Les immigrants. Des voleurs de jobs, ou au contraire, des décupleurs de performance? Des profiteurs, ou au contraire des enrichisseurs? Chacun a son opinion sur le sujet, une opinion souvent, d'ailleurs, tranchée. Pas vrai?
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Alors, qui a raison et qui à tort? Le débat ne sera jamais clos, me direz-vous. Voire…
En effet, j'ai mis la main sur une étude fort intéressante, intitulée The impact of immigrant classmates on educational outcomes in egalitarian Norway. Celle-ci est signée par Gunn Elisabeth Birkelund, professeure de sociologie à l'Université d'Oslo (Norvège), assistée de son étudiant Are Skeie Hermansen. Elle montre que l'immigration est loin d'être – comme on le croit trop souvent – un "mal nécessaire"…
En Norvège, les immigrants représentent aujourd'hui près de 15% de la population, d'après Statistique Norvège (ce pourcentage était de 1,5% en 1970…). Historiquement, les immigrants venaient surtout du Pakistan, de la Turquie, de l'Inde et du Maroc. Plus récemment, il s'agit essentiellement de personnes issues du Vietnam, du Chili, de l'Iran, de Somalie et de l'ex-Yougoslavie.
Le pourcentage actuel d'immigrants en Norvège est similaire à celui d'autres pays développés, à l'image des Pays-Bas, de l'Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis, selon les données de l'OCDE. En guise de comparaison, il est au Québec d'environ 12%.
Les deux chercheurs norvégiens, donc, ont voulu savoir si ces immigrants-là avaient un impact positif sur l'ensemble de la population, ou pas. Plus précisément, ils se sont penché sur un point : l'école. Leur interrogation : la présence d'immigrants dans une classe booste-t-elle, ou plombe-t-elle, la performance de l'ensemble des élèves?
Pour s'en faire une idée, ils ont regardé le parcours scolaire de 310 742 élèves évoluant dans 750 écoles norvégiennes, entre 2001 et 2006. Et ils ont choisi d'analyser la performance de ceux qui étaient en 10e année (l'équivalent de la secondaire 4 au Québec), une année cruciale puisqu'elle détermine le passage l'année suivante au niveau collégial des jeunes Norvégiens, lequel se fait un an plus tôt que pour les jeunes Québécois.
Leur but était, somme toute, très simple. Il s'agissait de voir s'il y avait la moindre corrélation entre le pourcentage d'enfants d'immigrants et la performance des élèves de la classe.
Résultats? Les voici :
> Un impact positif. Plus le pourcentage d'enfants d'immigrants est élevé, plus les élèves ont de chances de réussir leurs examens de fin d'année, et donc de passer au niveau collégial.
> Un impact généralisé. Ceux qui bénéficient de cet effet d'entraînement sont, avant tout, les enfants d'immigrants eux-mêmes, qu'ils soient de la 1ère ou de la 2e génération. Mais en bénéficient également, certes dans une moindre mesure, les enfants de natifs.
> Un effet durable. Plus le pourcentage d'enfants d'immigrants est élevé dans une classe de 10e année, plus les élèves de celle-ci ont de chances d'aller jusqu'aux bancs de l'université. Cela étant, l'influence ne semble pas aller jusqu'à améliorer leurs chances de décrocher un diplôme universitaire.
Je crois que c'est clair. On gagne, sans l'ombre d'un doute, à miser sur la diversité. Pourquoi, au juste? C'est ce que se sont demandé les deux chercheurs norvégiens. Après réflexion, ils avancent deux hypothèses, sans être toutefois en mesure de les vérifier :
> Motivation. La diversité motive les uns et les autres à redoubler d'efforts pour atteindre les objectifs visés.
> Décisions. La diversité incite les enseignants et leur école – ou, si vous préférez, les managers et leur entreprise – à prendre des décisions propices au succès des élèves, décisions qu'ils ne prennent pas lorsque la diversité est faible.
Qu'en pensez-vous? Ces explications tiennent-elles la route? En voyez-vous d'autres?
Maintenant, que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :
> Apportez de la diversité à votre équipe. Car celle-ci en sera d'autant plus performante. Et de surcroît, de manière durable. Bref, n'hésitez pas à ajouter de la couleur à votre vie.
En passant, l'anthropologue français Claude Lévi-Strauss a dit dans Race et Histoire : «On refuse d'admettre le fait même de la diversité culturelle ; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit».
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