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Il y a quelques semaines, un client procéda à l'achat d'un bijou. Lorsqu'arriva le moment de payer, on l'informa qu'il existait un plan d'épargne lui permettant d'amasser le montant nécessaire pour s'offrir le bijou. Afin d'accommoder la clientèle, la bijouterie offrait un service de collecte d'argent qui permettait de cumuler la somme nécessaire pour pouvoir acheter le bijou. Nous tairons le nom de la bijouterie, car nous ne savons pas s'il s'agit d'une pratique répandue.
Dans le but de souligner la Saint-Valentin, on pouvait planifier quelques semaines à l'avance et travailler fort pour économiser. À toutes les semaines, il suffisait de déposer un certain montant à la bijouterie, qui était ensuite probablement versé dans un compte de fiducie en attendant d'atteindre la somme nécessaire.
C'est ainsi que le client s'est vu offrir ce magnifique service afin de l'aider à amasser le montant total de ... 80.00$! ''Certains apportent 10.00$ lorsqu'ils le peuvent'', déclara l'employée en voulant démontrer la souplesse de leur service. ''Qui plus est, on peut commencer à économiser très tôt dans l'année afin d'être prêt pour Noël.''
En tant qu'investisseur et propriétaire d'entreprise, nous applaudissons cette initiative. Le service est fourni gratuitement, et il encourage les clients moins fortunés à épargner ce qu'il faut avant d'acquérir un bien. Qui plus est, les ventes ont dû augmenter suite à l'implantation de cette aide à l'économie, puisque bien des clients aux prises avec un mauvais dossier de crédit ont pu bénéficier d'une façon originale d'acheter un bien sans avoir à utiliser une carte de crédit ou à dresser un budget.
Par contre, en tant que citoyens responsables, nous sommes consternés de constater les piètres choix financiers que certains consommateurs à faibles revenus effectuent. Toute personne qui s'estime incapable de débourser un montant immédiat pour un bijou devrait tout simplement s'abstenir d'en acheter! Ce genre de bien constitue un luxe, et non une nécessité. Or, que penser d'un consommateur qui doit se faire offrir de l'aide pour amasser la ridicule somme de 80$?
Nous n'avons pas de critiques négatives à l'endroit de la bijouterie. Elle cherche à maximiser ses ventes et incite le consommateur à économiser d'abord avant d'acheter. D'ailleurs, si un client quelconque décide d'opter pour cette aide à l'épargne plutôt que d'utiliser sa carte de crédit et de payer des frais d'intérêts par la suite, bravo! Néanmoins, nous y voyons plutôt le symptôme inquiétant d'une société qui vit au jour le jour et qui n'accorde plus d'importance à l'élaboration d'un budget (en faisant les efforts d'économiser soi-même).
Les mois de janvier et février devraient plutôt rappeler à la plupart des gens qu'il faut accorder la priorité à son REER ou du moins, à un fonds d'urgence s'il s'avère inexistant. S'il est difficile pour un individu d'obtenir 80$ pour un bijou, on doit se questionner sur ses choix. Qu'arrivera-t-il s'il perd son travail? Et dans l'éventualité où il s'agirait d'une personne sans emploi, on pourrait se questionner davantage.
Qu'en pensez-vous?