BLOGUE. «Encore une réunion!» Qui d'entre nous n'a pas eu cette pensée à la vue d'une nouvelle convocation à une réunion "importante" dans sa boîte de courriels? Et qui n'a pas aussitôt cliqué sur «Accepter» – sans réfléchir –, en se disant qu'il n'avait pas d'autre choix que de confirmer sa présence et qu'il verrait bien à la dernière minute comment justifier son absence? Hein?
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La question saute aux yeux : pourquoi multiplions-nous ainsi les réunions? Suivie en toute logique par : ne nous tirons-nous pas une balle dans le pied à vouloir aussi souvent nous réunir?
Deux professeurs de finance ont voulu en avoir le cœur net : Stephen Gray, de l'Université du Queensland (Australie), et John Nowland, de l'Université municipale de Hong Kong (Chine). Dans le cadre de leur étude intitulée Do CEOs and directors get sick of attending meetings?, ils ont regardé quel impact cela pouvoir avoir sur les hauts-dirigeants de multiplier les réunions.
Pour ce faire, ils ont consulté la base de données Connect4 Annual Reports, qui compile tous les rapports annuels des entreprises établies en Australie. Ils se sont intéressé en particulier à 1 645 entreprises, sur une période de temps allant de 2004 à 2007. Et ils ont regardé les présences à chacune des réunions tenues par le conseil d'administration, tant celles qui étaient prévues de longue date que celles qui étaient organisées à la dernière minute (par exemple, à la suite du départ imprévu du PDG ou de mauvais résultats financiers trimestriels).
Qu'ont-ils appris de la sorte? Deux choses fort intéressantes :
> Absentéisme. Plus on augmente le nombre de réunions, plus l'absentéisme à celles-ci croît. Ainsi, pour toute réunion qui s'ajoute, il y a un risque de 14% que la personne convoquée n'honore pas les autres de sa présence, si celle-ci est externe à l'entreprise. Ce risque est de 12% si la personne concernée est interne à l'entreprise. Et ce – soulignons-le –, alors même que la présence aux réunions d'un conseil d'administration est absolument requise!
> Argent. Plus un haut-dirigeant touche un gros salaire, plus il est présent aux réunions du conseil d'administration de son entreprise. Cela étant, certains facteurs peuvent amener un haut-dirigeant à esquiver des réunions importantes, comme le fait qu'il a déjà beaucoup de réunions à son agenda ou que le conseil d'administration compte un grand nombre de membres (il s'imagine peut-être que son absence aura dès lors plus de chances de passer inaperçue…).
Par conséquent, plus on tient de réunions, moins les gens y participent. Et ceux qui sont a priori les plus susceptibles d'aller aux réunions de dernière minute (bien souvent, les principaux intéressés, à savoir ceux qui touchent les plus gros salaires) sont aussi ceux qui ont le moins de chances de pouvoir y être (surtout en raison de leur agenda déjà chargé).
Que retenir de tout cela de manière pratique? Trois conseils ultrasimples :
> Pensez-y à deux fois avant d'organiser une réunion de dernière minute. Car son efficacité va forcément laisser à désirer, même si vous jugez a priori que celle-ci est "vraiment importante".
> Innovez. Tentez de trouver ce qui pourrait faire que tous ceux qui seraient tentés par l'idée de ne pas venir à votre réunion de dernière minute ne passent pas à l'acte. Par exemple, n'y aurait-il pas un incitatif qui pourrait les faire changer d'idée (un prix de présence, etc.)? Ou bien un argument qui serait déterminant?
> Organisez-vous autrement. Demandez-vous si la réunion de dernière minute que vous projetez de tenir est si nécessaire que cela. Quel est son but véritable? Y aurait-il un autre moyen d'atteindre ce but? Ce moyen est-il envisageable?
Voilà. Maintenant, c'est à vous de jouer.
En passant, l'écrivain français Paul Morand aimait à dire : «Que de temps perdu à gagner du temps!»
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