Ce qui semblait être une campagne électorale municipale sans aucun artifice il y a à peine 40 jours est devenu, en une soirée, un véritable tremblement de terre.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César. M. Coderre a réussi, en 4 ans à peine, à redonner un certain lustre à Montréal. Après des décennies noires marquées par la corruption, l'incompétence et des problèmes de toutes sortes, il faut avouer qu’il a réussi à remonter la pente habillement et dans certains dossiers, avec brio.
Kid Kodak pour les uns, politicien de carrière pour les autres, M. Coderre ne laissait personne indifférent. Celui qui était promis à battre le record de longévité à la tête de la ville a échoué, quatre petites années après être entré par la grande porte. Aussi vite entré, aussi vite sorti.
Nous sentions depuis quelques semaines le vent tourner. Malgré les appels au secours, les mises en garde et les sorties publiques de personnalités de toutes sortes, il n’y avait rien à faire, l’ouragan Valérie a tout raflé.
Comme quoi l’échec peut être cinglant, les pancartes étant encore sur les poteaux, nous voilà déjà dans la salle d’autopsie ! Bien que l’on puisse spéculer sur les multiples raisons de cette défaite, voici, selon moi, trois d’entre elles.
Prêcher par excès de confiance
Tout bon entrepreneur se sait en perpétuel risque d’obsoléscence. Les succès d’aujourd’hui sont les échecs de demain. Rien n’est plus dangereux que de regarder sa compétition de haut et de croire que la victoire est assurée. S’asseoir sur son bilan passé, quel qu’il soit, est un jeu dangereux. L’électeur, tout comme le client, est à la recherche d’innovation. Oui, c’est important de parler de nos accomplissements, mais ce que l’on veut vraiment entendre est quels seront les prochains. En n’offrant pas de réel plan et pas vraiment de nouvelles idées, M. Coderre a semblé en manque d’imagination face à une adversaire pleine d’idées.
Développer un produit que pour soi
Bien sûr, il est important d’aimer le produit que l’on vend. Quoi de plus convaincant que la passion, que le rêve. Mais attention ! Certains entrepreneurs personnalisent à un point tel leur produit qu’il devient trop niché. Bien que M. Coderre ait pris de bonnes décisions pour la ville, les projets lui tenant particulièrement à cœur ont pris beaucoup trop de place. Que ce soit son obsession pour le baseball ou son acharnement à tenir une course de Formule E, il a lancé un mauvais message aux citoyens. On dirige une ville comme une entreprise: en prenant en considération les intérêts de tous, pas seulement les siens.
La transparence, c'est la clé
Quoi de plus désagréable que d’acheter un produit sans trop avoir d’information sur son origine ou la manière dont il est produit ? Grâce aux modifications de certaines lois, nous connaissons de plus en plus les coulisses des produits que nous consommons. Est-ce réellement un produit biologique ? Est-ce que mon jeans est réellement fait au Canada ou simplement «designer» au Canada puis fait en Chine… En essayant de cacher le fiasco des billets de la Formule E, en restant nébuleux face au financement de l’hypothétique stade de baseball, en refusant de débattre lors de la dernière campagne, le manque de transparence a finalement eu raison de lui.
En politique comme en affaires, comme dirait Jean de La Fontaine, rien ne sert de courir, il faut partir à point. Il y a quatre grandes règles afin d’espérer avoir une chance de réussir. Avoir des accomplissements qui prouvent que l’on peut réussir, être à l’écoute des gens, rester humble malgré le succès et, surtout, avoir un plan de match pour demain !