Vous savez quoi? Dans une poignée de jours, tout le monde va rentrer au travail. C'est-à-dire que tout le monde va revoir les mêmes têtes, tout le monde va entendre les mêmes anecdotes de la période des Fêtes (la belle-sœur malade à cause du chocolat, le cousin qui a défoncé sa voiture, etc.) et tout le monde va reprendre sa petite routine…
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Je vous ai cassé le moral, n'est-ce pas? Rassurez-vous, je ne faisais que grossir le trait. En vérité, chacun va, certes, un peu traîner des pieds en retournant au bureau, mais ce ne sera pas pour autant un drame. Au contraire, même. Car le côté positif de tout ça, c'est que, vous qui êtes chef d'entreprise ou manager, vous avez là une occasion en or de booster le moral de vos employés! Si, si…
Je vous invite en effet à découvrir cinq idées démentes – pour ne pas dire carrément géniales – pour redonner instantanément le sourire à vos employés. Mieux, pour les faire bondir de joie. Et par suite pour vous considérer comme le meilleur boss qu'ils aient jamais eu dans la vie.
Le principe est simple : vous lisez soigneusement le descriptif de ces idées, vous en choisissez une (ou plus) et vous annoncez dans la première semaine de 2015 que vous allez l'appliquer d'ici les prochains mois. Et le tour est joué!
Idée #1 – Des congés à volonté
Virgin. Ou encore Netflix. Vous avez sûrement déjà entendu parler de ces entreprises américaines. Mais saviez-vous que leurs salariés peuvent prendre autant de jours de congé qu'ils souhaitent – un jour, une semaine, un mois,… –, sans même à avoir à demander l'autorisation de leur superviseur?
Je sais très exactement ce que vous êtes en train de penser: « Ça ne se peut pas ! Si on faisait ça chez nous, on n'aurait plus qu'à mettre la clé sous la porte… ». Mais détrompez-vous. Tout d'abord, Virgin et Netflix sont-elles sur le point de fermer ? Pas du tout, elles sont parmi les plus performantes du monde dans leur secteur d'activité. Ensuite, dites-vous bien qu'il s'agit là d'une politique managériale audacieuse, mais surtout ultra payante pour l'employeur:
– En cette période de guerre des talents, l'idée d'avoir des congés à volonté séduit tout le monde, et en particulier les personnes les plus douées qui œuvrent chez les concurrents. C'est donc un truc génial pour faire venir à soi les perles rares, sans se donner la peine de les chercher partout, en vain.
– L'employeur croulant sous les lettres de candidature, il lui devient aisé de composer des équipes aux talents variés et complémentaires. Et donc, de viser des objectifs plus ambitieux que jamais.
– Les employés étant enchantés par le traitement royal qui leur est accordé, ils ont à cœur que cela perdure. Ce qui signifie qu'il leur faut à tout prix donner le meilleur d'eux-mêmes pour que l'entreprise aille de succès en succès. Et donc, qu'il leur faut donner leur 110 % quand ils sont au travail.
Et voilà. C'est aussi simple que ça. À noter que si l'idée vous intéresse, il ne faut pas traîner pour l'adopter et la mettre en vigueur. Pourquoi ? Parce qu'elle ne porte fruits que si aucun concurrent ne l'applique avant vous.
Idée #2 – Une journée de télétravail par semaine
Travailler de chez soi. Nous en rêvons tous, de temps à autre. Alors pourquoi ne pas le faire ? Oui, pourquoi ne pas offrir à vos employés la possibilité de travailler une journée par semaine à la maison ?
Ça leur permettrait de ne pas avoir à perdre des heures dans la voiture ou les transports en commun, et donc d'en profiter pour se lever un peu plus tard que d'habitude, pour leur plus grande joie. Ça leur permettrait aussi d'être plus efficaces, ne ressentant plus la pression exercée involontairement par les collègues, voire vous-même: vous savez, ces petits gestes d'impatience parce que ce vous attendez d'eux ne vient toujours pas, par exemple.
La difficulté dans la mise en place d'une telle mesure ? Elle provient en général des managers. C'est-à-dire de ceux qui pensent que pour bien fonctionner leur équipe doit être présente en permanence autour d'eux, un peu comme une mère poule qui se met à paniquer si jamais l'un de ses poussins n'est plus à portée de vue. Ceux-là opposent une farouche résistance à ce genre de changement, parce qu'ils le perçoivent comme une attaque frontale à leur pouvoir.
Si l'idée vous intéresse, il convient par conséquent de bien l'expliquer aux managers au préalable. Et d'être à l'écoute de toutes leurs critiques, les virulentes comme les plus anodines en apparence. Car cela vous permettra de ne pas aller droit dans le mur.
Idée #3 – La retraite en début de carrière
Cette idée est née d'un repas avec des amis, après avoir pris quelques verres de vin. Tout le monde a bien ri quand l'un des invités a lancé, d'un ton philosophe: « La retraite, c'est bien beau, mais ça sert à quoi si on est presque grabataire ? Faudrait la prendre en début de carrière, quand on a mille rêves à réaliser, et surtout quand on est en mesure d'y aller à fond ».
Idée saugrenue ? Pas tant que ça, quand on y songe bien. On pourrait imaginer que vous proposiez à vos jeunes recrues de consacrer leurs premiers mois de travail à l'un des rêves de leur vie, à vos frais pour l'essentiel. Comme un voyage de trois mois en Australie, du bénévolat à l'étranger, ou encore la rédaction d'un roman.
Quel intérêt pour l'employeur ? Ça me paraît évident: l'expérience va marquer à vie le jeune employé, qui va nécessairement en ressorti grandi, pour ne pas dire plus mûr. Celle-ci va être pour lui un apprentissage de la vie, en un temps record. Résultat ? En tant qu'employeur, vous aurez gagné un employé non seulement reconnaissant (et donc plus fidèle qu'un autre), mais aussi plus efficace dans son travail (et donc plus productif qu'un autre) puisqu'il aura plus de "vécu" qu'un autre jeune du même âge. CQFD.
Idée #4 – Une salle de silence
Quel est le point commun de tous les bureaux ? D'absolument tous les bureaux, quelle que soit leur configuration ? Les perturbations, qui sont omniprésentes. Il y a le bruit : dans les bureaux à aire ouverte, chacun met des écouteurs pour écouter de la musique, non pas les discussions des collègues. Il y a les courriels, qui tombent dans notre boîte à un rythme effréné tout au long de la journée. Etc.
D'où l'idée de dédier un petit espace du bureau à une salle… de silence ! Un endroit insonorisé, à la lumière tamisé, où l'on puisse s'installer tranquillement. Un endroit où être – enfin ! – en paix.
Et ce, le temps qu'on juge nécessaire. Une minute. Cinq minutes. Un quart d'heure. Une heure, pourquoi pas ? Pourvu qu'en en ressortant on se sente bien, le corps détendu, l'esprit calme.
Ayez conscience qu'il ne s'agit pas là de temps perdu, pour ne pas dire improductif. L'idée n'est pas de "glander" aux frais de la princesse. Pas du tout. Elle consiste en vérité à retrouver un état normal, sans stress particulier, afin de pouvoir être en mesure de donner son 110 % au travail par la suite.
Idée #5 – Des salaires établis collectivement
Comment est déterminé le salaire d'un employé ? Classiquement, il est négocié au moment de l'embauche, en fonction de différents critères (grilles salaires, prévisions d'évolution, etc.). Puis, il est rediscuté en fin d'année, en fonction de la performance individuelle de l'employé.
Et si on renversait cette habitude-là… Par exemple, on pourrait imaginer qu'en fin d'année la progression salariale de chaque employé ne résulte pas de sa performance individuelle, mais plutôt de la performance collective de l'équipe dans laquelle il évolue. Mieux, on pourrait imaginer qu'il n'y ait plus d'évaluation individuelle, mais juste une évaluation collective de l'équipe. Allons un peu plus loin dans cette logique, on pourrait très bien considérer que ce ne soit plus le boss qui attribue les hausses salariales des uns et des autres, mais plutôt l'équipe entière qui s'en charge, de manière collective.
Vous avez peut-être un doute quant à la faisabilité d'une telle idée. Eh bien, sachez que nombre d'entreprises fonctionnent d'ores et déjà suivant ce principe. Ou du moins, s'en approchent fortement. Un exemple lumineux… Chez Valve, un studio de jeux vidéo américain, chacun attribue en fin de journée des cœurs aux collègues qui leur ont paru sympathique cette journée-là (pour un service rendu, pour souligner sa bonne humeur, pour son efficacité sur un dossier, etc.). À la fin de chaque trimestre, on fait le calcul des cœurs récoltés par les uns et les autres. Ceux qui en ont le plus reçoivent alors une prime, pas nécessairement sous forme monétaire (places de concert, week-end dans une auberge, etc.).
Voilà. Oui, voilà des idées à contre-courant que peuvent vous permettre de redonner le sourire à tous vos employés, du jour au lendemain.
Bon. J'ai envie d'en ajouter un autre. Une idée qui ne s'adresse pas à vous, le chef d'entreprise ou manager. Mais à Philippe Couillard, le premier ministre du Québec. Rien de moins.
Idée #6 – Récompenser les entreprises où il fait bon travailler
De nos jours, la productivité passe avant tout par le bien-être des employés. (J'ose espérer que je ne vous apprends rien là.) Le problème, c'est que nombre d'employeurs n'en sont pas si convaincus que ça: il semble même que certains considèrent que « plier aux demandes des employés » ne revient qu'à « satisfaire des caprices », un peu comme pour des enfants « trop gâtés ». Du coup, ils n'acceptent de prendre des mesures visant à rendre la vie plus agréable au sein de leur entreprise que du bout des doigts. Pas vrai ?
Dommage ! D'autant plus que nombre d'études (et de mes billets de blogue) montrent sans l'ombre d'un doute qu'un employé heureux, pour ne pas dire épanoui, est toujours un employé productif…
D'où, monsieur le premier ministre, l'idée de créer un véritable incitatif financier à l'attention des entreprises qui se distinguent par leurs mesures managériales bénéfiques pour le bien-être de leurs employés. Un exemple parmi d'autres: un système d'allègement de charges sociales qui récompenserait les entreprises qui se distinguent vraiment en ce sens. Celles qui, disons, font des efforts notables pour chacun des salariés: garderie d'entreprise, conciergerie, flexibilité des horaires de travail, partage des postes de travail, etc.
Idée utopique ? Hum, je suis convaincu du contraire…
En passant, l'écrivain russe Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine a dit dans ses Lettres de province : « Sans utopie, aucune activité véritablement féconde n'est possible ».
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