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Tous les investisseurs seront d'accord pour dire qu'il est fort agréable de réussir en bourse. L'enrichissement qui découle de la sélection et de la détention d'un titre quelconque constitue une preuve de succès. Cependant, ce n'est parfois pas le cas. Le facteur ''chance'' joue un certain rôle. Et l'essentiel ici, ce n'est point d'écarter totalement ce fameux facteur, mais plutôt de savoir reconnaître les moments où il a été présent.
Comme le disait si bien Peter Lynch, un auteur et gestionnaire bien connu, ce n'est pas parce qu'un titre monte que c'était une bonne idée de l'acheter. À l'inverse, un titre qui s'effondre ne signifie pas nécessairement que c'était une mauvaise idée de l'acheter. Le titre Mastech Holdings Inc (MHH-A) pourrait servir d'exemple.
Cette petite entreprise fournit du personnel temporaire et permanent dans le domaine de la technologie de l'information ainsi que dans le secteur de la santé. Nous avions acquis des actions à un peu plus de 3$ au cours de l'année 2010. Durant la crise financière, les profits avaient considérablement diminué, puisque les employeurs avait sabré dans leur personnel. Acheter un tel titre signifiait donc un investissement dans la reprise économique. Cependant, les résultats du dernier trimestre nous ont laissés indifférents, alors que ceux-ci ne s'étaient que légèrement améliorés.
En décembre dernier, la direction annonça un rachat d'actions, ce qui propulsa le titre. Probablement influencés par la hausse récente des indices, les investisseurs ont continué de pousser le prix à la hausse, pour finalement lui faire excéder les 5$. Avant cette appréciation, nous hésitions et réfléchissions à savoir si nous devions le vendre pour acquérir un titre plus prometteur. Mais heureusement, la décision a fortement été facilitée par la hausse.
Voilà l'exemple parfait d'un gain chanceux. Nos prévisions de bénéfices ne s'étaient pas réalisées. Nous avons simplement profité des événements. Cette distinction entre les gains mérités et chanceux s'avère cruciale. Si vous ne pouvez pas les reconnaître, vous courrez le risque de tenter de répliquer une situation de chance. Comme la loi de la moyenne finit toujours par s'appliquer, le prochain ''gain chanceux'' recherché pourrait se solder par un échec lamentable.
Un jour, un jeune investisseur de 20 ans nous déclara qu'il avait triplé son argent dans son celi (compte d'épargne libre d'impôts) en à peine un an. Et il ajouta qu'il avait été simplement chanceux, car les titres qu'il détenait ne correspondaient pas aux critères qu'il utilise aujourd'hui pour les sélectionner. Voilà une attitude gagnante! Ses choix de titres étaient concentrés dans des petites entreprises aux profits inexistants ou incertains. Et malgré le succès qui découla d'une telle stratégie, il reconnut qu'il courrait à la catastrophe s'il continuait à investir ainsi.
Malheureusement, bien des gens n'adopteraient pas l'attitude de notre jeune investisseur. Même les gains les plus inusités peuvent se justifier par toutes sortes de raisons, avec un peu d'imagination. Parfois, on va même jusqu'à penser qu'on a découvert une nouvelle méthode d'investissement. C'est un peu comme si un illustre inconnu nous faisait parvenir une enveloppe de 10 000$ par erreur dans notre courrier. Plutôt que de nous considérer très chanceux, nous pourrions conclure que notre boîte à lettre possède des pouvoirs magiques!