Qu'on l'apprécie ou pas, nous évoluons tous dans un univers économique compétitif, où les plus performants sont auréolés de gloire et où les moins performants sombrent dans un gouffre sans fond. En conséquence, chacun de nous cherche à être meilleur que les autres, à commencer par ceux que nous considérons comme nos rivaux les plus farouches, ceux qui cherchent à nous faire mordre la poussière pour pouvoir occuper notre pré carré. Et ce faisant, nous ne voyons pas que nous nous fourvoyons en beauté : le meilleur moyen pour être performant n'a jamais été de se mettre en compétition avec autrui, mais de se mettre en compétition avec... soi-même!
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Cela, je l'ai saisi en découvrant un document exceptionnel, à savoir le résumé des conférences du Nordic Business Forum 2015 qui s'est récemment tenu à Helsinki (Finlande), et en particulier celle de Guy Kawasaki. L'ex-évangéliste d'Apple et actuel PDG de Garage Technology Ventures, une firme de capital-risque spécialisée dans les start-ups technologiques, y a en effet présenté 10 trucs ultrasimples visant à permettre à quiconque - employé, équipe, entreprise - d'aller plus vite et plus loin que tout autre. Autrement dit, de clancher la concurrence.
Voici donc, pour vous, la synthèse de ces 10 trucs-là :
1. Prisez le sens, pas l'argent. «Ceux qui parviennent à clancher la concurrence ne sont pas ceux qui roulent pour l'argent, mais ceux dont le travail a un sens profond, a-t-il dit lors de sa conférence. Pourquoi? Parce qu'à la première embûche venue, ceux qui roulent pour l'argent vont faire faux bond aux autres. Ils vont se défiler en quatrième vitesse, voir si l'herbe est plus verte ailleurs. Car ce qui les intéresse, c'est juste leur petit profit personnel. D'où mon conseil lorsque vous embauchez : recrutez la personne qui va triper au sein de votre équipe ou de votre entreprise, pas celle qui affiche des résultats impressionnants partout où elle passe et qui change de boîte tous les deux ans. Prenez ainsi exemple sur Google, pour qui c'est un critère d'embauche primordial.»
2. Adoptez le juste mantra. «Pourquoi votre entreprise existe-t-elle? Et votre équipe? Et le projet sur lequel elle travaille en ce moment? Prenez vraiment le temps de répondre à ces interrogations existentielles, car elles vous permettront d'affiner, si ce n'est de découvrir, le sens de votre travail. Et donc, ce que vous apportez concrètement à votre clientèle, ce qui vous rend séduisant à ses yeux. Prenons le cas de Wendy's, l'une des trois plus grandes chaînes de restauration rapide du monde, avec Subway et McDonald's. Son slogan est 'Quality is our recipe' et l'intitulé de sa mission comporte des termes comme 'leadership', 'innovation' et 'partenariat'. Bref, un message qui veut tout, et donc rien, dire. Comment se fait-il que sa haute-direction en soit arrivée à ce résultat-là? Vraisemblablement parce qu'elle n'a pas dû faire l'exercice du 'Pourquoi' avec tout le sérieux nécessaire.»
3. Projetez-vous dans l'inconnu. «Si vous voulez vraiment distancer la concurrence, il ne faut pas penser au virage dans lequel vous êtes, mais au suivant. Il faut anticiper plus loin que les autres. Et se projeter à fond dans l'inconnu, le moment venu. L'idée n'est donc pas de chercher à faire mieux ce que l'on sait déjà faire, mais à faire du mieux possible ce que l'on n'a encore jamais fait! Pourquoi? Pour vous en faire une idée, songez au business de la glace. Auparavant, on découpait la glace dans les lacs et on la distribuait en carrioles. Puis, on s'est mis à en produire dans des usines et à la distribuer en camions. Et un beau jour est apparu le réfrigérateur, ce qui a rendu obsolète, du jour au lendemain, toutes les façons de faire précédentes.»
4. Jouez aux dés. «Prenez une chance. Tentez ce que les autres n'ont jamais tenté. Comme de fabriquer une tong avec des décapsuleurs recyclés, une clé de voiture intelligente, ou encore une Ford Mustang Shelby GT Sport bridée de telle sorte que le grand enfant à qui vous la prêtez un soir ne puisse pas rouler vite ; à ceci près que ces exemples-là ont déjà été inventés. Bref, foncez vers la nouveauté!»
5. Soyez merdique. «Mettez-vous dans le crâne que les grands bonds en avant n'ont jamais été des bonds parfaits. Car l'innovation ne va pas de paire avec la perfection. À la Silicon Valley, on bricole et on teste, sans cesse. C'est aussi bête que ça. Je me souviens encore des tout premiers ordinateurs d'Apple : c'était un concentré de trucs merdiques, mais des trucs merdiques révolutionnaires. Par conséquent, soyez merdiques, et grâce à ça, révolutionnaires.»
6. Laissez cent fleurs fleurir. «Mao Zedong a dit en 1957 qu'il souhaitait "que cent fleurs fleurissent et que cent écoles de pensée s'expriment afin que que les sciences, les arts et le socialisme puissent s'épanouir en Chine". Il voulait ainsi signifier qu'il encourageait l'émergence d'idées neuves, d'où qu'elles viennent. La réalité l'a peut-être contredit, il n'en reste pas moins vrai que cette approche favorise le succès de toute entreprise audacieuse. Un exemple frappant : Avon. Un jour, le fabricant américain de cosmétiques a réalisé - ô stupeur ! - que sa clientèle n'utilisait pas l'un de ses nouveaux produits comme il l'avait espéré : les gens avaient découvert que sa toute nouvelle crème hydratante était super efficace pour... protéger les enfants des piqures de moustiques! Au lieu de se choquer, Avon en a pris acte, et modifié le branding de son produit en conséquence.»
7. Polarisez l'attention. «Il n'y a rien de pire que l'indifférence des gens lorsqu'on tente quelque chose de nouveau. Ça peut même tuer un projet dans l'oeuf. C'est pourquoi vous devez veiller à ce que votre initiative polarise l'attention de tout le monde, quitte à déclencher l'animosité de certains. Ne cherchez surtout pas à faire l'unanimité, cherchez plutôt à créer des Pour et des Contre, dont la dynamique vous motivera à avancer.»
8. Bossez sans discontinuer. «Le plus dur n'est pas de lancer une révolution, mais de le nourrir. Car elle s'essouffle vite fait, si l'on n'y prête pas garde. C'est pourquoi il faut voir le changement dans la durée, et non pas sous la forme d'une poignée d'étapes successives. Pour clancher la concurrence, il faut donc faire bien attention à améliorer sans cesse le service ou le produit - certes révolutionnaire, mais imparfait - que l'on a lancé. D'ailleurs, pour vous en convaincre, je suis sûr qu'il vous suffira de penser à des expériences vécues, par vous-même ou des personnes que vous connaissez. Vous voyez?»
9. Visez le carré en haut à droite. «Imaginons une grille de quatre carrés. L'axe horizontal correspond à l'unicité d'un nouveau produit ou service; l'axe vertical, à sa valeur ajoutée. Il est clair que l'idéal est que votre projet se retrouve dans le carré en haut à droite, celui des innovations qui sont réellement uniques et à forte valeur ajoutée par rapport à ce qui existe déjà. Sans quoi, vous risquez de vous retrouver dans le carré en bas à droite, où tout le monde se livre à une guerre des prix; ou encore, dans le carré en haut à gauche, où vous brillez par votre stupidité puisque vous évoluez dans un marché qui n'existe pas; ou pis, dans le carré en bas à gauche, auquel je ne souhaite même pas penser. Bref, visez le carré en haut à droite, soyez uniques et pertinents.»
10. Soignez votre pitch. «Ceux qui veulent clancher la concurrence ne parviendront jamais à leur fin s'ils ne sont pas des bons communicateurs. Il leur est impératif de bien communiquer leur idée et la façon dont ils entendent la concrétiser. J'ai pour cela un truc qui, d'après moi, marche à tous les coups : c'est ce que j'appelle "la règle 10-20-30", que j'utilise à chacune de mes présentations. Un maximum de 10 diapositives, une durée maximale de 20 minutes et un maximum de 30 points.»
À cela s'ajoute un onzième truc, et non l'un des moindres :
11. Fuyez les bozos comme la peste. «N'écoutez pas les oiseaux de mauvaise augure, ceux qui sortent à tout bout de champ des affirmations négatives comme 'On l'a déjà tenté', 'Si ça marcherait, on le saurait depuis longtemps' et autres 'Ça coûtera les yeux de la tête'. Car ce ne sont que des bozos, des incompétents de la pire espèce. Si Steve Jobs avait écouté les études qui "montraient" que personne ne voudrait d'un ordinateur à la maison, ou encore que le marché mondial était insuffisant pour faire vivre plus de cinq marques de fabricants d'ordinateurs, il n'aurait jamais créé Apple.»
Voilà. Vous êtes à présent armé pour clancher la concurrence, plus précisément pour vous dépasser au travail dans le cadre d'un projet que vous tenez à coeur. Pour que vous et votre équipe donniez - enfin - votre 100%. Comme vous l'avez constaté par vous-même, l'idée n'est pas de terrasser les autres, mais bel et bien d'oser s'aventurer dans l'inconnu, non pas à l'aveugle, mais en toute confiance.
En passant, l'actrice française Karin Viard a dit dans Les Feux de la rampe : «Il faut oser d'abord, et doser ensuite».
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