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Nous avons déjà discuté à quelques reprises du pouvoir important des incitatifs. La taxe de vente du Québec sert d'exemple concret. Plus celle-ci est élevée, plus il sera tentant pour le consommateur d'effectuer des transactions qui ne sont pas ''officielles'' s'il peut éviter de payer cette taxe.
À la bourse, les dirigeants sont souvent rémunérés sous forme d'incitatifs. Les options qui leur sont octroyées sont très prisées, car elles alignent apparemment les intérêts des dirigeants (ou employés) à ceux des actionnaires. En effet, si un titre grimpe, l'investisseur s'enrichit. Il apparaît donc logique que toute rémunération liée à la hausse d'un titre sert les intérêts de l'actionnaire.
Ce n'est malheureusement pas tout le temps le cas, et il est donc crucial d'observer les détails de tout arrangement ou compensation liant un dirigeant et une entreprise publique. Étudions le cas de la société Nordic American Tanker Shipping Limited (NAT-N). Il s'agit d'une compagnie de transport par voie maritime. Ce qui la distingue de ses compétiteurs, c'est que son président gère l'entreprise de façon conservatrice. La dette est souvent présente en abondance dans ce secteur, puisque les navires coûtent chers. Cependant, le bilan de cette entreprise constitue une exception.
La stratégie de Nordic est simple. Lorsque l'industrie se porte bien, on engendre de bons profits et l'entreprise verse de généreux dividendes. Lorsque l'industrie se retrouve dans la tourmente, Nordic acquiert des bateaux à bons prix pour accroître sa flotte.
Comme une importante part des profits est distribuée par le biais des dividendes, l'entreprise a régulièrement recours aux émissions d'actions pour financer l'achat de nouveaux bateaux. L'ennui, c'est que chaque fois qu'une émission a lieu, le président se fait octroyer 2% des actions émises.
Quel est le problème avec un tel incitatif? Et bien, plus le nombre d'actions augmente, plus le président s'enrichit. Ce n'est évidemment pas le cas des actionnaires! Qui plus est, comme les dividendes sont élevés lorsque des profits sont générés, il s'avère avantageux pour lui de posséder autant d'actions que possible. Il n'est pas difficile de figurer l'équation suivante dans l'esprit du dirigeant : ''émissions d'actions = plus de dividendes pour moi''!
Ce type d'incitatif n'est pas sans rappeler celui que l'on peut observer fréquemment à la bourse : les acquisitions. La taille d'une entreprise dicte malheureusement l'ampleur des compensations. À l'inverse, le versement de dividendes empêche une certaine forme de croissance. Évidemment, le problème des dividendes peut être contourné si, comme dans le cas de Nordic, un arrangement existe pour récompenser les dirigeants à chaque émission d'actions!
Tous les dirigeants ont des valeurs ou des personnalités différentes. Certains sont honnêtes, d'autres moins. À défaut de les connaître de façon précise, on peut apprendre beaucoup sur leurs motivations uniquement en étudiant les différents incitatifs financiers qui sont à leur disposition.