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Les mauvaises nouvelles envahissent les médias : taux de chômage élevé aux États-Unis, crise non réglée en Europe, décote à venir pour la dette américaine, etc. Les investisseurs ont peur et réagissent en conséquence. Ils vendent leurs actions et achètent des obligations du gouvernement américain!
Récapitulons. Les investisseurs craignent que les États-Unis fassent défaut. En réaction à cette épouvantable possibilité, ils achètent des obligations qui ne vaudront plus rien si leur peur se concrétise? Est-ce que les bons du trésor américain seraient perçus comme étant une assurance contre le défaut du pays? Il y a à peine quelques semaines, les bons de 10 ans rapportaient bien au-delà de 3% d'intérêts annuellement. Aujourd'hui, ce rendement s'est effondré à 2,5%, ce qui indique que les investisseurs se sont rués sur ces bons et en ont fait monter le prix!
On peut paniquer parce que la Grèce frôle la faillite et éviter d'acheter ses obligations. On peut également spéculer sur la possibilité que ce pays s'en sorte, et qu'il finisse par repayer sa dette. Un investisseur peut donc acheter des obligations dont le rendement en intérêts est élevé. Il s'avère tout à fait logique de s'attendre à un rendement juteux, puisqu'il devient ainsi proportionnel au risque. Mais que penseriez-vous d'un individu qui serait mort de peur à l'idée de voir la Grèce s'effondrer, et qui au lieu d'éviter ses obligations, ils les achètent à un niveau de rendement ridicule? Accepteriez-vous 5% d'intérêts par année en sachant que vous pourriez perdre tout votre capital?
Certes, les États-Unis ne sont pas la Grèce. Mais il nous est difficile de comprendre la logique derrière l'appréciation des bons du trésor américain, alors que la population craint la décote de leur pays avec tous les problèmes que peut engendrer une telle situation. On pourrait supposer que les investisseurs misent sur l'impression de billets pour éviter tout défaut. Cependant, une telle action engendre de l'inflation, ce qui créerait une perte en capital à court et moyen terme. À long terme, ces investisseurs recevraient leur capital à l'échéance, mais auraient reçu trop peu d'intérêts par rapport à la montée des prix.
On peut également supposer qu'ils tablent plutôt sur la dépression. Mais dans un tel scénario, le défaut de repayer du pays devient encore plus probable! Par conséquent, peu importe le scénario envisagé, tout investisseur devrait paniquer à l'idée de détenir des bons du trésor à long terme. Voilà une bonne raison de paniquer.
À l'inverse, nous ne voyons rien de compromettant à posséder des entreprises qui détiennent d'importantes liquidités, et qui peuvent être acquises à des prix qui incorporent déjà des scénarios noirs. Pourtant, on assiste trop souvent à l'inverse : on vend des titres qui seront peu influencés par la crise de la dette américaine, afin de les remplacer par de la dette américaine pure à 100%! Peut-être qu'un certain cours devrait être prodigué dans les écoles, dès le niveau primaire. On devrait apprendre aux gens qu'une obligation, c'est le nom donné à un instrument de dette qui sert d'emprunt à une corporation ou un pays.
Dans le contexte actuel, il nous est plus facile de comprendre la logique derrière l'achat d'onces d'or pour se protéger, plutôt que d'acquérir un instrument financier qui nous ferait vraiment paniquer si nous le détenions personnellement.