BLOGUE. Aujourd'hui, j'ai un petit jeu pour vous. Ou plutôt une question piège. Pour commencer, regardez bien la photo qui illustre cet article. Oui, fixez bien cette jolie jeune femme. Prenez votre temps.
Ça y est? C'est fait?
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Parfait. Voici ma question : «À votre avis, cette personne est-elle mormone?».
Ce qui m'intéresse, c'est la première réponse qui vous est venue en tête. La toute toute première, pas celle issue de votre réflexion, ou d'un second regard porté à la photo.
Vous avez donc une réponse, même si, bien entendu, vous n'avez aucune idée de si celle-ci est la bonne, ou pas. Accrochez-vous bien, je suis en mesure de dire quelle est votre réponse! Si, si. Vous avez pensé…
«Oui, elle est mormone», juste avant de songer qu'en fait, vous n'en aviez aucune idée fondée. Comment ai-je fait? C'est très simple. Je vais vous l'expliquer par une petite anecdote tirée du magazine Psychology Today…
Il y a de cela quelques années, une certaine Brook White a fait une apparition à l'émission télévisée American Idol. Cette belle jeune femme de 24 ans aux cheveux blonds ondoyants a aussitôt fait effet auprès du public, en particulier sur les médias sociaux. Curieusement, un grand nombre de messages sur Facebook s'interrogeaient sur un point : la jeune chanteuse était-elle membre du mouvement religieux des Mormons, ou pas? Beaucoup de mormons se sont mis à l'affirmer, avant même qu'elle n'ait fini sa chanson, et ce, sans avoir jamais avoir entendu parler d'elle auparavant. Le plus étrange fut… qu'ils avaient raison!
Eh oui, cette belle jeune femme que vous avez longuement regardée est Brook White, qui est bel et bien mormone. Et 60% d'entre vous l'ont repéré du premier coup d'œil, sans même y réfléchir une seconde. Je le sais parce qu'une étude a été menée à ce sujet.
Nalini Ambady, professeure de psychologie à Stanford (États-Unis), et Nicholas Rule, professeur de psychologie à l'Université de Toronto (Canada), ont eu vent de l'histoire et ont voulu savoir comment un tel phénomène était possible. Ils ont pris plein de portraits de personnes, les unes étant mormones et les autres, pas. Puis, ils les ont montré à des personnes qui n'étaient pas mormones et leur ont demandé d'indiquer lesquelles, à leur avis, étaient mormones.
En théorie, chaque participant à l'expérience avait 1 chance sur 2 de voir juste à chaque fois. Mais voilà, le pourcentage s'est révélé différent : dans 60% des cas, les gens devinaient, comme ça, intuitivement, qu'une personne était mormone ou ne l'était pas. Soit un écart de 10 points de pourcentage qui est statistiquement signifiant.
L'explication? Pour la trouver, les deux chercheurs ont eu l'idée d'identifier les parties du visage qui permettaient aux gens de savoir qu'une personne était mormone, ou pas. Ils ont donc découpé les portraits, et présenté, par exemple, juste les yeux : là, le pourcentage est retombé à 50%, ce qui indiquait que le regard n'était pas un signe distinctif. Puis, juste les cheveux : échec. Le nez : échec. La bouche : échec. Etc. Ils ont failli laisser tomber, quand ils ont fini par présenter in-extremis un simple morceau de peau du visage : succès!
Ainsi, l'on voit que quelqu'un est mormon rien qu'en apercevant la peau de son visage. Qu'a celle-ci de particulier, du moins que d'autres n'ont pas? Eh bien, elle est… belle. Elle respire la santé. Et de fait, le mode de vie des Mormons les amène à être en meilleure forme que d'autres. Ils ne boivent pas, ils ne fument pas et ils ont un large réseau social, ce qui est excellent pour la santé. Idem, ils bénéficient aux États-Unis d'une longévité supérieure en moyenne de 10 années aux autres Américains.
Saisissant, n'est-ce pas? Notre cerveau est conçu pour repérer instantanément les personnes qui sont en bonne santé, et inversement celles qui le sont moins, ce qui nous amène à être attirés par les unes et à nous écarter des autres. Et cette faculté nous permet d'évaluer, sans trop nous tromper, si un individu est mormon, ou pas.
Ce n'est pas tout! Peut-on appliquer cette trouvaille au leadership? La réponse est : «oui».
Une petite explication préalable s'impose… Avez-vous déjà entendu parler du ratio largeur-hauteur (RLH ; en anglais, WHR pour width-height ratio)? Il s'agit du ratio entre deux mesures effectuées sur le visage d'un homme : la première mesure est la distance entre les extrémités des deux pommettes, et la seconde, celle entre le haut des lèvres et le haut du nez. On a un RLH élevé quand il dépasse 1,9. C'est le cas, entre autres, pour Richard Nixon (2,02), Bill Clinton (2,07) et John Edwards (2,38).
Trois chercheurs ont eu la curiosité de regarder s'il y avait la moindre corrélation entre le RLH d'un PDG et le succès financier de l'entreprise qu'il dirige, à savoir : Elaine Wong et Michael Haselhuhn, tous deux professeurs de management à l'Université de Californie à Riverside (États-Unis), et Margaret Ormiston, professeure de comportement organisationnel à la London Business School. Ils ont ainsi analysé les traits de 55 PDG figurant dans le palmarès Fortune 500, et ont découvert – ô surprise! – qu'il y avait un lien entre les deux.
C'est simple, plus le RLH du PDG est élevé, plus l'entreprise a de chances de voler de succès en succès. Oui, plus le PDG est large de visage, c'est-à-dire des pommettes écartées, plus il va briller sur le plan professionnel, et l'entreprise avec lui.
Comment expliquer cet étrange constat? Eh bien, il semble que la testostérone a un effet particulier sur la formation du crâne des hommes durant la puberté : plus cette hormone est présente à ce moment-là, plus elle élargit le visage. Du coup, les hommes larges de visage sont des hommes qui sont souvent bourrés de testostérone, du moins plus que la plupart des autres. Ce qui a pour conséquence, entre autres, d'être généralement perçus par les autres comme des leaders.
Une expérience amusante a été menée à cet égard… En Suisse, il a été demandé à de jeunes écoliers de regarder des photos d'hommes et de dire lesquels feraient de «bons capitaines de bateau». Vous savez quoi? Il s'agissait de photos de candidats politiques à de prochaines élections locales, et 70% des enfants ont désigné ceux qui ont, par la suite, été effectivement élus! Ceux-ci avaient des traits de leaders.
Il ne vous reste plus maintenant qu'à prendre une photo de vous et un décimètre, et voir si vous êtes un leader né aux yeux des autres, ou pas...
En passant, Laozi aimait à dire : «Qui domine les autres est fort. Qui se domine est puissant».
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