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Il s'avère bien difficile pour les épargnants d'obtenir un taux d'intérêt satisfaisant pour leurs économies. La plupart des certificats de placements garantis de 5 ans n'offrent même pas 2% d'intérêts, même en choisissant l'option ''non encaissable avant échéance''.
Il semble que l'environnement financier actuel favorisera les bas taux d'intérêts pendant un certain temps. Alors que cette réalité constitue une mauvaise nouvelle pour les épargnants qui souhaitent bénéficier de taux garantis, elle devrait être interprétée comme étant une opportunité prolongée pour les investisseurs d'utiliser de l'argent à ''loyer modique''.
On pourrait penser que les banques profitent largement des taux ridicules versés sur les dépôts. Par exemple, la banque TD a distribué en moyenne 1,13% sur ses dépôts en 2012. En l'an 2000, ce taux était de 4,6%. Quant à l'argent récolté, nous avons 5,63% pour les prêts personnels en 2012, ainsi que 12% pour les cartes de crédit. Toutefois, une grande part des prêts sont composés de prêts hypothécaires. Ceux-ci n'ont engendré que 3,15%, comparativement à 6,5% en l'an 2000. Notons également qu'une source importante de ses revenus provient des obligations et autres instruments liquides, avec lesquels la banque obtient des taux plus modestes.
Comme on le constate, la banque profite des bas taux d'intérêt d'un côté, mais en fait bénéficier ses clients de l'autre. En effet, la marge nette d'intérêt oscille presque tout le temps autour de 2%. Autrement dit, peu importe le niveau des taux, on vise environ 2% entre ce que l'on charge ou exige d'un côté, et ce que l'on paie de l'autre. Aux États-Unis, ce taux ressemble davantage à 3 ou 4%.
Afin de profiter du faible loyer de l'argent, un investisseur pourrait songer à un emprunt pour fins d'investissement. Bien que les taux demeurent bas pour le moment, on fait face au risque d'un changement soudain. Nous ne prévoyons pas une hausse des taux étant donnée la conjoncture économique actuelle, mais il serait bien imprudent de notre part de prendre pour acquis qu'aucune surprise ne nous attend.
Par conséquent, l'idéal résiderait en un prêt à long terme avec intérêt fixe. Cela demeure nettement plus facile à dire qu'à réaliser. Certaines institutions financières peuvent peut-être offrir quelque chose d'intéressant. Toutefois, dans notre propre entourage, on peut parfois conclure une entente avec une tierce partie. Il peut s'agir d'un membre de la famille. Un solide lien de confiance doit exister entre les deux individus, mais en retour, on économise le 2% de marge que la banque gagne normalement. Ainsi, l'épargnant détient la possibilité d'engendrer un peu plus d'intérêts, alors que l'emprunteur bénéficie d'un meilleur taux ainsi que d'échéances et étalemenst des paiements faits sur mesure.
Nous gardons à l'esprit cependant que ce genre d'entente n'est pas à la portée de tous. Ainsi, on peut être tenté d'utiliser une voie qui semble plus simple : les comptes marges.
Jamais nous ne mettrons les lecteurs suffisamment en garde contre les dangers que représentent ces types de comptes. Un compte marge permet d'emprunter à raison d'un pourcentage préétabli par le courtier. Par exemple, 100 000$ dans un titre tel que Microsoft procure un pouvoir d'emprunt de 70 000$ chez la majorité des courtiers. Or, le danger ne réside pas tant dans le fait que les actions peuvent s'effondrer que dans la possibilité pour le courtier de jouer avec les pourcentages. Ainsi, si votre firme estime que Microsoft est devenu un titre indésirable et risqué, elle peut changer le pouvoir d'emprunt de 70% à 0%, même si vous détenez ''déjà'' le titre.
Par conséquent, un individu bénéficiant d'un pouvoir d'emprunt de 500 000$, et qui désire n'utiliser que 10 000$, pourrait se retrouver avec un appel de marge même si ses titres ne baissaient pas! Autrement dit, un investisseur utilisant un compte marge s'avère vulnérable aux sautes d'humeur de son courtier. Ces ''sautes d'humeur'' surviendront probablement en temps de crise, précisément au moment où tout investisseur n'a pas intérêt à vendre ses titres.
Donc, force est de constater que tirer profits des bas taux actuels pour investir ne constitue pas une mince tâche. Si vous souhaitez néanmoins le faire, évitez le recours aux comptes marges, et tentez de trouver du financement fixe à long terme en vous assurant de pouvoir rencontrer les paiements même dans vos pires scénarios.
P.S.: Attention aux prêts effectués dans des fonds mutuels. En plus des intérêts sur le prêt, vous devez prévoir les frais prélevés dans ces fonds, ce qui complique la tache. Par exemple, si 2,5% de frais sont exigibles dans le fonds et que le prêt comporte un taux de 3%, un rendement minimum de 5,5% s'avèrera nécessaire avant de commencer à dégager un profit.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com