BLOGUE. Soyons clairs, qu'attend de vous votre boss, jour après jour : d'être performant. Performant dans ce qui vous est demandé. Et performant dans ce que vous entreprenez. Très bien, mais, au fond, qu'est-ce qui vous permet d'être vraiment performant au travail? Les ressources mises à votre disposition? La qualité de l'équipe qui vous entoure? Votre propre talent? Ou encore quelque chose d'autre?
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La réponse à cette interrogation se trouve, je pense, dans une étude intitulée Driven to work and enjoyment of work: Effects on manager's outcomes. Celle-ci est le fruit du travail de : Laura Graves, professeure de management à l'École de management Clark (États-Unis); Marian Ruderman, directrice, leadership global et diversité, du Centre de leadership créatif (États-Unis); Patricia Ohlott, gestionnaire de projet du Centre d'apprentissage collaboratif OMG (États-Unis); et Todd Weber, étudiant en management à l'Université Nebraska-Lincoln (États-Unis). Elle met au jour le fait que qu'une seule chose motive vraiment les managers à exceller…
Ainsi, 346 managers issus de 314 entreprises établies aux États-Unis ont participé à l'expérience concoctée par les quatre chercheurs. Il s'agissait, dans un premier temps, de répondre à un questionnaire détaillé sur leur motivation réelle au travail (la confidentialité des réponses était garantie). Celui-ci portait plus précisément sur cinq facteurs :
> L'estime de soi. Elle était mesurée sur une échelle de 5 points à l'aide de phrases comme «En général, je suis satisfait de moi».
> L'intérêt. Il était ici question de l'intérêt que l'on a à travailler, tant de l'intérêt direct (rémunération, etc.) qu'indirect (attente de résultats de la part du boss, etc.).
> Le plaisir. Il était évalué avec des phrases du genre «Mon travail est si intéressant que je n'ai pas l'impression de travailler».
> La tension psychologique. Elle peut amener, si elle est forte, à la dépression et au burnout.
> La carrière. La recherche du succès dans sa carrière peut être un moteur pour la performance personnelle.
Dans un second temps, les participants ont dû accepter une évaluation à 360 degrés. C'est-à-dire qu'ils ont autorisé que plusieurs de leurs proches collaborateurs aient été interrogés de manière exhaustive à leur sujet (là encore, la confidentialité des réponses était garantie). Ces proches pouvaient être leur boss immédiat, des collègues, ou encore des clients.
L'objectif de l'évaluation à 360 degrés était de mesurer avec précision la performance individuelle de chacun des participants à l'expérience. Et ce, sur différents plans : le leadership, l'esprit de coopération, le risque de dérapage professionnel, etc.
Après ça, Mmes Graves, Ruderman et Ohlott et M. Weber ont regardé les éventuelles corrélations entre toutes ces données. Résultats? Forts instructifs…
> Le plaisir au travail est corrélé positivement à la carrière et à la performance et il est corrélé négativement à l'intérêt.
> Quand le plaisir est élevé, l'intérêt n'a aucune incidence sur la performance et sur la tension.
> Quand le plaisir est faible, l'intérêt a une incidence positive, mais faible, sur la performance et sur la tension.
> L'estime de soi est corrélée positivement au plaisir et négativement à l'intérêt.
Je sais, tout ça n'est pas très clair. C'est pourquoi je me permets de vous présenter ces résultats de manière plus intelligible, sous forme de conseils :
> Si vous voulez booster votre performance au travail, cherchez avant tout à être plus heureux dans ce que vous faites. Car plus on est heureux au travail, plus on est performant.
> Si vous êtes plus ou moins heureux au travail et voulez booster votre performance, ne travaillez pas avec l'idée en tête que vous œuvrez dans votre intérêt personnel ou dans celui de votre entreprise, car cette idée, au contraire, ne fera que miner votre efficacité. Ôtez-vous l'idée d'intérêt de l'esprit, et concentrez-vous sur ce que vous aimez le plus faire dans votre travail : ça, ce sera payant pour votre performance.
> Si vous êtes malheureux au travail, mais voulez tout de même booster votre performance, alors là, cherchez un intérêt à ce que vous faites (ex.: «Dans 15 jours, je vais toucher mon chèque»). Ça vous motivera un tant soit peu. Le hic? Cela accroîtra par la même occasion la tension que vous ressentez déjà au travail, et donc le risque d'épuisement professionnel à moyen et long terme.
> Si vous voulez booster votre carrière, il convient, là aussi, de miser sur une chose : le plaisir au travail. Faites-vous plaisir, et votre carrière fera un bond en avant, comme par magie!
«Les managers qui carburent au plaisir vivent au quotidien avec moins de tensions que les autres, sont plus appréciés de leurs proches collaborateurs que les autres et connaissent les plus belles progressions de carrière. Tout cela grâce au simple fait que leur performance est supérieure à celle des autres», indiquent les quatre chercheurs dans leur étude.
«En revanche, ceux qui se soucient surtout de leur intérêt personnel – que ce soit parce qu'ils veulent gagner plus d'argent ou parce qu'ils sentent le poids menaçant de leur boss sur les épaules – ne réussissent pas à afficher d'aussi belles performances que ceux qui ont du plaisir à travailler. Par suite, ils sont peu appréciés de leurs collègues, leur avancement professionnel n'est pas celui qu'ils espèrent, les frustrations s'accumulent, et les tensions avec. À long terme, cela peut finir par un dangereux épuisement professionnel», ajoutent-ils.
Bref, un conseil pour résumer le tout :
> Souriez, et le monde vous sourira!
Eh oui, il suffit de changer vos priorités dans la vie au travail pour que votre quotidien change du tout au tout. Dîtes-vous que seul compte le plaisir, le reste suivra de lui-même. C'est aussi bête que ça.
En passant, un avertissement de l'actrice américaine Sharon Stone prodigué lors d'une entrevue à Studio magazine, en 2005 : «Le plaisir est fugitif, pas le bonheur».
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