BLOGUE. Les mauvaises nouvelles, personne n'aime ça. Encore moins ceux qui sont chargés de les annoncer, comme cela arrive de temps à autres aux leaders. Pourquoi ça? Essentiellement parce qu'on ne sait pas trop comment elles vont être reçues par les autres. Vont-elles inquiéter, faire pleurer, faire angoisser, voire faire fuir au loin les âmes les plus sensibles? Bref, vont-elles faire imploser l'équipe à laquelle on s'adresse?
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D'où le vif intérêt que j'ai eu en découvrant la parution dans Plos One de l'étude intitulée There is no news like bad news: Women are more remembering and stress reactive after reading real negative news than men. Celle-ci est signée par sept chercheurs du Centre d'études sur le stress humain (CESH) de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine de Montréal (Canada) : Marie-France Marin, Julie-Katia Morin-Major, Tania Schramek, Annick Beaupré, Andrea Perna, Robert-Paul Juster et Sonia Lupien. Elle montre, entre autres, que les femmes sont nettement plus sensibles aux mauvaises nouvelles que les hommes…
Ainsi, l'équipe de recherche montréalaise a demandé à 30 hommes et 30 femmes de se prêter à une petite expérience sur le stress. Il s'agissait de lire des nouvelles dans des quotidiens montréalais durant dix minutes. Une partie des participants devaient lire de mauvaises nouvelles, comme on en trouve tant dans les quotidiens (accident de voiture, fait divers sanglant, guerre, etc.). Et l'autre, des nouvelles "neutres" sur le plan émotionnel (critique culturelle, programme de spectacles, etc.).
Puis, les participants ont été soumis à une situation stressante, le Trier Social Stress Test (TSST). Les participants étaient placés devant un miroir et une caméra, et cachés derrière le miroir des examinateurs posaient des questions embarrassantes, voire moqueuses, pendant cinq longues minutes. Cela était suivi par une série de calculs mentaux complexes à faire, toujours devant le miroir et la caméra.
Il faut souligner que toutes les dix minutes, des échantillons de salive étaient prélevés auprès de chacun des participants. Pourquoi? Parce que l'analyse de la salive permet d'évaluer le niveau de cortisol – une hormone stéroïde sécrétée par le cortex de la glande surrénale –, lequel est un bon indicateur du niveau de stress que l'on ressent.
Enfin, le lendemain, les participants devaient indiquer ce dont ils se souvenaient de ce qu'ils avaient lu la veille, avant de vivre la situation stressante. C'est là que les sept chercheurs montréalais ont fait des découvertes intéressantes :
> La lecture de mauvaises nouvelles n'a pas modifié le niveau de cortisol des participants, c'est-à-dire que cela ne les a pas particulièrement stressés. Mais, à une exception près : les femmes. Ces dernières, contrairement aux hommes, ont vu leur niveau de cortisol grimper après avoir lu les mauvaises nouvelles.
> Les femmes qui ont lu les mauvaises nouvelles se souvenaient nettement mieux de ce qu'elles avaient lu que les hommes.
Autrement dit, les femmes sont plus sensibles aux mauvaises nouvelles que les hommes, en ce sens qu'elles y réagissent intérieurement davantage et qu'elles s'en souviennent davantage. «Celles qui avaient lu de mauvaises nouvelles se sont montrées plus émotives, plus irritables. Elles ont éprouvé davantage de difficultés à gérer une situation stressante immédiatement après y avoir été exposées», souligne l'étude.
Que retenir de tout cela? Eh bien, une chose très simple :
> Adaptez votre message. Quand il vous faut communiquer une mauvaise nouvelle à votre équipe, ayez toujours en tête que le message ne va pas avoir le même impact sur tout le monde. Certains – surtout les femmes – y seront sensibles, et d'autres, pas vraiment – surtout les hommes. Et certains s'en souviendront longtemps, et d'autres, pas vraiment.
Maintenant, vous me direz que c'est facile à dire, d'adapter son message. Pourtant, ce n'est pas si complexe que ça en a l'air :
> Donnez des faits. Ne cherchez surtout pas à noyer le poisson, car les autres sentiront vite que vous ne jouez pas franc-jeu avec eux, et vont se mettre à angoisser à cause de cela.
> Donnez la parole aux autres. Laissez chacun poser les questions qui le taraudent, car cela vaut mieux que de les laisser fermenter dans son esprit. Si vous avez la réponse, donnez-la ; sinon, promettez de la donner dès que vous l'aurez.
> Ouvrez une porte. Une mauvaise nouvelle, c'est souvent une porte qui se ferme. Il est donc important de ne pas laisser l'impression que l'équipe se trouve soudain dans une voie sans issue, il faut indiquer que d'autres voies sont toujours utilisables, voire explorables.
Terry Paulson et ses Chroniques d'un verre à moitié plein (Éditions Transcontinental, 2011) sont fort à propos dans un tel cas de figure. Voici d'ailleurs un extrait qui pourrait, je pense, vous inspirer pour "ouvrir une porte" aux autres…
«Demandez-vous ce que vous apporte l'adversité
«Ces moments où vous surmontez les obstacles et tirez des leçons de l'expérience ne sont que de brefs épisodes dans l'histoire de votre vie. Chérissez-les pourtant comme des trésors!
«Essayez sans relâche de convertir les obstacles et les difficultés en occasions. Suivez ce conseil de Norman Vincent Peale : "Devenez un être des possibles. Aussi sombres que semblent être ou que soient vraiment les choses, hissez-vous au-dessus d'elles et contemplez vos possibilités. Voyez-les, parce qu'elles sont toujours là".
«Ne fuyez pas les épreuves : affrontez-les! Entretenez des croyances et des pensées positives à propos de vos capacités. Entrevoyez toujours le succès au-delà des obstacles que la vie dresse sur votre chemin. Nourrissez vos bonnes pensées et appliquez-vous. Même dans les moments les plus difficiles, attardez-vous au coin de ciel bleu qui apparaît entre deux nuages.
«Plus l'épreuve est difficile, plus vous renforcerez votre caractère. L'accumulation des réalisations et des succès ne pourra alors qu'accroître votre sentiment de satisfaction. Quand nous abordons les situations avec optimisme, les épreuves peuvent se transformer en possibilités de réinventer une entreprise, réorienter nos compétences, raviver nos relations, ou même découvrir des sources d'investissement inexplorées. "La difficulté est source d'occasions", disait Albert Einstein. Puisse cette vérité être la vôtre!»
En passant, Jean-Paul Filion a dit dans Les murs de Montréal : «L'espoir est l'envers de la mort».
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