Nous vivons dans une société où la moindre expression d’un sentiment est considérée comment un signe de faiblesse. Je ne vous mentirai pas, il y a des jours où je me lève avec un mal au cœur, stressé de perdre ce que j’ai bâti depuis près de 10 ans, terrorisé à l’idée de retourner à la case départ. On glorifie souvent l’image que l’on a de l’entrepreneur, mais on garde malheureusement sous silence ce qui lui permet de se surpasser.
Réussir en affaires est un peu comme une drogue. Le sentiment est euphorique, mais la peur que ça cesse est terrifiante. Pas une semaine ne passe sans que je m’aperçoive que derrière tout entrepreneur, peu importe son succès, un doute persiste.
Pourtant, l’image du succès en est une de force et de prise de risques, tout le contraire du doute!
Que ce soit les erreurs du passé, les multiples interrogations du présent ou la peur du futur, le doute pousse l’entrepreneur à être sur ses gardes en permanence. Un sentiment qui mélange toutes sortes d’émotions au quotidien.
Pour certains, le doute est un catalyseur qui leur permet de foncer afin de trouver une solution à leurs interrogations, pour d’autres, l’incertitude du doute les fige dans le temps. Incapables d’avancer, ils perdent leurs moyens et se retrouvent dans une situation qui leur semble sans issue.
J’ai commencé à douter alors que j’étais élève au secondaire. Je n’avais pas les meilleures notes et ça me compliquait la vie. Dieu merci, j’étais doué en sports, ce qui m’a permis de continuer. Malgré mes grands succès sur le terrain, je doutais de tout en permanence.
J’ai réalisé à quel point le doute était puissant quand j’ai lu «Le pouvoir de l’échec» d’Arnaud Granata, l’entrepreneur à la tête d’Infopresse. Dans son livre, il met l’accent sur l’échec en affaires. À travers différents portraits d’entrepreneurs ayant vécu l’échec, il tente de démystifier celui-ci. Le doute y est omniprésent.
Deux portraits m’ont sauté aux yeux. Le premier était celui d’Erik Giasson, qui dirige le studio de yoga Wanderlust, M. Giasson vivait jadis la vie des gens riches et célèbres de Wall Street. Salaire et bonus irréels, train de vie décadent, il menait une vie aussi opulente qu’ostentatoire. Derrière cet écran de fumée se trouvait pourtant un homme rongé par le doute. Après une vingtaine d’années dans le monde des affaires, il a opéré un virage à 180 degrés pour devenir un professeur de yoga.
Le deuxième portrait qui m’a le plus surpris est le mien. J’ai lu ces lignes comme si je découvrais l’histoire pour la première fois. Moi qui doute très souvent pour tout et pour rien, j’ai été surpris par le constat de ce que j’avais accompli. C’est drôle à dire, mais je ne pense pas tous les jours à prendre une pause et à regarder ce que j’ai réussi à bâtir avec mon équipe. Je le ferai plus souvent désormais.
Le doute a permis à Erik Giasson de trouver sa véritable passion, sa raison d’être, et de réussir une réorientation radicale. Quant à moi, j’ai réalisé qu’il était moins un obstacle qu’un moteur.
Pour beaucoup, le doute représente une barrière. J’entends plus souvent les raisons de ne pas se lancer en affaires que celles d’oser plonger. Bien que le doute soit à la base de nos hésitations, je peux confirmer à la suite de ma lecture qu’il est aussi à la base des plus grands de nos succès.