La bienveillance. Une vertu trop rare au travail, à mon goût. En effet, qui d'entre nous connaît vraiment un boss, ou même un collègue, à la fois compréhensif et indulgent envers les autres, quoi qu'il arrive? Et, soyons honnêtes, qui d'entre nous sait vraiment se montrer bienveillant au bureau, qu point de tout faire pour que les autres puissent exprimer leur plein potentiel, ou encore puissent refaire surface lorsqu'ils sentent qu'ils coulent?
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Cette rareté s'explique aisément. C'est que la bienveillance est souvent perçue - à tort, soulignons-le - comme une faiblesse, au travail. Par exemple, que pense-t-on, en général, d'un boss qui prend le temps de s'enquérir de la raison qui fait qu'un employé arrive tous les matins en retard au travail au lieu de sévir à partir de la troisième fois où cela se produit? Vous voyez...
Et pourtant, la bienveillance est une vertu impérative pour le leader de demain, pour ne pas dire d'aujourd'hui-même. Comme le souligne le tout nouveau livre de Peter Hart, artiste peintre et PDG du cabinet-conseil montréalais en programmes de reconnaissance Rideau, et David Zinger, consultant canadien indépendant en engagement des employés, intitulé Artistes de l'humain - Faire ressortir le meilleur chez les autres au travail.
Ce livre démarre par une anecdote qui résume à la perfection son contenu : «Rosa Say, éducatrice et accompagnatrice en management originaire d'Hawaï, a écrit Managing with Aloha. Elle apprend aux managers à pratiquer les 5 minutes quotidiennes (D5M, ou Daily Five Minutes, en anglais). Il s'agit d'offrir cinq minutes de son temps pour écouter pleinement les personnes qui travaillent avec nous, sachant que c'est l'autres qui définit le sujet de la conversation. Souvent sceptiques au départ, la plupart des managers disent que c'est là l'une des meilleures choses qu'ils aient jamais faites au travail, et nombreux sont ceux qui ramènent les 5 minutes quotidiennes chez eux pour les pratiquer avec leurs proches».
Ainsi, être un "artiste de l'humain", c'est, somme toute, être un véritable leader de demain. Car c'est s'évertuer à permettre l'éclosion des talents qui nous environnent, qui demeurent la plupart du temps à l'état latent, malheureusement. Car c'est permettre à son équipe de donner son 110% Bref, car c'est réussir évoluer ensemble au mieux au sein de l'écosystème dans lequel nous évoluons quotidiennement. Ni plus ni moins.
Bien. Mais êtes-vous appelé à devenir un tel leader, à savoir un "artiste de l'humain"?
Pour vous en faire une idée, les deux auteurs ont concocté un questionnaire, que je m'empresse de partager avec vous. Le principe est simple : il faut répondre à chaque question par "oui" ou par "non". Tournez la page pour commencer...
1. Je suis capable de donner le meilleur de moi-même au travail chaque jour.
2. Je donne plus aux autres que ce que je pense recevoir.
3. Je vois les gens comme des personnes - et non des ressources humaines.
4. Je suis authentique et transparent dans ma manière de travailler.
5. J'exprime ma reconnaissance à au moins une personne chaque jour au travail.
6. J'écoute plus que je ne parle.
7. Je me sens plein d'énergie quand j'interagis avec les autres.
8. Je suis réellement intéressé par les gens.
9. Je suis prêt et capable d'investir de l'énergie et du temps dans le développement professionnel des autres.
10. Je suis persuadé que résultats et relations ne sont pas incompatibles.
11. C'est aussi facile pour moi d'obtenir des résultats que d'établir des relations.
12. J'accorde toute mon attention à la personne en face de moi.
13. Je donne du feedback spécifique et détaillé.
14. Je favorise le bien-être des autres au travail.
15. Je sais écouter sans juger ni donner de conseils immédiats.
16. Je donne souvent du feedback bienveillant et constructif.
17. Je suis impatient de travailler avec mes collègues tous les jours.
18. Je suis conscient de ce qui motive les autres au travail.
19. Je parle souvent de ce que signifie le travail et de l'importance des autres à cet égard.
20. J'ai conscience du caractère unique de chacun.
21. Je pense que le fait de mettre l'accent sur les autres est une voie qui permet d'obtenir des résultats durables.
22. J'ai des compétences relationnelles.
23. À la fin de la journée, je me sens récompensé de la façon dont j'ai travaillé avec les autres.
24. Je suis à l'aise quand je travaille avec des émotions, de l'énergie et de l'engagement.
25. Je fais preuve d'une forte bienveillance envers les autres chaque jour que je passe au travail.
Bien. À présent, faites le total de vos "oui". Puis, consultez les commentaires qui correspondent à votre résultat en page suivante :
> 24 "oui" ou plus. «Vous êtes d'ores et déjà un "artiste de l'humain".»
> Entre 20 et 23 "oui". «Vous vous débrouillez très bien, vous êtes clairement sur la bonne voie. Cela étant, cherchez de nouvelles perspectives ou pratiques pour continuer de progresser davantage.»
> Entre 15 et 19 "oui". «Vous avez du potentiel en tant qu'"artiste de l'humain", et pouvez vous appuyer sur cette base solide pour améliorer encore votre art.»
> 14 "oui" ou moins. «Un déclencheur pourrait vous permettre de prendre conscience de l'importance de devenir un "artiste de l'humain", ce qui amènerait à prendre davantage confiance en vous-même et à développer vos propres compétences en leadership.»
L'interrogation saute aux yeux, maintenant que vous avez découvert les commentaires correspondant à votre profil : comment pourriez-vous vous y prendre pour devenir un meilleur leader, en l'occurrence un meilleur "artiste de l'humain"? La réponse est on ne peut plus simple : il vous suffit de développer votre palette de talents de leader, un peu à l'image d'un peintre qui développe sa palette de couleurs personnelles pour en arriver à exprimer son propre art.
De quels talents est-il ici question, au juste? Il y en a cinq, selon MM. Hart et Zinger : savoir voir ; savoir écouter ; savoir être bienveillant ; savoir donner ; et enfin savoir parler. Pour que vous saisissiez la simplicité et la justesse de cette vision de "l'artiste de l'humain", je vais me faire un plaisir de partager avec vous un des passages du livre, celui qui traite de la bienveillance :
> La bienveillance est le coeur de "l'artiste de l'humain"
«Sans une bienveillance authentique, on devient négligent dans son travail - l'apathie, l'inertie et le désengagement s'enracinent en nous, dans nos relations, dans nos équipes, dans nos départements et dans notre entreprise. Sans bienveillance, l'art de l'humain perd toute sa substance.
«La bienveillance peut être un défi. Il faut de la discipline, de la concentration et de la patience. La bienveillance nécessite également de la confiance et de la transparence. (...)
«Kevin Sheridan, un expert en engagement des employés, se préparait à un exploit qui lui tenait à cour : l'ascension du mont Elbrouz, en Russie. Vern Tejas, son préparateur et guide, un alpiniste hyper expérimenté, a réuni, un beau jour, toute l'équipe. À cette occasion, Kevin a admis devant tout le monde qu'il avait peur des sections verticales escarpées. Vern a souligné le courage de Kevin d'avoir admis publiquement sa peur, et lui a dit : "Ne t'inquiète pas, j'assurerai tes arrières".
«Pendant la portion difficile de l'ascension, Vern n'était jamais loin de Kevin. Il ne lui disait rien, mais à deux reprises, d'un geste délicat, il lui avait simplement touché le coude. Et l'avait ainsi rassuré aux moments opportuns.
«Parfois, tout ce dont nous avons besoin pour atteindre le sommet, c'est d'un simple geste de réconfort de la part de "l'artiste de l'humain" - que le sommet soit une montagne vertigineuse ou un objectif organisationnel crucial. (...)
«En conséquence, vous pouvez mettre votre bienveillance en déclinant au quotidien l'acronyme CARE. Oui, CARE pour Compassion-Acceptation-Reconnaissance-Enthousiasme. Ou encore, CARE pour Créer-Accueillir-Reconnaître/Respecter-Engager. Utilisez cet acronyme comme un déclencheur permettant de montrer que vous êtes bienveillant et que la bienveillance est plus qu'une émotion, soit une action qui permet de faire la différence.»
Voilà. Il ne vous reste donc plus qu'à mettre ce sage conseil en pratique, et ainsi devenir, à votre tour, un véritable "artiste de l'humain".
En passant, l'écrivain français Jules Renard a dit dans son Journal : «Le savant généralise, l'artiste individualise».
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