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Dans nos blogues précédents, nous avons souvent discuté des vertus de la concentration. À plusieurs reprises, nous avons prôné l'importance de prendre des positions importantes dans nos meilleures idées, afin de créer un impact significatif dans le portefeuille. Toutefois, existe-t-il des situations où la concentration s'avère néfaste et nettement trop risquée?
En général, tout investissement ou opérations financières dont le rendement potentiel est limité alors que le risque est illimité exige une bonne dose de diversification. Nous décrirons ici deux exemples concrets.
Le premier exemple concerne l'industrie bancaire. Une institution financière octroiera un prêt portant intérêt à 5% annuel à un individu qui achète une maison. La banque court le risque de ne pas recevoir les paiements tels que prévus. Elle se retrouverait ainsi avec la maison en guise de garantie. Toutefois, l'entretien de la propriété a peut-être été négligé par l'occupant qui a probablement été à court d'argent pendant un bon bout de temps. Ainsi, la valeur marchande de la maison serait affectée et la banque accuserait une perte significative lors de la revente.
Le risque potentiel atteint un niveau élevé, alors que le gain potentiel reste fixe à 5% par an, peu importe la fiabilité de l'emprunteur. Autrement dit, l'agent qui consent le prêt pourrait avoir une confiance aveugle envers les capacités de remboursement du débiteur. Même s'il est certain à 100% que la solvabilité de ce dernier surpasse tout ce qu'il avait déjà vu auparavant, le mieux qu'il pourra retirer de la transaction demeure les 5% d'intérêts prévus.
Le fait que ce ''5%'' corresponde au meilleur scénario tout autant qu'aux scénarios probables rend la transaction risquée. Certes, on peut tabler sur la faible probabilité d'un défaut de paiement. Il n'en demeure pas moins que l'on assume un risque important par rapport aux gains potentiels.
Afin d'éviter les mauvaises surprises, la banque optera pour une grande diversification. Ainsi, les mauvaises surprises deviennent plutôt des statistiques. Parmi un grand nombre de débiteurs affichant des caractéristiques similaires, elle sait qu'un certain pourcentage d'entre eux cesseront leurs paiements à un moment donné. Toutefois, en réussissant à maintenir un taux de défaut à un niveau raisonnable, on fait en sorte que tous les emprunteurs qui effectuent leurs paiements comme convenu compensent pour les autres.
Notre deuxième exemple repose sur l'évaluation des titres boursiers. Plus un titre se transige à un prix élevé par rapport à la valeur de l'entreprise, moins le gain potentiel sera intéressant. Quant au risque, il augmente de façon inversement proportionnelle. Par conséquent, un investisseur qui bâtit un portefeuille en acquérant des titres pleinement évalués doit recourir à une bonne diversification. Lorsque l'on paie le plein prix pour une société, le moindre revirement négatif pèsera lourd sur l'évaluation. Autrement dit, les mauvaises nouvelles ne sont pas anticipées. Quant au gain potentiel, il s'avèrera moins intéressant, et avec un peu de malchance, les titres gagnants ne compenseront pas pour les titres perdants.
De toute évidence, un investisseur ne cherchera pas consciemment à éviter les titres sous-évalués pour favoriser qui ceux se transigent plus chers. Afin d'éviter cette éventualité, il vaut mieux la plupart du temps investir dans un indice boursier. Ce dernier offre une diversification instantanée à faible coût.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com