Vous avez échoué. Il y a longtemps ou il y a peu. Et, au fond de vous-même, vous avez le conviction que vous ne vous en êtes jamais remis, et peut-être même que vous ne vous en remettrez jamais. Du moins, c'est ce que vous vous dites. Mais voilà, avez-vous raison?
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Eh bien non, vous avez tort! Complètement tort. Pourquoi? Parce que ce raisonnement occulte une dimension fondamentale de votre être, à savoir votre faculté de résilience. C'est-à-dire cette capacité que nous avons tous, vous comme moi, d'affronter avec succès les risques et les déboires de l'existence. À l'image de n'importe quel corps physique, capable de résister aux pressions sans rompre, et mieux de reprendre sa structure initiale. Vous savez, cette aptitude que nous avons à rebondir, mise en évidence dans les années 1950 par la psychologue américaine Emmy Werner et développée par l'éthologue et neuropsychiatre français Boris Cyrulnik, après avoir observé, entre autres, des rescapés des camps de concentration et des orphelins roumains.
Alors, êtes-vous résilient au travail, ou pas? Autrement dit, avez-vous les atouts nécessaires pour faire preuve de résilience sur le plan professionnel? Pour vous en faire une idée, je vous invite à répondre à un petit quiz tiré du livre Faites rebondir votre carrière (Éd. Transcontinental, 2013) signé par Gérard Rodach, consultant en entreprise, et Delphine Barrais, journaliste indépendante.
Le principe est très simple : il vous suffit de répondre à chaque question par «Plutôt oui» ou par «Plutôt non»...
1. Êtes-vous autonome dans votre travail?
2. Êtes-vous optimiste de nature?
3. Êtes-vous quelqu'un de persévérant?
4. Vous parents vous incitaient-ils à rebondir en cas de revers ou d'échec?
5. À l'école, avez-vous eu à relever des défis qui vous ont endurci?
6. En famille, avez-vous déjà eu à résoudre des problèmes douloureux?
7. Votre environnement au travail vous incite-t-il à accepter des défis quotidiens?
8. Avez-vous déjà eu dans votre parcours professionnel des défis importants à surmonter?
9. Trouvez-vous votre emploi actuel difficile à accomplir?
10. Vous est-il déjà arrivé d'être encouragé ou félicité au travail après avoir surmonté des épreuves?
Bien. Maintenant, je vais vous demander de compter le nombre de «Plutôt oui» que vous avez, puis de consulter les commentaires qui vous correspondent :
> Vous avez au moins 7 «Plutôt oui». «Vous disposez des atouts nécessaires pour surmonter les épreuves actuelles ou à venir», disent les deux auteurs du livre.
> Vous avez entre 3 et 6 «Plutôt oui». «Recherchez dans des expériences passées ce qui vous a fait réussir à ce moment-là (ou ce qui vous a fait échouer). Car cela vous donnera des indications sur les points à travailler pour améliorer votre résilience au travail», suggèrent Mme Barrais et M. Rodach.
> Vous avez moins de 3 «Plutôt oui». «Ne vous affolez pas. Ce n'est pas parce que vous n'avez pas encore vécu de véritables situations d'échec que vous ne trouverez pas la force en vous pour les surmonter, le moment venu. Et ce n'est pas non plus parce que vous pensez ne pas avoir les atouts nécessaires pour vous montrer résilient que vous ne les avez pas en vous», notent le consultant et la journaliste.
On le voit bien, l'important est donc de cultiver sa résilience. Car, comme toute capacité individuelle, il est bel et bien possible de la développer. Et c'est là, d'ailleurs, une belle et grande nouvelle, pas vrai?
Comment y parvenir, au juste? Voici ce que recommandent les auteurs de Faites rebondir votre carrière :
«Vous pouvez recourir aux conseils suivants pour améliorer votre faculté à faire face à l'adversité [des conseils que vous gagnerez à adapter à votre cas particulier, que vous venez de déterminer à l'aide du quiz] :
> Prenez de la distance par rapport à l'événement. Un manque de succès est possible, mais n'est pas nécessairement dû à une erreur de votre part. Par exemple, si vous n'avez pas été choisi après un entretien d'embauche, ce n'est peut-être pas parce que vous avez dit une bêtise, mais parce que le recruteur, lui, a commis une erreur dans son choix, ou encore parce les critères de la sélection finale ne jouaient pas en votre faveur. Là encore, cette façon de voir les choses vous permettra de moins la considérer sous le coup de l'émotion, ce qui vous donnera l'occasion d'y réfléchir avec davantage de sérénité.
> Transformez la mauvaise nouvelle en donnée brute à traiter. Considérez-la comme une nouvelle information, et rien de plus : cela vous permettra d'écarter, du moins en partie, l'aspect émotionnel lié à celle-ci, un aspect qui empêche la plupart du temps de réagir adéquatement à la situation. Par exemple, ne prenez pas la démission d'un membre clé de l'équipe que vous pilotez pour un camouflet personnel, mais pour un nouveau paramètre à intégrer dans la réorganisation de votre équipe qui s'ensuit.
> Engagez-vous dans le combat. La mauvaise nouvelle vous a fait baisser les bras dans un premier temps. Soit. À présent, retroussez vos manches et prenez la ferme résolution d'y réagir comme il se doit! Comment? En établissant un plan tactique et en le mettant en oeuvre dans la foulée. Certes, ce plan ne vous permettra peut-être pas de réussir à surmonter l'obstacle du premier coup, mais au moins il vous donnera des repères et un but.
> Apprenez de votre mésaventure. Dites-vous que chaque événement, aussi malheureux soit-il, est source d'enseignements. Songez, par exemple, à ce que vous en retiendrez dans 5 ans. Dans 10 ans. Dans 25 ans. Vous en souviendrez-vous encore à ce moment-là? Vous préoccupera-t-il encore le moindrement? Ou plutôt, vous y serez-vous adapté depuis belle lurette, au point de ne plus jamais y songer une seule seconde? Bref, tentez de tirer une leçon de ce qui vous est arrivé. Une leçon à laquelle vous penserez aussitôt, au prochain coup dur.»
La preuve que ça marche? Les deux auteurs présentent un témoignage, celui d'Amélie, une institutrice de 34 ans qui venait de recevoir la responsabilité de diriger une classe de première année dont le niveau était «vraiment très mauvais» :
«Une collègue m'avait prévenue que cette classe comptait deux élèves perturbateurs qui empêchaient tous les autres de progresser. J'ai donc pris les devants et demandé en début d'année à chaque élève de citer deux de ses qualités et de chercher une manière de les développer davantage. Il a fallu du temps, mais cette démarche a porté ses fruits. Ces deux élèves ont pris conscience qu'ils possédaient des compétences positives et, en constatant que d'autres reconnaissaient ce fait, ils ont commencé à retrouver confiance en eux. Ils se sont mis à travailler, et le niveau de ma classé s'est élevé», raconte-t-elle.
Que retenir de tout ça? Ceci, je pense :
> Qui entend développer sa résilience au travail se doit d'apaiser son coeur, puis de reprendre ses esprits. Il lui faut, dans un premier temps, faire taire les émotions qui l'assaillent, en prenant le plus de distance possible avec l'événement malheureux qui vient de survenir. Et dans un second temps, s'en remettre à la réflexion pure pour élaborer le plan qui lui permettra de franchir l'obstacle en question. Enfin, il lui faudra chercher à tirer une nouvelle force de l'épreuve ainsi surmontée.
En passant, l'écrivain français Christian Bobin a dit dans Un désordre de pétales rouges : «L'indifférence est une épreuve. Le succès est une épreuve que l'on réserve à ceux que l'indifférence n'a pas su tuer».
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