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MasterCard vient tout juste d'annoncer des bénéfices en hausse de 24% au dernier trimestre. La hausse des dépenses des consommateurs explique la belle tenue de ces résultats. Lorsque l'on pense aux compagnies comme Visa ou MasterCard, on peut difficilement ignorer le fait qu'elles sont constamment la cible des commerçants qui arguent que les frais chargés sont usuraires. On accuse également ces compagnies d'utiliser des tactiques favorisant un monopole. C'est particulièrement le cas avec Visa et MasterCard.
Le coût d'une transaction par carte de crédit s'élève à un peu plus de 2%. Par exemple, lorsqu'un client achète un item à 100$, seulement 98$ seront remis au commerçant. Les 2$ de frais constituent le montant partagé par plusieurs intervenants dans le système de cartes de crédit. Sur ces 2$, seulement environ 20 cents sont gagnés par Visa ou MasterCard. Pourquoi ces dernières empochent-elles si peu? Tout simplement parce que leur fonction est d'assurer l'intégrité et la commercialisation du système. Visa et MasterCard ne prêtent pas d'argent aux consommateurs.
Lorsqu'un client paie 100$ au commerçant, ce dernier demande un remboursement à sa propre banque. Une fois que le montant est payé au commerçant, la banque de celui-ci demande à son tour un remboursement à la banque qui a émis la carte de crédit. Il s'agit donc de la banque du client qui a payé les 100$ en magasin. Cette banque constitue le prêteur final. Elle prend un certain risque, puisque si le client ne rembourse pas le solde de sa carte, elle devra assumer les 100$ de pertes.
Par conséquent, la banque du ''client'' gagne la majorité des frais de 2$ prélevés auprès du commerçant. Un petit pourcentage sert à compenser la banque de ce dernier qui doit servir d'intermédiaire, et un autre petit pourcentage est utilisé pour payer Visa et MasterCard qui assurent le bon fonctionnement du système et qui investissent dans la publicité et le déploiement de leur marque respective.
Or, il n'est pas rare d'entendre les commerçants dire que les frais sont abusifs. L'industrie des cartes de crédits se retrouve donc souvent la cible d'efforts de concertation entre les commerçants et les politiciens. Il est vrai que si un client paie avec sa carte plutôt qu'en argent comptant, le commerçant doit absorber les 2% de frais exigibles. Par contre, le lien qui suit leur donne des alternatives, ce qui laisserait croire que c'est le client qui décide au bout du compte.
Mythes et faits à propos des frais (en anglais)
On y retrouve la mention à l'effet que les commerçants peuvent offrir un rabais aux clients désirant payer en argent comptant ou par chèque. Avec 2% de rabais pour chaque achat comptant, un incitatif efficace est créé afin de favoriser une forme de paiement plutôt qu'une autre. Pour le commerçant, cela ne fait aucune différence. Au départ, la marchandise ou les services peuvent être indexés de 2%. Ainsi, seuls les utilisateurs de la carte débourseraient le plein prix. Alors, où est le problème nous direz-vous?
Nous pensons que certains commerçants s'efforceront d'accepter les cartes de crédit au même prix que l'argent comptant. C'est logique : si un client peut payer avec sa carte sans être pénalisé, il cherchera à effectuer ses achats aux endroits où il peut le faire. Il s'ensuit donc une forte compétition entre les commerçants!
On doit noter que les cartes de crédit avantagent surtout le consommateur qui les utilise sagement. Elles permettent souvent l'accumulation de récompenses, ainsi qu'une utilisation à volonté sans frais. Il en va autrement des cartes de débit où les frais varient normalement avec le nombre de transactions. Qui plus est, la carte de crédit, tout comme la carte de débit, offre une certaine sécurité en ce sens qu'il n'est point nécessaire de transporter d'importantes sommes d'argent sur soi.
Visa et MasterCard sont-elles des prédatrices voraces qui nuisent au marché? Nous pensons que non. Ces compagnies offrent un certain service à leurs détenteurs. Leur succès les a emmenées à s'emparer d'une importante part du marché, et malgré leur imposante taille, c'est le consommateur qui a toujours le dernier mot.
Il est tout à fait vrai que pour certaines industries, comme les stations-service, les marges de profit sur l'essence sont si minces que les frais de transactions grugent tout. Dans un tel contexte, tout commerçant devrait ajuster ses prix en conséquence, et ainsi donner un avantage pécuniaire aux personnes utilisant des modes de paiement moins coûteux. Si certains d'entre eux insistent pour accepter de voir leurs marges de profits disparaître dans les frais de transaction, peut-on blâmer les compagnies de cartes de crédit?