L'année est sur le point de se terminer. Les indices européens, canadiens et américains ont offert d'excellents rendements en 2013. Le populaire indice S&P 500 devrait clôturer l'année 2013 avec un rendement total supérieur à 30%. Rajoutons à cela le bénéfice du taux de change pour les investisseurs canadiens, et on peut deviner facilement que cette année a fait bien des heureux.
Ironiquement, nous entendions parler souvent de correction boursière au début de novembre dernier. Certains experts et gestionnaires de portefeuille semblaient agacés par l'étonnante performance des indices. Une correction s'imposait, afin de calmer les investisseurs euphoriques. Nous avions d'ailleurs écrit un blogue à ce sujet (cliquer ici pour le voir). Par la suite, l'indice S&P 500 a poursuivi sa progression, gagnant 4% ou 5% de plus. Ce rendement additionnel n'impressionnerait pas le plus téméraire des investisseurs, mais il surpasse le rendement annuel actuellement disponible sur les bons du Trésor américain échéant dans 30 ans!
Malheureusement, de tels gains boursiers ne se répèteront point année après année. Alors, comment entrevoir l'année qui vient?
Nous entendrons probablement de plus en plus parler du fameux «tapering», qui réfère à la diminution de l'appui de la Fed pour maintenir les taux d'intérêt à de bas niveaux et pour stimuler l'économie. Chaque fois qu'il est question d'une action en ce sens, les marchés réagissent. Pourtant, si la Fed amenuise ses efforts pour soutenir l'économie, c'est précisément parce celle-ci se comporte plutôt bien. Or, les marchés sont souvent affectés à court terme, et l'on oublie trop facilement la vision à long terme.
Europe et hausse des taux
Personnellement, nous sommes davantage concernés par la situation en Europe. Nous pensons que leurs problèmes sont de nature chronique, et ceux-ci persisteront probablement jusqu'à ce que d'importants changements surviennent. Les gouvernements coupent dans les dépenses, parce qu'ils y sont forcés. Toutefois, le soutien de l'état devrait être remplacé par un plus grand apport par le secteur privé afin de compenser pour le ralentissement économique occasionné par les coupes budgétaires. Comme de nouvelles réglementations ont été implantées, faire des affaires est devenu plus ardu, ce qui n'augure rien de positif pour une reprise durable.
Une possible hausse des taux d'intérêt, particulièrement aux États-Unis, pourrait surprendre plus d'un investisseur. Lorsque nous sélectionnons nos titres, nous prenons l'habitude d'évaluer si une hausse des taux exercera un impact important sur les résultats de l'entreprise sous-jacente. Un investisseur peut éviter d'investir personnellement dans des obligations à long terme, mais s'il investit dans une société qui le fait de façon imprudente, notamment une société financière, il sera indirectement affecté.
Nul besoin de mentionner que nous privilégions les sociétés qui pourraient au contraire bénéficier d'une certaine hausse des taux. Toutefois, nous demeurons réalistes et conservateurs dans nos scénarios, car cette hausse pourrait aussi ne jamais se matérialiser.
Nonobstant toutes ces possibilités (retrait du soutien de la Fed, détérioration de l'économie en Europe ou une hausse des taux d'intérêt), nous pensons que l'investisseur sera davantage servi en portant attention à son propre comportement vis-à-vis les récentes performances de la Bourse, qu'il soit imprégné d'une attitude positive ou négative.
Savoir surveiller son attitude
Nous entrevoyons donc quelques risques non négligeables pour l'investisseur en 2014 :
1) penser que les rendements de 2012 et 2013 constituent le début d'une longue et extraordinaire hausse boursière ;
2) penser que le marché est maintenant dû pour une importante correction, et donc conserver tout son portefeuille dans des instruments financiers à court terme ;
3) penser que les taux d'intérêt n'augmenteront pas, et ainsi se contenter des rendements à long terme qu'offrent les obligations à longue échéance.
Après deux années aussi fastes que 2012 et 2013 à la bourse américaine, un futur retraité pourrait être tenté d'avoir recours à l'effet levier pour rattraper des années d'épargne. À l'inverse, deux bonnes années de rendements sont peut-être suffisantes pour influencer un jeune investisseur canadien à vendre tout son portefeuille, afin d'acquérir des immeubles au Canada, pensant que la Bourse a déjà donné tout ce qu'elle avait à donner. C'est pourquoi parfois, le plus grand risque à surveiller en tant qu'investisseur, c'est notre propre attitude!
Nous en profitons pour vous souhaiter une excellente année 2014!
P.S.: Notre opinion face à l'économie canadienne n'a pas changé en 2013. L'immobilier et l'endettement des ménages représentent toujours des risques importants, selon nous.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com