Savez-vous quoi? Ces temps-ci, je ne cesse de rouler des mécaniques au bureau, en particulier les lundis matins. Pour une raison toute bête : mon équipe de soccer - Rennes - caracole en tête du classement du championnat de France, et surtout devant deux autres équipes de Ligue 1, celles de Saint-Étienne et de Nice, soutenues respectivement par mes collègues Denis Lalonde et Jérôme Plantevin. C'est là une belle occasion de se balancer des vannes, et donc, non seulement de démarrer la semaine du bon pied, mais aussi de créer une bonne ambiance de travail. (On s'amuse comme on peut...)
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Hier, comme le Stade Rennais a réussi le tour de force de se maintenir à la deuxième place du classement, tout juste derrière le PSG, j'en ai remis une couche. Et mieux, j'ai réussi à mettre la main sur un cahier spécial du quotidien régional Ouest-France, intitulé Stade Rennais, un état d'esprit et des ambitions, que je me suis empressé de partager avec mes deux collègues, en leur disant que s'y trouvaient les clés du succès de Rennes. Cela les a fait éclater de rire, bien entendu, mais il y avait un fond de vrai dans ce que je leur avais dit. Comme vous allez vous en rendre compte...
En effet, ce cahier spécial d'Ouest-France présente des entrevues de différents membres de l'équipe de direction du Stade Rennais, dont il ressort de précieuses idées pour créer un véritable esprit d'équipe. Des idées aussi simples qu'efficaces que tout un chacun peut librement appliquer dans son quotidien au travail, je pense. Voici de quoi il s'agit :
> Aller au-delà du concept d'équipe
Le président du Stade Rennais est René Ruello, en poste depuis 2014. À la question de ce qu'est son équipe à ses yeux, il répond : «C'est plus qu'une équipe de soccer, c'est un club, un état d'esprit, une culture». Chacun terme est important, et soigneusement pesé, je tiens à le souligner. Rennes est ainsi un 'club', c'est-à-dire un écosystème dynamique, pas juste un assemblage mécanique d'individus sachant taper dans un ballon. Il est un 'état d'esprit', c'est-à-dire une communauté d'intelligences qui, par-delà leurs différences, parviennent à communiquer entre elles avec aisance, au point d'être sur une même longueur d'ondes. Il est enfin une 'culture', c'est-à-dire une entité qui s'appuie sur son histoire et ses connaissances communes pour bâtir l'avenir.
«On voit souvent le Stade Rennais à travers l'équipe première, mais c'est une vision déformée. Le Stade, c'est aussi ses salariés, un lien social fort avec son environnement économique et culturel, et des attaches bien enracinées avec les clubs de la région», poursuit M. Ruello. Autrement dit, l'équipe doit sa vitalité aux connexions qu'elle a établies au sein de l'écosystème dans lequel elle évolue. Sa force, c'est sa connectivité. Et non pas, comme on le croit trop souvent, le seul talent de ses joueurs vedettes.
> Comprendre que l'argent nuit à la motivation
À son arrivée, le président René Ruello a pris une décision choc : baisser drastiquement les salaires des joueurs et des entraîneurs! Oui, vous avez bien lu. Il les a baissés. Pourquoi? Par souci d'économies, ou d'enrayer la surenchère des salaires des professionnels du soccer? Pas du tout.
«J'ai enclenché une nouvelle politique salariale qui se traduisait par une baisse des salaires des joueurs et des entraîneurs afin qu'ils se trouvent tous dans la même fourchette. Et ce, pour qu'ils se battent non pas pour l'argent, mais pour leur club et leurs partisans», explique-t-il. Et d'ajouter : «Je suis convaincu qu'il n'y a pas de construction de club si elle ne se fait pas en adéquation et en partenariat avec ses partisans. Les partisans sont un élément constitutif essentiel».
A priori, on aurait pu croire que le fait de sabrer dans les salaires affecterait méchamment la motivation de l'équipe. Et pourtant, c'est tout le contraire qui s'est produit : Rennes figure actuellement à la deuxième place du classement, je vous le rappelle. En rendant la grille salariale plus cohérente, pour ne pas dire plus équitable, le président est parvenu à former «une équipe soudée, solidaire et fidèle» ainsi qu'à «asseoir des relations de confiance et de loyauté permettant de travailler sereinement».
> Rester humble et lucide
«Le championnat, c'est un marathon, et on n'en est qu'au début. Celui qui va le gagner, on s'en doute déjà un peu. Derrière Paris, ça peut être Lyon, Monaco, ou encore Marseille, c'est-à-dire les habitués du podium, même s'ils n'ont pas encore atteint leur vitesse de croisière. Certaines équipes peuvent perturber ce pronostic, et on en fera peut-être partie. On a fini par le passé à la 12e place, à la 9e place... Si on approche cette fois-ci des cinq premières, ce sera une grosse performance», dit Philippe Montanier, l'entraîneur du Stade Rennais. Et de préciser : «Notre objectif, c'est de continuer à progresser».
> Ouvrir la porte à la relève
En l'espace de deux années, le Stade Rennais a été profondément remanié. «Nous avons réduit le nombre de joueurs, car certains en étaient réduits à jouer peu. Ce qui générait beaucoup de frustrations. Et ce qui bloquait les jeunes : maintenant, en fonction des besoins, nous pouvons aller puiser chez eux; avec cet avantage qu'ils peuvent ainsi se confronter au monde professionnel, et donc gagner en expérience et en espoir, du simple fait de constater que les portes s'ouvrent vraiment à eux», dit Philippe Montanier.
«Ceux qui sont partis sont les mêmes qui disaient que le club n'avait plus d'identité. À présent, un autre état d'esprit règne à Rennes. Et on en récolte les fruits aujourd'hui», ajoute le président René Ruello.
> Partager sa passion
L'Académie Rouge et Noir [les deux couleurs du chandail de Rennes] vise en premier lieu à former de jeunes joueurs professionnels pour l'équipe première. Mais ce n'est pas tout. Elle entend également ancrer le Stade Rennais dans sa région, la Bretagne.
«On se doit de partager notre passion. Pour cela, l'opération 'Les quartiers soccer-club' s'adresse aux enfants de 8-10 ans, garçons et filles, surtout à ceux qui ne sont pas licenciés dans un club. Ce n'est ni une détection de jeunes talents ni un tournoi. L'important, c'est que les enfants passent un après-midi dont ils se souviendront longtemps. À noter que les jeunes de l'Académie y animent des exercices», indique Landry Chauvin, le directeur de l'Académie Rouge et Noir.
Pour rapprocher encore davantage le Stade Rennais de son public, le Club Rouge et Noir vient d'être créé. Il s'agit d'un programme d'animations destiné aux jeunes amateurs de soccer, leur permettant de participer activement à différents événements. L'adhésion est gratuite et permet de se joindre, entre autres, à la Piv'Cup (un tournoi destiné aux jeunes de moins de 11 ans), à l'Escort Kids (le groupe d'enfants qui entrent sur le terrain en escortant chacun un joueur professionnel), ou encore au Challenge Mi-Temps (le mini-match de jeunes qui se déroule sur le terrain durant la mi-temps du match des joueurs professionnels).
«Ce qui sous-tend la vie du club, c'est aussi les quartiers, les forums pour l'emploi... Le soccer est un lien social extraordinaire, et il nous faut absolument en tirer parti», estime le président René Ruello.
Voilà. Vous savez à présent à quoi tient le succès actuel de Rennes, l'équipe de mon coeur. En résumé, à une approche novatrice du soccer, considéré non plus comme une addition de talents qu'il convient de gérer avec rigueur et fermeté, mais bel et bien comme un écosystème dynamique susceptible de grandir si, et seulement si, l'ensemble de ses éléments y contribuent. Une approche qu'il ne tient qu'à vous d'adopter au travail...
Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :
> Qui entend créer un véritable esprit d'équipe au travail se doit de percevoir son équipe non plus comme une addition de talents, mais comme un écosystème dynamique. Il lui faut considérer chacun comme un élément actif de cet écosystème, dont la mission première est de grandir en harmonie avec tous ceux qui l'entourent (et non à leur détriment!). Ce qu'il est tout à fait possible de faire, en s'inspirant de la petite révolution managériale qu'est en train d'effectuer le Stade Rennais.
En passant, l'écrivaine américaine Erica Jong a dit dans un entretien accordé au magazine français L'Express : «Il n'y a pas de loi qui puisse régir l'harmonie entre les êtres ; elle ne peut être réalisée que par un effort constant de chacun».
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