Un lecteur nous demande ce que nous pensons de Dacha Strategic Metals. Il s’agit d’une compagnie qui œuvre dans l’acquisition, l’entreposage et la vente de métaux stratégiques. Ces derniers se retrouvent un peu partout sur la planète, mais en quantité souvent insuffisante pour permettre de les extraire avec profits. Le plus gros producteur actuel de ces métaux serait la Chine, à plus de 95% du total. Au 30 juin dernier, Dacha détenait en inventaire pour 102M$ de ces métaux. Ce qui est particulier, c’est que le coût de cet inventaire s’élève à seulement 20,5M$. On peut donc constater que l’augmentation des prix profite beaucoup à l’entreprise.
Or, malgré les quelques 100 millions de dollars en inventaire, le titre se transige à une valeur boursière d’environ 55M$. On peut lire sur le net que la forte demande pour ces métaux pourrait faire grimper davantage leur prix. Un investisseur recherchant avant tout à acheter des actifs à rabais sera probablement attiré par un tel titre. Cependant, en ce qui nous concerne, nous y voyons un feu rouge qui nous ordonne de nous arrêter. La question ne repose point sur les risques liés à ce titre, mais simplement sur notre niveau de connaissance sur cette industrie. Bien qu’à première vue, le potentiel peut sembler intéressant, nous ne serions pas en mesure de justifier les raisons d’un échec le cas échéant.
Un entrepreneur qui opère un commerce quelconque détient normalement assez d’informations sur son entreprise et son secteur pour expliquer les enjeux et les difficultés. Comme il gère son entreprise quotidiennement, il demeure à l’affût de tout indice susceptible de l’aider à améliorer ses affaires. Et lorsque les conditions se détériorent, il a la capacité de citer avec précisions les embûches auxquelles il a dû faire face.
La situation s’avère complètement différente pour un entrepreneur en immobilier qui s’amouracherait d’un titre comme Potash, pour ne nommer qu’un exemple. Vous conviendrez qu’il existe peu de points communs entre l’industrie des fertilisants et le secteur immobilier. Pourtant, nous connaissons bel et bien un entrepreneur prospère en immobilier qui semble très enthousiaste lorsqu’il affirme qu’il détient ce titre pour lequel il pourrait difficilement discuter pendant deux minutes de son industrie ou de ses états financiers. Donc, si son investissement devait s’avérer un fiasco, il ne pourrait pas en expliquer les raisons autrement que par des affirmations comme : « j’aurais dû le vendre avant ».
Respecter son cercle de compétence, c’est s’en tenir aux industries que nous pouvons comprendre, et pour lesquelles nous pensons bénéficier d’un certain avantage par rapport aux autres investisseurs. Nous tentons d’éviter les secteurs pour lesquels nous sommes peu intéressés à approfondir. Warren Buffett avait l’habitude de développer une expertise dans les industries reliées à ses titres. Comme notre temps est limité, nous devons choisir quelques secteurs, et chercher à bien les comprendre. Vaut mieux très bien connaître quelques industries plutôt que d’en savoir un peu sur toutes les industries!
Il existe des situations exceptionnelles. Gencor Industries pourrait figurer parmi les exceptions. Bien que son industrie ne soit pas très complexe, nous en savons bien peu sur la fabrication d’équipements pour l’asphalte. Cependant, le titre se transige à une valeur inférieure à son encaisse. Le bilan de cette entreprise est donc surtout constitué de titres liquides. Il s’agit de la partie que nous comprenons davantage, et le bilan s’avèrerait un bon élément pour réduire les risques d’erreurs si nous souhaitions en être actionnaires. Quant à Dacha, son bilan est principalement composé de son inventaire de métaux stratégiques. Il faut donc s’assurer de bien comprendre cet actif pour en évaluer la situation.
Pour conclure, ce n’est pas la grandeur de votre champ de compétence qui importe, mais plutôt de bien en connaître les limites.