Combien de fois avons-nous entendu parler des risques économiques qui guettent le Canada? Cinq ans se sont écoulés depuis la fin de la crise, et les pronostics pessimistes ne se sont toujours pas réalisés. Devons-nous en conclure que le pays l'a échappé belle? Un atterrissage en douceur aurait-il eu lieu tel que prédit par certains experts?
Selon Ray Dalio, un gestionnaire de fonds de couverture très respecté, le Canada connaîtra une décennie difficile. Il cite le fait que le pays a bénéficié d'un environnement économique favorable, en termes absolus ainsi que relatifs par rapport aux États-Unis. La situation serait changée aujourd'hui. Le Canada serait devenu un fabricant à coûts élevés, et les producteurs d'énergie vont dorénavant allouer leurs investissements aux pays qui leur sont plus rentables économiquement.
Les commentaires de M. Dalio passent rarement inaperçus dans le milieu de l'investissement, car sa société, Bridgewater Associates, aurait engendré beaucoup d'argent pour ses clients (cliquer ici visionner l'article). Tout comme beaucoup d'autres experts, M. Dalio entrevoit un retour vers la norme pour ce qui est de l'effet levier utilisé dans les ménages canadiens. Pourtant, le temps passe et rien de dramatique ne se produit. Pendant ce temps, des sociétés comme Home Capital Group (HCG-T) et Equitable Group (EQB-T) continuent d'enregistrer des taux de mauvais prêts relativement bas, malgré le fait qu'elles s'adressent à une clientèle qui souvent, ne se qualifie pas auprès des institutions financières traditionnelles. Le Canada sera-t-il épargné, malgré les abus du passé?
Nombreux sont les investisseurs et gestionnaires qui ont tenté de prédire l'effondrement de l'économie canadienne. Afin de tirer profit de ces prédictions, certains se sont lancés dans la vente à découvert des sociétés jugées les plus à risque. Lorsque nous jetons un coup d'oeil aux entreprises oeuvrant dans les prêts aux ménages canadiens, pour ne nommer qu'un exemple, nous constatons que non seulement leurs résultats continuent d'afficher de bonnes performances, mais leurs titres ont également suivi la même tendance. Les temps sont difficiles pour les vendeurs à découvert.
Un futur rose pour le Canada?
Malgré ces récents développements, il serait dangereux d'en arriver à la conclusion que tout ira pour le mieux dans le futur. Nous pensons plutôt que les bas taux d'intérêt exercent une influence remarquable sur le budget des ménages. La moindre baisse apporte un soulagement financier plus significatif qu'auparavant. Par exemple, si vous payez 5% d'intérêt sur une hypothèque, une simple baisse de 0,5% correspond à 10% d'économie sur les intérêts payés. Lorsque les taux atteignaient des niveaux deux fois plus élevés, la même baisse n'apportait pas une aide relative aussi importante. Bien que ces réductions d'intérêt soient parvenues à des niveaux tellement faibles que nous imaginons difficilement comment cela pourrait se poursuivre, le simple fait de les maintenir bas pourrait soutenir l'économie ainsi que les ménages ''endettés'' pendant encore un bout de temps.
Un autre facteur aide également nos familles canadiennes, de façon indirecte : la bonne tenue de l'économie de nos voisins du sud. En effet, comme notre plus important marché en matière d'exportation continue de prendre du mieux depuis le creux de la crise, notre économie bénéficie d'un meilleur environnement financier. En outre, la baisse récente de notre dollar contribue également à nous rendre plus compétitifs sur ce marché. Notons que les importations coûtent maintenant plus cher, ce qui devrait éventuellement exercer une certaine pression à la hausse sur les prix.
M. Dalio est pessimiste sur le marché canadien, et il serait probablement tentant pour le petit investisseur de tenter de bénéficier d'une tendance à labaisse. Mais comme l'a déjà expliqué le célèbre investisseur Warren Buffett, on peut penser que la vente à découvert finit par fonctionner, mais le processus peut être très douloureux. Il s'avère bien plus facile de générer des profits en étant ''long'' (profiter des hausses, plutôt que de la vente à découvert).
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com