La croissance à tout prix, c'est ce souvent auquel on assiste chez les sociétés publiques. Il s'avère particulièrement tentant pour les dirigeants de faire gonfler le chiffre d'affaires, au détriment des profits futurs. Des revenus plus élevés signifient normalement des salaires plus intéressants pour la haute direction. Cette tentation cause de sérieux problèmes dans le secteur de l'assurance, qui est fortement cyclique.
Lorsque les primes pour un même risque plongent, un assureur peut décider de laisser les contrats arriver à maturité sans les renouveler. Ainsi, ses revenus accusent une baisse, mais son exposition au risque est également réduite. Toutefois, afin de conserver ou d'augmenter ses parts de marchés, une société d'assurance aura le réflexe d'accepter d'assumer davantage de risques même si elle est moins bien rémunérée pour le faire.
Actuellement, une certaine hausse des prix peut être observée en assurance aux États-Unis, mais ce n'est pas le cas en réassurance, particulièrement pour les risques reliés aux catastrophes. Lorsque Dame Nature conserve son calme pendant un certain temps, les réassureurs enregistrent des profits élevés. Il se crée alors un surplus de capital qui sera souvent utilisé pour supporter une croissance des primes. Toutefois, cela augmente l'offre globale, occasionnant ainsi une pression à la baisse sur les primes. En 2013, les montants assurés consacrés aux réclamations des catastrophes ont atteint 31G$ américains, comparativement à 56G$ en moyenne pour les dix dernières années.
Un secteur très compétitif et un assureur prudent
Lors de leur récente conférence téléphonique, le chef de la direction de W R Berkley (WRB-N) déclara que le marché de la réassurance demeurait excessivement compétitif. Nous pouvons le constater dans la croissance des primes de la société au premier trimestre. Ses divisions d'assurance primaire ont affiché une croissance de 11,7%, alors que celle en réassurance a fléchi de 8,9%. Contrairement à certains compétiteurs, Berkley se concentre sur les contrats pour lesquels elle estime obtenir une compensation suffisante pour assurer des profits à long terme.
Lorsque l'environnement financier ne lui permet pas de croître de façon satisfaisante, la société évalue différentes alternatives, comme le versement de dividendes et le rachat d'actions. Comme son titre se transige à des prix intéressants depuis quelques années, le rachat fut privilégié. De 2007 à 2012, les revenus ont à peine progressé. Cela démontre une discipline que nous apprécions en tant qu'investisseurs.
Lorsque vous lisez sur l'assurance en général, observez les tendances des prix. Si un secteur subit de fortes pressions à la baisse et que vous dénichez un assureur qui accroît justement ses primes dans ce même secteur, vous devez vous questionner sur sa profitabilité à long terme.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com