BLOGUE. Les bourses stagnent à un bas niveau depuis que le spectre d’une deuxième récession américaine apeure de plus en plus les investisseurs. Pendant ce temps, les chicanes et les mésententes se perpétuent au congrès américain. Tout récemment, on annonça que la croissance économique au dernier trimestre fut de 1,3% entre avril et juin 2010, ajustée à l’inflation.
Les États-Unis ne sont donc pas entrés en récession. Cependant, rien n’indique qu’une telle possibilité puisse être écartée pour les prochains trimestres. Et la question que les investisseurs doivent se poser, c’est à savoir si une récession s’avèrerait catastrophique pour les titres boursiers. On ne peut évidemment pas nier qu’un recul du produit national brut signifie un certain recul des revenus des sociétés publiques.
Qui plus est, toute baisse des revenus des sociétés privées affecte également les sociétés publiques, puisque l’on peut prévoir les conséquences d’une telle situation : pertes d’emplois, faillites, baisses des profits, etc. Cependant, l’évaluation boursière de bien des titres reflète déjà un scénario pessimiste. Et pour s’assurer de diminuer l’impact de l’arrivée d’une nouvelle récession, les investisseurs peuvent opter pour des titres dont une importante part des revenus sont produits à l’étranger. Les sociétés Google et MasterCard en sont des exemples : la première engendre 54% de ses revenus à l’extérieur des États-Unis, alors que ce chiffre s’élève à 60% pour MasterCard. Il existe aussi plusieurs sociétés intéressantes dont la majorité des revenus demeurent à l’intérieur du pays. Même dans le secteur bancaire, on peut trouver des titres qui devraient bien performer malgré une récession.
Bank of The Ozarks et Access National ont fait bonne figure lors de la récente récession. La première s’est démarquée par ses acquisitions d’actifs de banques en faillite. À n’en point douter, si une nouvelle récession frappe les États-Unis, d’autres banques devront fermer. Des prêts et des dépôts deviendront donc disponibles pour toute institution désireuse de les acquérir. Bank of the Ozarks s’est avérée très active sur ce plan, et elle a engendré des gains importants ces dernières années grâce à l’achat d’actifs à rabais. Quant à Access National, elle s’est démarquée par son faible taux de mauvais prêts, ainsi que par sa division de création d’hypothèques. Cette division crée des prêts pour ensuite les revendre. Durant la crise, la banque a pu engendrer des profits intéressants grâce à cette division. En cas de nouvelle récession, Access National pourrait imiter Bank of The Ozarks en tentant de prendre de l’expansion par le biais d’acquisition de prêts et dépôts à des conditions avantageuses. En effet, ces deux banques affichent un ratio des « prêts sur l’équité » très conservateur. Par conséquent, elles peuvent aisément augmenter la valeur totale de leurs prêts sans nécessiter une infusion de capital.
Lorsque tout va mal et que les inquiétudes règnent, les capitaux se font rares. Par conséquent, toute société possédant une encaisse généreuse ou un effet levier conservateur (dans le cas des banques) bénéficiera d’un positionnement privilégié pour saisir des opportunités.
En 2006, peu avant la crise, on pouvait difficilement acquérir des titres à prix raisonnables, car ceux-ci n’incorporaient pas de scénario pessimiste dans leur évaluation. Nous assistons à une situation fort différente aujourd’hui. Dans cette optique, en tant qu’investisseur, nous bénéficions d’un meilleur environnement qu’auparavant, malgré l’endettement supérieur des pays développés. Certes, il existera toujours un certain risque à investir à la bourse, mais par une sélection minutieuse de ses titres, on peut considérablement réduire ces risques.
P.S.: Warren Buffett a déclaré ce matin qu'une récession américaine était très improbable. Il est bien placé pour suivre l'évolution de l'économie, car son empire lui permet de la suivre au jour le jour. Cependant, même si une récession devait survenir, un investisseur peut bien faire dans l'environnement actuel.