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Dans une récente entrevue accordée à CBS, Barack Obama a discuté de l'évolution de l'économie américaine. Selon lui, il reste encore beaucoup de travail à faire. Le faible prix des maisons et la hausse du coût de l'essence constituent deux grands vents auxquels fait face l'économie. Il en appelle donc aux compagnies pour qu'elles engagent plus de travailleurs! Qu'espère-t-il au juste? Pense-t-il vraiment que les dirigeants d'entreprises entameront une lancée d'embauches par pur patriotisme?
En tant qu'actionnaires, nous nous attendons à ce qu'un dirigeant minimise les coûts de sa compagnie. Pour ce faire, il doit s'assurer que la main-d'oeuvre soit utilisée à bon escient. On pourrait même aller plus loin : annoncer une baisse du nombre d'employés s'avère quelquefois une preuve d'acte responsable. Par exemple, dans la lettre annuelle d'Investors Title Company (ITIC-Q), le président mentionne que l'entreprise s'efforce de contrôler ses coûts en ces temps difficiles. En l'espace d'un an, le nombre d'employés est passé de 197 à 185 pour ceux à temps pleins, et de 19 à 11 pour ceux à temps partiel. Du point de vue d'un actionnaire, on doit souligner ce genre d'initiatives. Si les activités ralentissent et que la rentabilité pâtit, on doit compenser en coupant dans les dépenses.
M. Obama aimerait peut-être bien que les compagnies embauchent sans trop se soucier de l'impact sur la rentabilité. Le taux de chômage représente un risque pour ses prochaines élections. Mais il existe d'autres solutions pour lesquelles lui-même peut contribuer grandement. M. Obama a déjà posé la question aux entreprises, et particulièrement les ''petites'' entreprises, à savoir ce qu'il pouvait faire pour les aider.
La réponse souvent obtenue fût qu'il devait sabrer dans la réglementation. Trop de règles à respecter, trop de papiers à remplir, trop de temps à consacrer à des activités qui ne sont pas rentables! M. Obama a riposté en affirmant qu'il verrait à ce que des améliorations soient apportées. Mais pourquoi n'est-il pas pressé d'agir? Lorsqu'il s'agit d'ajouter des règles contraignantes, son équipe s'avère très efficace! Il suffit de penser aux réformes sur les financières.
La vérité, c'est que bien des électeurs ne sont pas conscients du lien qui existe entre le taux de chômage et la productivité, qui elle est souvent tributaire de l'assouplissement de la réglementation. Toute amélioration de cette productivité est souvent perçue comme étant un avantage pour les mieux nantis. Si on aide les entreprises à être plus efficaces, elles seront plus profitables et les actionnaires rafleront le magot. On voudrait idéalement créer des emplois, mais sans favoriser les méchants actionnaires!
Certains lecteurs pourraient penser que nous prêchons pour notre paroisse. Tout à fait! Toutefois, nous pensons que si les États-Unis ont été si prospères durant plusieurs décennies lors du 20e siècle, c'est parce qu'ils avaient adopté un système dont les deux partis aboutissaient gagnants. Les actionnaires bénéficiaient d'un environnement clément envers les entreprises. Les travailleurs quant à eux ont pu profiter d'emplois beaucoup plus payants que la plupart des pays du monde entier. Cependant, le défi d'Obama consiste à tenter de punir le monde corporatif, puisqu'il a promis à ses électeurs de sévir contre les coupables de la crise. En même temps, il doit favoriser la création d'emploi. Un vrai paradoxe!