Comme d'habitude, lorsque la Bourse bat en retraite, les pessimistes font preuve de sensationnalisme en ajoutant de l'huile sur le feu. Ils savent trop bien que la moindre chute boursière rend les investisseurs nerveux. Ceux-ci deviennent soudainement plus aptes à écouter leurs propos.
Marc Faber, un analyste en investissement qui discute régulièrement sur les ondes de la chaîne d'actualité boursière CNBC, démontre son pessimisme en prédisant tout d'abord une chute de 20% à 30% dans un futur proche. Cependant, il renchérit en disant qu'il ''souhaite'' une correction de 40%, laissant ainsi sous-entendre que les actions devraient s'effondrer d'un tel pourcentage avant qu'elles ne redeviennent attrayantes. Selon lui, la hausse des marchés a été créée artificiellement par les achats d'actifs de la Fed américaine.
Mais pourquoi les gens accordent-ils tant de crédibilité à ce genre de prédiction, et plus particulièrement, à une personne comme M. Faber?
Il avait prédit le Krach de 1987
Cet illustre commentateur aurait prédit le Krach boursier de 1987. Rappelons-nous que la journée du 19 octobre de cette année historique, le populaire indice Dow Jones avait dégringolé de 22,6%, sapant le moral de bien des investisseurs. C'était également une preuve irréfutable de la grande volatilité de la bourse. Les investisseurs craignent donc de faire face à une perte aussi prononcée en seule journée! Pas étonnant qu'ils restent à l'écoute de ceux qui tentent de les prédire. Éviter de perdre 20% à la bourse, ce n'est pas banal.
La crédibilité de M. Faber fut renforcée par sa prédiction du creux de la bourse durant la crise financière de 2008-2009. Si quelqu'un peut prévoir un krach de 23%, tout en sachant également quand investir au moment d'une crise, il doit sûrement bénéficier d'une inspiration divine!
Malheureusement, personne ne détient le monopole de la vérité sur la direction à court terme de la Bourse. Au début de l'année 2013, M. Faber estima qu'il avait engendré assez de profits. Les années 2010 à 2012 avaient été bonnes, et ce n'était pas le temps de jouer au plus fin en demeurant gourmand. Il déclara :''Je crois que 2013 ne sera pas favorable pour les détenteurs d'actifs. Ma priorité repose maintenant sur la préservation des gains substantiels que j'ai engendrés durant les trois dernières années.''
Comme nous le savons, l'indice américain S&P 500 a connu sa meilleure performance depuis 1997. Si M. Faber considérait que 2010, 2011 et 2012 lui avaient apporté des gains significatifs, comment aurait-il réagi s'il avait bénéficié pleinement de l'année 2013! La performance de cette dernière a été trois fois plus élevée que la moyenne de rendements de 2010 à 2012.
Une belle année de rendements sacrifiée
On ne doit donc pas s'étonner qu'il souhaite maintenant une correction de 40%. Il espère simplement que le bateau repassera. Il en va de même pour plusieurs analystes ou gestionnaires qui jouent le jeu des prédictions. Comme nous le disons souvent, la Bourse peut s'effondrer à tout moment. Toutefois, il ne faut pas se fier aux gourous pour connaître le moment des corrections, ni tenter de se mettre sur les lignes de côté dès la moindre inquiétude. À long terme, personne n'est devenu très riche en agissant ainsi.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com