C’est notre vice-président Stéphane Rochefort qui m’a donné l’idée de cette chronique. Nul n’est meilleur que lui pour transformer un échec en une superbe occasion d’affaires.
Comme vous le savez, le monde des affaires est parsemé d’embûches de toutes sortes. Selon moi, les difficultés sont des filtres à l’entrepreneuriat. Seuls ceux qui réussiront à se frayer un chemin à travers les multiples obstacles auront un jour la chance, peut-être, de soulever la coupe.
Malheureusement, pour la majorité des entrepreneurs en devenir, ils prendront l’échec comme le point final de leur parcours. Pour ma part, je préfère voir l’échec, comme je le dis souvent, comme une virgule.
Comme le disait l’ancien président français François Mitterand: «la pire erreur n'est pas dans l'échec, mais dans l'incapacité de dominer l'échec». Pourquoi donner une si grande importance à un événement aussi commun que de se faire dire non ou de ne pas réussir entièrement ce que l’on entreprend?
Étant de nature positive, j’essaie de relativiser l’échec, de ne pas le laisser prendre le dessus de mes émotions entrepreneuriales. Bien sûr, il est catastrophique à vivre. Cependant, tout comme Stéphane, je vois dans tout échec une occasion d’affaires.
On n’a qu’à penser dernièrement à la saga du CSeries de Bombardier. Tous craignaient le pire depuis des mois. L’avenir même de l’avionneur était en jeu. Sans intervention drastique de l’État l’année dernière, un de nos fleurons québécois aurait littéralement pu disparaître. Puis, à la suite d’une multitude d’échecs, du manque criant des ventes, à la «taxe Bombardier» que les Américains ont sauvagement imposée, ils ont été obligés de faire un pacte de survie avec Airbus.
Certains voient cette association comme un échec, je la vois plutôt comme une occasion d’affaires exceptionnelle. Comme m’a souvent dit mon père, mieux vaut avoir 31% d’une entreprise à très fort potentiel que 51% de rien. (Selon la nouvelle entente du CSeries, Airbus détiendra 50,01%, le Gouvernement du Québec 19% et Bombardier, 31%.)
Je ne peux aussi m’empêcher de penser à Walt Disney qui a été renvoyé pour manque de créativité, à J. K. Rowling qui a vu son premier roman, Harry Potter, refusé par 12 maisons d’édition, ou encore à Milton Hershey qui a vu ses trois premières entreprises dans le domaine de la confiserie fermée avant de finalement devenir le roi du chocolat.
La vie est parfois étrange. Bien sûr, le travail est au cœur même de la réussite, mais souvent, il ne suffit pas. Il faut aussi de la chance, des hasards et du flair. On a beau vivre des échecs ici et là, l’important est de garder l’œil bien fixé sur l’objectif final et de ne pas se laisser trop déconcentré.
L’expérience vient jouer un rôle clé. À mes débuts, j’étais terrorisé par l’échec. Après une première expérience désastreuse en affaires, je ne voulais absolument pas revivre ces moments d’angoisse. Puis, au fil des années, plus je prenais confiance en tant qu’entrepreneur, plus j’ai appris à vivre avec la possibilité de l’échec.
Il est irréaliste de se lancer en affaires en espérant ne vivre que des succès. Presque inévitable, l’échec fait partie intégrante de la réalité entrepreneuriale. Cependant, c’est cette fameuse expérience qui me permet aujourd’hui de réaliser que malgré le fait qu’un échec n’est pas agréable à vivre, la vie continue.