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Une société publique peut récompenser ses actionnaires de plusieurs façons. Elle détient la possibilité de verser un dividende ou de racheter son propre titre sur le marché boursier. De façon plus indirecte, elle peut rechercher la croissance de son titre en réinvestissant judicieusement les profits qu'elle engendre. La plupart des sociétés agissent ainsi en distribuant une partie des profits sous forme de dividendes ou de rachats d'actions.
Or, un investisseur pourrait décider de dépenser les dividendes au fur et à mesure qu'il les reçoit. Quel en serait l'impact? S'avèrerait-il significatif?
Un blogue (voir le blogue, en anglais) a été rédigé à ce sujet. L'auteur, Joshua Kennon, a décortiqué les données relatives au titre de la société Coca-Cola. Il a utilisé l'année 1962 en tant que point de départ, pour le compte de deux individus fictifs, Thomas et James. Le premier n'a pas réinvesti les dividendes, alors que le second a racheté des actions du titre au prix du marché chaque fois qu'on lui versait le moindre montant. Les deux individus ont consacré la somme de 10 000$ chacun. Toutefois, ce montant correspond à la valeur nominale de 1962. En dollars d'aujourd'hui, cet investissement équivaut à 76 000$.
Quarante ans plus tard, Thomas aboutit avec une valeur de 503 000$ en actions de Coca-Cola. Durant toutes ces années, il a bénéficié de différents versements de dividendes pour une valeur de 193 000$, en ajustant chaque dollar à sa valeur réelle actuelle.
Qu'en est-il de James? Le fait de se priver du revenu de dividende lui a apporté beaucoup d'actions additionnelles au cours des ans. Ainsi, son investissement de 76 000$ s'élève maintenant à la coquette somme de 1 750 000$.
On constate assez aisément que le réinvestissement des dividendes peut contribuer à une forte augmentation de la valeur de nos investissements à long terme. Néanmoins, pour un investisseur qui vise principalement l'appréciation de son capital, les dividendes devraient être évalués dans un contexte d'allocation du capital de la part des dirigeants. Si Coca-Cola avait l'occasion de croître plus rapidement, avec un rendement sur son capital équivalant à celui obtenu historiquement, les résultats auraient été peut-être meilleurs que ceux obtenus avec le réinvestissement des dividendes.
La raison réside dans l'évaluation des actions. Supposons tout d'abord que Coca-Cola se transigeait en moyenne à cinq fois sa valeur au livre, avec un rendement plus ou moins constant sur l'équité de 25%. Chaque dollar réinvesti était dilué à raison de 5 pour 1. À l'inverse, un dollar de profit investi par Coca-Cola dans ses opérations créait environ 5 dollars de valeur boursière. Par exemple, si le titre affiche une valeur au livre de 10$, il se transigera à 50$ (ratio 5 pour 1). Si la valeur au livre passe à 11$ suite à l'engendrement d'un dollar de profit, la nouvelle valeur en bourse s'élèvera à 55$. Donc, on peut réaliser rapidement la différence entre ces deux impacts : la réception d'un dividende d'un dollar par action se traduirait plutôt par un montant final de 51$ (50$ pour le titre qui demeure inchangé, et un dollar de dividende).
Bien que dans certains cas, le réinvestissement des profits par la société conduise à une plus grande appréciation du titre, il serait faux de conclure qu'il s'agisse de la meilleure stratégie pour l'investisseur. Une société très rentable peut souffrir d'une croissance trop rapide si elle utilise tous les profits à cette fin. Le versement d'un dividende et le rachat d'action permet en quelque sorte d'étendre les opérations avec plus de prudence.
Dans bien des circonstances, on aura recours au versement d'un dividende simplement pour attirer des investisseurs. C'est pourquoi on doit rester critique envers l'allocation du capital au sein d'une société. Chaque cas présente une situation différente. La façon dont sont utilisés les profits nous amène de précieux indices sur les dirigeants.
En conclusion, il s'avère évident que réinvestir les dividendes contribue significativement à l'enrichissement de l'actionnaire. Toutefois, on peut très bien allouer ces dividendes dans d'autres titres, selon les opportunités qui se présentent à la bourse. Si l'on détient la possibilité de saisir des aubaines au moment où ces liquidités sont versées, les résultats s'avèreront encore plus positifs.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com