La patience. Une force ou une faiblesse, au travail? Pas facile de trancher, me direz-vous. Et pourtant, si. La patience est un véritable atout, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. C’est ce que j’ai saisi en parcourant un livre pétri d’intelligence : Le Pouvoir des petits riens - 52 exercices simples pour changer sa vie du psychologue américain Rick Hanson (Éditions des Arènes, 2013), récemment sorti en format de poche.
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter
L’un des exercices concerne en effet la patience, et je l’ai trouvé lumineux. Vous me connaissez, je ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous…
«Il est normal de vouloir que les choses arrivent en temps et lieu. Mais quelle attitude adopter si vous devez vous contenter d’un même poste de travail pendant plusieurs années avant de pouvoir en décrocher un meilleur? Si vous êtes coincé au téléphone avec une musique d’ambiance? Si vous attendez désespérement un courriel important? Si vous essayez d’installer un bambin remuant dans un siège-auto?
«La patience consiste à gérer les retards, les difficultés ou les gênes sans s’énerver. Les circonstances sont ce qu’elles sont, mais la patience, tel un amortisseur, vous protège de leur impact.
«À l’opposé, l’impatience considère les circonstances comme des freins ou des agressions, de sorte qu’elle entraîne de la frustration, de la déception ou de l’agacement. Puis l’insistance entre en jeu : «Il faut que ça change!» Mais, par définition, vous n’avez pas les moyens de faire respecter cet ordre (sinon, il n’y aurait aucune raison de s’impatienter). L’impatience associe les trois ingrédients du stress toxique : les expériences désagréables, la pression ou l’urgence ainsi que le manque de contrôle.
«Quand l’impatience vise les autres, elle renferme une critique implicite et de l’irritation qui les poussent à s’éloigner. Souvenez-vous simplement de ce que vous ressentez quand quelqu’un se montre impatient avec vous. Ou songez à la manière dont les gens réagissent quand vous vous montrez impatient avec eux.
«L’impatience est insatisfaction : c’est de la résistance aux choses telles qu’elles sont. La patience perçoit un accord fondamental, la porte du contentement. L’impatience est colère, la patience, sérénité. L’impatience se réduit à ‘ce qui ne va pas’ alors que la patience permet de rester parfaitement ouvert à la vision d’ensemble. L’impatience ne supporte pas les sentiments désagréables, la patience aide à tolérer l’inconfort physique et émotionnel. L’impatience exige d’être récompensée immédiatement, la patience accepte d’être gratifiée plus tard, renforçant ainsi l’amour-propre et les chances de succès.
«La patience peut sembler une vertu superficielle, mais en réalité elle incarne une compréhension profonde de la nature des choses. La patience renferme également une merveilleuse leçon sur le désir : il faut souhaiter les choses, certes, mais demeurer serein si elles nous échappent. La patience sait qu’on ne peut pas accélérer le cours d’un fleuve.
«Comment s’y prendre pour gagner concrètement en patience? Eh bien, on peut commencer par l’exercice suivant, visant à avoir une vue d’ensemble de la situation qui nous fait classiquement perdre patience. Il vous suffit de réfléchir aux questions suivantes :
> Que ressentez-vous quand vous êtes patient? Et impatient?
> Quels sentiments vous inspire une personne réellement patiente? Et une personne réellement impatiente?
> Qu’est-ce qui vous rend impatient?
> Qu’est-ce qui vous aide à rester patient?
«Puis, voici ce que vous pouvez faire face à des situations délicates :
> Esprit. Essayez de vous désengager des pensées qui vous poussent à l’impatience, comme la certitude d’avoir raison, le sentiment de supériorité ou l’insistance. Souvenez-vous que les normes diffèrent d’une personne à l’autre et d’une culture à l’autre. Rappelez-vous que rien n’est vraiment urgent (en général, bien entendu).
> Corps. Soyez conscient de toute sensation corporelle ou de toute émotion déclenchée par le retard ou la frustration - et voyez si vous pouvez les tolérer sans nécessairement réagir par des gestes d’’impatience. Détendez votre corps, calmez votre respiration, en vous concentrant sur les mouvements de votre ventre.
> Temps. Au lieu d’avoir l’impression de ‘perdre’ votre temps, trouvez des éléments positifs dans la situation que vous vivez. Ainsi, regardez tout autour de vous et cherchez quelque chose de beau. Souhaitez du bien aux autres. Idem, plutôt que de considérer que vous êtes ‘en attente’, explorez le sentiment d’être dans l’instant présent, et donc en mesure de l’apprécier.
> Compassion. Tâchez d’éprouver de la compassion pour ceux qui semblent vous gêner ou vous retarder. Par exemple, lorsque votre voiture est bloquée derrière un camion qui ramasse les poubelles, ayez une pensée émue pour ceux qui travaillent dur pendant que vous, vous êtes confortablement assis à écouter la radio, au lieu de klaxonner comme un fou.
> Retenue. À l’occasion d’une discussion qui vous fait classiquement sortir de vos gonds, montrez-vous plus patient que d’habitude. Essayez de réagir de manière plus posée et plus réfléchie, sans chercher à couper la parole aux autres. Accordez plus de temps aux autres pour qu’ils puissent avancer leur point, et laissez de côté les questions secondaires qui vous viennent en tête.
> Cadeau. Offrez la patience en cadeau - aux autres, en étant attentif à leurs problèmes, et à vous-même, en vous répétant que devenir plus patient contribue à cheminer sur la voie du bonheur.»
Bref, rappelez-vous toujours, le moment venu, que ‘la vie est un vaste paysage composé d’herbe douce et d’épines acérées : l’impatience peste contre les épines, la patience caresse l’herbe’. Car cela vous permettra de nourrir et de révéler ce qu’il y a de meilleur en vous. Ce qui, personne n’en doutera, est un précieux atout au travail.
En passant, le poète latin Horace a dit dans ses Odes : «La patience adoucit tout mal sans remède».
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter