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Faites-vous partie des gens qui ne peuvent pas résister à la tentation d'acheter les titres qui deviennent publics? Regrettez-vous de ne pas avoir participé à la sortie en bourse de Google (GOOG-Q) ou de Lululemon Athletica (LLL-T)? Ces deux titres ont respectivement procuré des rendements de plus de 500% et 400% depuis 2004 et 2007. John Heinzl, chroniqueur du Globe and Mail, conseille d'observer les rendements passés de l'ensemble de ces compagnies (voir article). Selon M. Heinzl, les investisseurs n'ont nullement besoin des titres qui s'introduisent en bourse pour s'enrichir (le terme IPO signifie ''initial public offering'', que l'on pourrait traduire en français par ''introduction en bourse'').
Un professeur de finances de l'école Wharton de l'Université de Pennsylvanie a compilé les données de 9000 sorties en bourse s'échelonnant de 1968 à 2003. Il en a conclu que la performance à long terme était inférieure à un indice de compagnies à petite capitalisation. Qui plus est, la volatilité des titres observés surpassait celle de l'indice.
Nous avons discuté du titre LinkedIn Corporation (pour info) la semaine passée (voir blogue). Un des lecteurs a commenté à l'effet que certains investisseurs ont regardé passer la parade avec Netflix, dont le titre fût émis à 15$. Aujourd'hui, il se transige à 272$! Alors, il s'avérait très tentant de parier sur LinkedIn. L'émission de ce dernier s'est déroulée avec un prix initial de 45$...pour les investisseurs institutionnels. Les petits investisseurs ont quant à eux pu acquérir le titre à 84$ lors du premier jour officiel en bourse. Aujourd'hui, LinkdIn se négocie à environ 77$.
Nous ne pouvons pas nous prononcer sur le futur de LinkdIn ou de toute autre compagnie qui exécute sa première offre publique, mais nous pouvons facilement conclure que lorsqu'un titre se transige à un prix trop élevé, l'acheteur assume un risque trop élevé. Et nous connaissons les grands gagnants de ces transactions. Il s'agit des propriétaires initiaux, des courtiers ainsi que des institutions. Ils gagnent à tout coup, peu importe l'issue à long terme.
L'entreprise qui émet les actions détient un grand avantage : elle choisit le moment propice pour effectuer sa sortie. Nous nous souvenons bien de ce qu'un courtier spécialisé dans les offres publiques nous avait dit en 2005, lors de la frénésie des fiducies de revenus. ''Si vous souhaitez démarrer une fiducie de revenus, je vous fais cela en un rien de temps!'' Nous aurions pu rendre public à peu près n'importe quoi, du moment qu'il s'agit d'une fiducie de revenu! Par conséquent, l'entreprise privée qui assiste à une mode qui se prête bien à son entreprise n'aura pas à faire de gros efforts pour rafler le magot. Il sera même facile de convaincre les courtiers et les institutions. Tout le monde y gagne, puisque les courtiers empochent de généreuses commissions, alors que les institutions savent qu'elles pourront se débarrasser du titre facilement auprès des petits investisseurs.
En fait, les sorties publiques constituent tout le contraire de notre approche dans la plupart des cas. Nous tentons toujours de dénicher des titres délaissés, ignorés, mal-aimés. Lorsqu'une compagnie prépare soigneusement son offre publique, elle se présente sous son meilleur jour, et travaille fort pour devenir populaire! C'est tout à fait logique. Quelle compagnie voudrait émettre des actions qui sont sous-évaluées? Bien sûr, on assiste régulièrement à des ventes d'actions à prix ridicules, lorsqu'une entreprise veut procéder à une acquisition et que les dirigeants détiennent un faible pourcentage des actions. Cependant, lors d'une sortie en bourse, seuls les propriétaires seraient pénalisés s'ils ne maximisaient pas le prix puisqu'ils possèdent la majorité des actions. En tant qu'investisseur externe, on doit se poser la question suivante : ''l'entreprise veut-elle se lancer en bourse uniquement pour assurer sa croissance, ou ne s'agit-il pas plutôt d'une belle opportunité pour ses propriétaires de s'enrichir?''
On ne doit pas non plus mettre toutes les entreprises dans le même panier. Cependant, la deuxième partie de notre question s'applique toujours, puisque si les propriétaires savent qu'ils ne peuvent pas obtenir un bon prix en cédant une importante participation dans leur compagnie, ils attendront tout simplement un meilleur moment!