerait certes pas le monde, mais que cela pourrait changer notre quotidien», a dit Mme Tremblay.
Touchant, n'est-ce pas? Les hauts-dirigeants de cette Caisse Desjardins ont eu le cran de reconnaître qu'il y avait un problème, de le regarder en face, d'analyser la situation et de tenter d'y remédier. Ils ont su faire preuve d'un rare courage.
Maintenant, me direz-vous, comment faire pour devenir ainsi courageux? Faut-il se trouver dans une impasse pour se forcer à changer? Faut-il être au bord de la catastrophe? La réponse à ces interrogations est simple : «non». Nul besoin de sombrer dans le drame pour s'en extirper à temps. Comme je l'ai appris lors de cette conférence…
Mmes Carle et Bastien estiment en effet que pour se montrer courageux à l'instant où ça compte vraiment, il nous suffit d'accomplir le 5P. Le quoi? Le 5P, à savoir le Plus Petit Pas Positif Possible.
Regardons ce qui se produit lorsqu'on effectue un geste courageux. Tout se déroule en trois étapes enchaînées très vite :
1. Un pas de recul. On sent le danger, même si on ne le saisit pas bien. Et sans y réfléchir, on fait un minuscule pas en arrière. Par peur? Oui, mais pas seulement : cela nous permet de mieux jauger la situation, de s'accorder un petit temps de réflexion, et surtout, de prendre conscience de nos forces. C'est là un point déterminant.
2. Une respiration. On gonfle alors nos poumons. Presque inconsciemment. Ce qui nous permet de prendre la décision raisonnée d'agir, de nous lancer dans l'inconnu qui pourtant nous terrifie tant. Attention, toutefois, à une chose : sans cette nécessaire respiration, nous ferions preuve de témérité, non pas de courage. La nuance? Elle réside dans le fait que l'on est téméraire lorsqu'on agit sans vraiment y réfléchir, en s'en remettant par exemple à la chance, tandis que le courage, lui, correspond à une décision appuyée sur la raison : on sait et on accepte à ce moment-là les risques encourus.
3. Un cri de ralliement. On libère notre énergie d'un coup, par un cri retentissant. Parce qu'il nous donne l'impulsion dont on a besoin pour passer à l'action. Parce qu'il communique aussi cette énergie folle aux autres, à ceux qui nous entourent et se précipitent à l'aventure avec nous. Et on fonce tous ensemble!
Voilà tout ce qu'il vous faut pour devenir courageux. Il convient d'avoir en tête le Plus Petit Pas Positif Possible à accomplir, puis de la réaliser en suivant les trois étapes indiquées ci-dessus. C'est tout. C'est comme ça que la Caisse Desjardins de Drummondville a franchi un pas de géant dans ses pratiques managériales, quasiment du jour au lendemain. Maintenant, à vous de jouer!
En passant, le poète latin Publius Syrus a dans Sentences : «Mieux vaut se fier à son courage qu'à la fortune».
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