En septembre dernier, nous avions écrit au sujet du prêteur à court terme ''World Acceptance'' (WRLD-Q). Nous remettions en doute la viabilité de son industrie (cliquer ici pour visionner le blogue). La société World Acceptance offre des prêts de faibles montants pour une courte période de temps, parfois seulement pour quelques mois. Comme l'entreprise peut difficilement rentabiliser ces prêts en chargeant un taux d'intérêt raisonnable, elle a recours à différentes tactiques afin de dégager un profit suffisant pour couvrir ses dépenses d'opérations.
Nous allons utiliser à nouveau un exemple évident pour illustrer la situation. Si vous prêtez 1$ à votre ami, et que vous lui chargez 10% d'intérêt, vous empocherez 10 cents de profits. Le montant s'avère ridicule car la somme prêtée l'est tout autant. Or, pour une personne en difficulté financière, un montant aussi peu élevé que 150$ peut lui permettre de se nourrir à court terme ou d'éviter de se faire évincer de son logement. Une société comme World Acceptance consentira ce genre de prêt, mais comme un intérêt ''raisonnable'' ne suffirait jamais pour couvrir simplement le temps que prennent ses employés pour effectuer un tel prêt, on utilise des stratégies douteuses pour gonfler les intérêts. Par conséquent, on arrive fréquemment à des taux figurant dans les centaines de points de pourcentage.
Une baisse de 20% du titre
Jeudi dernier, le titre de World Acceptance plongea d'environ 20% alors que le Consumer Financial Protection Bureau, un organisme américain protégeant les intérêts des consommateurs, annonça qu'il procèderait à des vérifications auprès de la société afin de déterminer si elle respecte les lois.
En octobre 2013, certains fonds de couvertures faisaient pression auprès des autorités afin que de telles démarches soient entreprises. De toute évidence, ils prêchaient pour leur paroisse, puisqu'ils avaient vendu des actions de World Acceptance à découvert. Ils ont probablement sauté de joie lors de l'annonce de la semaine dernière.
Nous ne pouvons personnellement affirmer si des lois ont été délibérément violées hors de tout doute par World Acceptance. Toutefois, nous pensons qu'un de ces deux événements devraient survenir afin de corriger le problème : soit on bannit l'industrie, soit on éduque le consommateur de façon sérieuse, ce qui conduirait à un résultat similaire à long terme.
Malgré l'annonce de la semaine dernière, on ne peut conclure que d'importants changements surviendront dans cette industrie. Bien que nous estimons que Cash America International Inc, un compétiteur, représentait un cas moins problématique, cette société dût payer un montant de seulement 19M$ aux autorités après l'enquête. Une telle somme ne comptait que pour 6% des profits d'opérations de 2013. Il nous est donc difficile de connaître l'issue du problème pour World Acceptance.
Un commentateur prévoit une catastrophe
Un commentateur du site Seeking Alpha prévoit la fin pour cette société (cliquer ici pour l'article). Selon lui, les autorités pourraient forcer la compagnie à rembourser toutes les commissions perçues sur la vente d'assurance, qui s'avéra très lucrative pour eux au cours des 10 dernières années. Si un tel scénario se produisait, le bilan se retrouverait dans le rouge. Toutefois, cette possibilité semble extrême. Quand des emplois sont en jeu, toutes les possibilités sont de mise. Si les autorités font preuve de clémence, elles font face à de fortes critiques. Si elles démontrent trop de sévérité, elles peuvent mettre la société en péril.
Pour l'investisseur, la difficulté consiste à évaluer l'impact probable de ces menaces, et ainsi estimer si la baisse du prix de l'action que ces problèmes engendrent compense suffisamment pour le risque de réglementation. Notons également qu'il s'avère avantageux de considérer les compétiteurs directs ou indirects. Le prix de leurs titres est souvent affecté par ce genre de tapage médiatique, ce qui crée parfois des aubaines intéressantes.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com