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Aux États-Unis, le système bancaire diffère beaucoup de celui du côté de la frontière canadienne. Nos voisins du sud sont désservis par plus de 7000 institutions bancaires. Évidemment, certaines banques ne comportent que quelques succursales, et couvrent de petits bassins de population. Toutefois, dans la plupart des endroits aux États-Unis, les citoyens disposent d'un choix plus élaboré que chez nous, au Canada.
Beaucoup de ces banques américaines sont cotées à la bourse, ce qui nous permet d'avoir un aperçu de leur rentabilité. Nous avons donc souvent constaté le faible rendement sur le capital chez un grand nombre de ces institutions, notamment celles affichant une taille plus modeste. Le dernier rapport disponible de la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) nous indique que la moyenne du rendement sur l'équité s'élève à 9,4% (sociétés bancaires publiques et privées). Ce chiffre impressionnera peu lorsqu'on le compare aux rendements dégagés par nos grandes banques canadiennes.
Parmi les petites sociétés bancaires cotées à la bourse, nous voyons régulièrement des rendements sur l'équité oscillant autour de 5%. Pour l'actionnaire, il s'agit de maigres profits par rapport à son capital investi. Pour le client toutefois, ces banques constituent une alternative aux puissantes banques qui formeraient autrement un oligopole.
Afin de faire face aux plus grandes banques qui jouissent de volumes de clients plus élevés, plusieurs de ces petites sociétés ont décidé de se regrouper afin d'offrir un produit qui n'est pas disponible ailleurs. Elles ont ouvert l'offensive en créant un nouveau compte de banque très avantageux pour le consommateur (cliquer pour voir l'article). Ce compte s'appelle ''The Kasasa Checking Account'', et il verse des intérêts atteignant 4% annuellement lorsque les clients respectent certaines conditions. En outre, aucun frais ne serait apparemment chargé pour l'utilisation du compte.
Bref, pour le client, l'avantage de la compétition s'avère indéniable. Si les profits devenaient particulièrement élevés dûs à un climat favorable aux banques, de nouveaux compétiteurs apparaîtraient et se joindraient à la partie dans l'espoir d'obtenir une partie de ces profits. Il se crée ainsi plus d'emplois, et les clients ne sont pas pris en otage par un nombre limité d'institutions. Quant aux investisseurs que nous sommes, un large bassin de banques procure un choix varié. Or, plus de choix se traduit par plus de possibilités de découvrir une aubaine.
Lorsque le choix demeure restreint, toute l'attention de la communauté financière se tourne vers les quelques candidats qui existent. Il devient alors trop souvent futile d'espérer des aubaines. En conclusion, la compétition n'avantage pas que le consommateur : elle offre des opportunités à la bourse.
On pourrait arguer à l'effet qu'une société jouissant d'un monopole engendre un rendement très élevé sur le capital, ce qui bénéficie grandement les actionnaires. Toutefois, dans la majorité des cas, cet avantage sera tôt ou tard reflété dans le prix. Ainsi, il en résulte un titre pleinement évalué, pour lequel la moindre menace de l'effritemment de ce monopole précipitera une chute de ce prix.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com