J'ai deux questions pour vous, aujourd'hui. La première : «Vous sentez-vous vraiment bien au travail?». Et la seconde : «Croyez-vous que vos collègues se sentent vraiment bien au travail?» Prenez le temps d'y penser et d'y apporter à chaque fois une réponse argumentée. Oui, prenez le temps, car ça va en valoir la peine...
Bien. Maintenant que vous avez votre réponse en tête, je vais partager avec vous les résultats d'un sondage mené à l'échelle mondiale par le cabinet d'études Ipsos pour le compte de Steelcase, une firme spécialisée dans le mobilier et le design de bureau. Un sondage qui portait justement sur le bien-être au travail. Un sondage passionnant, comme vous allez le voir.
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Ainsi, il a été demandé aux quelque 10 500 personnes interrogées, dont des Canadiens, de dire s'ils étaient globalement satisfaits au bureau, et le cas échéant d'indiquer ce qui faisait que leur vie n'y était pas toujours rose. Voici l'essentiel de ce qui en est ressorti :
> 1 employé sur 3 est insatisfait au travail. 31% des personnes interrogées ne sont «pas» ou «pas du tout» satisfaits au bureau. Ce qui signifie qu'ils ne trouvent pas matière à s'épanouir dans leur quotidien au travail.
> Un pénible sentiment d'isolement. La principale raison de l'insatisfaction des employés réside dans le fait qu'ils se sentent isolés au bureau (68%). Une raison à laquelle s'ajoute une autre, qui lui est clairement liée : ils détestent travailler dans un espace à aire ouverte (open space, en anglais). De fait, les espaces à aire ouverte sont des design de bureau de plus en plus populaires - aujourd'hui, 25% des employés travaillent dans ceux-ci, tandis qu'il n'y a plus que 34% des employés qui travaillent dans des bureaux à cubicules -, mais le hic, semble-t-il, c'est que ça ne les réjouit guère.
> Un environnement de travail stressant, impersonnel et froid. Que les employés insatisfaits reprochent-ils, au juste, à leur environnement de travail? Eh bien, ils le trouvent surtout «stressant» (35%), mais aussi «impersonnel» (20%) et «froid» (15%). C'est-à-dire qu'ils ne s'y sentent pas chez eux, et par suite, ne s'y sentent pas bien.
> Des employés faiblement engagés. Les résultats du sondage mettent en lumière une corrélation directe entre le niveau de satisfaction des employés et leur niveau d'engagement dans leur travail. C'est bien simple, plus un employé est satisfait au travail, plus il est motivé à donner son 110%. Et inversement, moins il est satisfait au travail, moins il s'engage dans celui-ci. À tel point que que les seuls 11% qui se disent vraiment satisfaits au bureau affichent une vraie belle performance au travail.
> Des employés faiblement concentrés. Une autre étude citée par Steelcase montre que l'on est interrompu dans notre travail en moyenne toutes les 11 minutes. Un chiffre qui explique pourquoi 1 employé sur 2 (46%) estime qu'il lui est carrément impossible de se concentrer au bureau.
Voilà. Des chiffres qui font froid dans le dos, n'est-ce pas? Aviez-vous en effet réalisé à quel point vous aviez des collègues insatisfaits autour de vous? Regardez mieux à présent, parce que sur les trois à proximité, il y en a forcément un qui souffre, jour après jour (même s'il semble bien cacher son jeu)!
Bien entendu, le sondage n'en est pas resté à ce constat dramatique. Comme il a mis en évidence le fait que le design des bureaux influençait directement la satisfaction des employés, et par suite leurs engagement et performance, il a offert la possibilité aux experts en design de Steelcase de faire quelques suggestions pour corriger le tir :
> Mobilité. Aujourd'hui, 79% des employés travaillent encore avec un ordinateur fixe. Du coup, ils sont rivés à leur bureau. Or, l'étude montre que plus de mobilité accroît la satisfaction. Pourquoi? Parce que cela leur permet d'être efficaces partout, par exemple lorsqu'il leur faut travailler une heure au bureau d'un collègue (il lui suffit dès lors d'embarquer son iPad et de se brancher à son Google Drive personnel), puis filer à une réunion, pour ensuite rencontrer vite fait un client. D'où l'intérêt de miser davantage sur la mobilité, d'autant plus que seulement 36% des employés ont accès à des outils de travail mobiles.
> Liberté. Actuellement, 82% des personnes interrogées qui pouvaient choisir et changer d'espace de travail au cours d'une même journée estiment que leur environnement de travail est «un endroit approprié pour travailler». D'où l'intérêt d'offrir un certain choix d'espaces de travail à ses employés et de leur laisser un certain contrôle sur celui-ci : cela peut passer, entre autres, par la possibilité de travailler une journée par semaine à la maison, ou encore par celle de choisir son propre mobilier ou son propre emplacement de bureau. Car cela contribuera a atténuer le sentiment d'impersonnalité et de froideur que laissent trop souvent les bureaux actuels, en particulier ceux à aire ouverte.
Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :
> Qui entend accroître d'un coup le bien-être de ses employés se doit d'augmenter leur connectivité. Il lui faut prendre des mesures favorisant la multiplication des connexions de chacun au sein de l'écosystème dans lequel il évolue. Car plus chacun aura la possibilité d'être mobile et libre au bureau, plus il sera amené à entrer en contact avec les autres, et plus il aura d'occasions de s'épanouir dans le cadre de son travail. Pour son bienfait, mais aussi pour celui de l'ensemble de son équipe, voire de son entreprise. Quelles mesures, au juste? Eh bien, des mesures ayant trait avec le design du bureau, ce dernier gagnant à être vu et pensé comme un écosystème, à savoir comme un espace de vie appelé à croître si, et seulement si, il y règne l'harmonie. C'est aussi simple que ça.
En passant, l'écrivain britannique Aldous Huxley a dit dans Le Meilleur des mondes : «Le bonheur est un maître exigeant, surtout celui des autres».
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