Afin d’éviter toute instabilité, le Conseil Royal, cabinet des ministres des rois de France, proclama que le trône ne sera jamais vide, que le pays ne sera jamais sans monarque. Afin d’éviter toute confusion sur la succession, c’est ainsi que, dès la mort du roi, un nouveau roi était sacré avec cette phrase: «Le roi est mort; Vive le roi!»
En entrepreneuriat, nous sommes en train de vivre une situation similaire. Nous naviguons vers une nouvelle ère entrepreneuriale où nous pourrons proclamer haut et fort: L’entrepreneur est mort, Vive l’entrepreneur!
Bien que cette transition ne se fait pas en un battement d'aile, on voit apparaître depuis quelques années un nouveau spécimen: l’entrepreneur humain.
Fini les profits à tout prix, le saccage de nos ressources naturelles, les conditions précaires pour les employés, l’évitement fiscal ou la sous-traitance au Myanmar, l’entrepreneur humain veut avant tout être un partenaire de la société dans laquelle il vit.
Une des phrases qui m’a le plus marqué lors de cette dernière année est une phrase de René Angélil. Il disait souvent que les meilleurs deals étaient ceux où tout le monde était gagnant, ce qui traduit bien l’esprit de l’entrepreneur humain.
Vouloir réussir en améliorant également le sort des personnes qui m’entourent est la première raison pour laquelle j’ai choisi de me lancer en affaires. Je dois vous l’avouer, je ne le savais pas dès le départ, mais j’étais un entrepreneur humain avant d’avoir inventé ce terme plus de 9 ans plus tard dans mon livre «Entrepreneur à l’état PUR».
C’est au fil des années que j’ai réalisé que je ne voulais pas être qu’un entrepreneur qui crée et vend un service ou un produit. Je voulais être plus qu’un «homme d’affaires».
À quoi sert-il de réussir quand tout s’écroule autour de soi? À quoi sert-il d’être heureux professionnellement si on est malheureux personnellement? Ce sont ces questions qui m’ont poussé à vouloir entreprendre de manière différente.
Ma grand-mère m’avait posé une question un jour qui ne s’est jamais effacée de ma mémoire. Elle m’avait demandé si je savais comment s’appelait une carotte biologique dans son temps. J’avais répondu que je ne le savais pas et elle m’avait alors dit, simplement: une carotte. Je rêve du jour où le terme «entrepreneuriat social» disparaîtra pour le seul mot «entrepreneuriat». Que les tous les entrepreneurs soient «sociaux» par défaut.
À la base, l’entrepreneur se lance en affaires afin d’améliorer sa propre situation ainsi que celle des gens qui l’entourent. Depuis quand avons-nous changé de direction afin que celui-ci ne travaille que pour ses propres poches?
Tout comme l’entrepreneuriat n’est pas une cause politique, mais de société, je ne considère pas l’entrepreneur humain comme étant de gauche ou d’idéologie socialiste comme certains le clament. L’entrepreneur humain comprend que les meilleurs deals sont ceux où tout le monde est gagnant. Une personne qui comprend l’importance de la réussite professionnelle, mais aussi personnelle. C’est quelqu’un pour qui redonner n’est pas qu’un acte fiscal.
Un humain qui sera beaucoup plus reconnu pour son héritage social que pour son héritage monétaire.